16/04/2024

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Antoine Folly : de la politique au football, sans fair-play !

Il aurait bien voulu se passer de cette mauvaise publicité, mais il a été rattrapé par son passé trublion et à géométries variables. S’il a pu passer à travers les mailles de la politique politicienne togolaise, il n’a pas cette fois-ci réussi à tirer son épingle du jeu footballistique. Antoine Folly vient d’être victime de sa duplicité et de sa fourberie dans le feuilleton des vrais faux Eperviers qui se sont envolés pour le Bahreïn, même s’il est présumé innocent ou présumé coupable pour l’instant.

Des camouflages déguisés en suspensions

L’ex-entraineur des Eperviers Tchanilé Bana avait déjà écopé de deux ans de suspension en août dernier pour avoir fait jouer une équipe de son centre de formation sous les couleurs du Togo lors d’un tournoi au Caire, en Egypte. Sans l’autorisation préalable du Comité intérimaire de gestion de la Fédération Togolaise de Football. Malgré cette suspension, le quidam récidive : cette fois-ci en alignant, le 7 septembre, une fausse équipe nationale pour jouer un match amical contre la sélection de Bahreïn, à Manama. Match qu’avait remporté cette dernière par le score de 3 buts à 0. Rebelote ! Tchanilé Bana écope d’une suspension de trois ans d’inactivité dans le domaine du sport. C’est la décision annoncée par le Comité intérimaire de la Fédération Togolaise de Football (FTF) le dimanche 19 septembre envers l’ex-entraineur des Eperviers. « Selon les investigations faites, il s’est avéré que l’organisation, la préparation et le suivi du match ont été planifiés par Bana Tchanilé », affirme le Comité intérimaire de la FTF. « Cette nouvelle initiative de M. Tchanilé a été prise sans l’accord, ni l’adhésion du comité intérimaire », précise le texte, signé de son président le Général Séyi Mémène.

Toujours selon le communiqué, « des investigations sont en cours, afin de situer les responsabilités de tous ceux qui sont impliqués dans cette affaire » et le texte précise « que des sanctions subséquentes soient prises en leur encontre ». La Fédération Bahreïni de Football aurait versé 200.000 dollars pour ce match amical FIFA. Une aubaine pour les rapaces aux grandes gueules qui ont investi les couloirs du football togolais. Dans la foulée, suspicions et délation se mêlent aux interrogations et aux menaces.

Antoine Folly s’offre en ridicule dans le Bahreïngate

Cet « ancien spécialiste en informatique » révélé par la Conférence nationale souveraine n’a jamais cessé d’étonner ses amis d’hier. Avec sa voix de femme ratée, il sait s’offrir aux situations intéressantes. Lorsque son protégé d’hier au sein de l’UDS Cornélius Aïdam se faisait débaucher par Edem Kodjo au nom de la Convergence Patriotique Panafricaine (CPP), Antoine Folly lui débarquait valises et malles aux côtés de l’Union des Forces de Changement (UFC) pour soutenir la candidature d’Emmanuel Bob-Akitani en 2005. Par extraordinaire devenu ordinaire en politique togolaise, il se retrouvera par après détenteur d’un portefeuille ministériel. Son passage au gouvernement ne mérite pas qu’on s’y attarde, car beaucoup de Togolais ne s’en souviennent même plus.

Ancien ministre des sports et membre du Comité intérimaire dont le nom revient sans cesse dans cette rocambolesque affaire pour avoir signé certaines correspondances, Antoine Folly soutient que sa signature a été scannée et menace de porter plainte contre X pour faux et usage de faux en écriture. L’homme est connu pour ses entourloupes. La mayonnaise n’a pas pris ! Celui qui a trompé ses amis hier ne peut que tromper ses nouveaux amis d’aujourd’hui. Sa sortie médiatique n’a pas convaincu grand monde, car ses propos s’orientaient plus vers la défense de sa personne plutôt qu’un éclairage sur les dérives et les dysfonctionnements au sein du Comité! Il doit certainement se reprocher quelque chose, et on l’a à l’œil.

Des démissions qui cachent mal un délit bien consommé…

Le Comité Intérimaire de la FTF, mis en place par la FIFA depuis décembre 2009 n’est pas au bout de sa peine. Me Martial Akakpo, avocat de son état et membre du Comité intérimaire en charge des sélections nationales rend sa démission le 18 septembre, et dans un courrier en date du 21 septembre le magistrat Pawélé Sogoyou, également membre, lui emboîte le pas. « Cette démission qui prend effet à compter de ce jour est motivée par les scandales à répétition causés par l’organisation illégale des matchs d’Egypte du 28 juillet au 04 août 2010 et de Bahreïn du 07 septembre 2010 à l’insu du Comité Intérimaire de la Fédération Togolaise de Football », se justifie le juge.
Tchanilé Bana vient ensuite présenter des excuses et accepter sa suspension à travers une conférence de presse. Mais c’en était trop ! Le gouvernement par l’entremise du ministre en charge des sports a senti le canular et ne veut pas en rester là. Le ministre des sports togolais Christophe Tchao saisit son collègue de la Justice pour que toute la lumière soit faite sur l’affaire « Bahreïngate ». Bana Tchanilé et ses complices au sein du Comité intérimaire doivent être démasqués. Les responsabilités au sein du Comité intérimaire de la FTF doivent être situées pour comprendre son mauvais fonctionnement et les souillures qui le polluent.

L’entraîneur Bawa Bako, assitant personnel Mamadou Doucouré d’origine malienne et apparenté au général-président Mèmène, ainsi que l’ex-ministre Antoine Folly sont appréhendés pour les besoins de l’enquête et gardés à la gendarmerie nationale, tandis que Tchanilé Bana a pris la poudre d’escampette et est activement recherché par la gendarmerie. Dans sa cavale, Tchanilé Bana vient de dénoncer Antoine Folly comme le principal rédacteur des correspondances entre les fédérations togolaise et bahreïni. 25.000 dollars pour eux et 500 dollars pour les faux Eperviers. La messe est dite pour « Tony » Folly !

Et c’est dans ce pandémonium que le Comité intérimaire se prépare à organiser le 16 octobre prochain, le congrès électif de l’instance dirigeante du football togolais. D’ores et déjà, le président du Comité intérimaire Séyi Mèmène a saisi la FIFA pour pourvoir au remplacement des membres démissionnaires et autres embrigadés, pendant que le ministre des sports saisit la FIFA pour un report de l’élection.

Par Daniel LAWSON-DRACKEY