19/04/2024

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Bob Akitani: « La seule garantie que nous avons, c’est la mobilisation populaire togolaise »

Propos receuilli par Barthélemy Kouamé

M. le président, que ressentez-vous après votre désignation comme candidat unique de l’opposition ?

Je me sens en pleine forme, et je suis en pleine forme. Je suis fier d’avoir été choisi, d’abord par mon parti, L’UFC (Union des forces de changement, ndlr), à la demande du collectif des six partis de l’opposition démocratique. Et ensuite, je suis fier que ce choix ait été entériné par ce collectif pour représenter l’opposition à l’élection présidentielle qui vient. Je pense que je suis à même de répondre à la volonté de nos responsables politiques. Et surtout à la volonté de l’opinion togolaise.

Selon vous, qu’est-ce qui justifie votre choix par les responsables du collectif ?

Les responsables politiques se sont prononcés sur la base de certains critères que je ne peux pas vous énumérer maintenant. Mais, le dernier fait est que j’étais déjà candidat à l’élection présidentielle de juin 2003. Après toutes les mascarades, le pouvoir m’avait attribué un peu plus de 31%. Mais, nous savons que nos résultats obtenus dans les bureaux de vote nous amènent au chiffre de 54%. C’est un point de repère.

On a pourtant eu l’impression que les choses traînaient ?

Ce n’était qu’une apparence. Le collectif a désigné l’UFC pour fournir un candidat. Et depuis deux semaines, l’UFC a donné le nom du candidat. Mais pour de petites questions internes, le nom n’a pas été annoncé tout de suite à la population, ou à la presse.

Dans un communiqué publié dans la presse locale, il est écrit que « les partis s’engagent à coopérer sur la base d’un accord politique ». Que dit cet accord ?

Cet accord politique, c’est d’être vraiment ensemble. C’est ce qui a manqué cruellement dans le passé. Etre ensemble, comme l’a réclamé l’opinion publique togolaise, pour aller à cette élection dans l’ordre et dans la concorde.

Allez-vous ouvrir une période de transition et gouverner avec tous les partis politiques, y compris le RPT (Rassemblement du peuple togolais, au pouvoir), si vous êtes élu ?

Cela découle de source ; puisque nous voulons être ensemble. La période qui va s’ouvrir devant nous est de fait une transition. Nous serons ensemble pour conduire cette transition. Nous devons être ensemble pour gouverner. Les problèmes togolais sont d’une certaine ampleur, c’est une crise très profonde. Le pays étant en ruine, il faut que nous nous entendions effectivement, sur un minimum d’accord, pour résoudre les problèmes les plus cruciaux au départ.

Allez-vous, par exemple faire modifier la Constitution pour que d’autres personnalités, notamment Gilchrist Olympio, soient candidates à l’élection qui va suivre celle de cette année ?

Cela va de soi aussi. Parce que nous nous sommes conduits jusqu’ici de façon très mauvaise. L’actuelle Constitution qu’on nous impose n’est pas du tout du goût du peuple. Il y avait une Constitution consensuelle, adoptée par référendum, à plus de 95% en octobre 1992. Je ne dis pas qu’on doit absolument revenir à ce texte. Mais, nous devons impérativement aménager une Constitution fiable, pour éviter toute exclusion. L’exclusion est une aberration, une idiotie même. Il y a les élections législatives qui vont suivre.

M. Bob Akitani, que proposez-vous concrètement aux Togolais ?

Le Togolais est très malheureux en ce moment. Depuis quarante ans, le Togolais subit une dictature des plus féroces. A l’extérieur, on ne peut pas imaginer ce que le citoyen togolais subit comme violation des droits de l’homme, comme brimades, comme injustice. Le Togolais est dans une misère indescriptible. D’entrée de jeu, nous devons susciter l’espoir qu’une équipe est venue pour travailler pour le peuple, pour travailler contre la corruption, qui a gangrené ce pays pendant longtemps. Il faut donner l’espoir aux Togolais que l’heure est venue pour bâtir un Togo nouveau, pour le bien-être de tous et de chacun.

Votre pays s’est engagé dans la résolution de la crise ivoirienne, en accueillant les premières discussions. Vous êtes également un pays pourvoyeur de troupes militaires, au niveau des Nations unies en Côte d’Ivoire. Comment allez-vous gérer la crise ivoirienne, si vous êtes élu ?

La crise ivoirienne est aussi une crise africaine qui interpelle tout Africain. Heureusement, je crois que le Président Mbéki de l’Afrique du Sud, à qui la Communauté africaine a confié le soin de travailler à la solution de cette crise, devrait revenir en Côte d’Ivoire pour rencontrer les uns et les autres, avec des propositions concrètes. Nous souhaitons très vivement que les propositions du président Mbéki soient acceptables pour toutes les parties. Je crois qu’avec un peu de bonne volonté de part et d’autre, pour éviter l’exclusion qui est une véritable plaie pour l’Afrique, on peut résoudre la crise ivoirienne.

Vous avez 74 ans. Et votre adversaire le plus coriace en a 39. Quel commentaire faites-vous de cette différence d’âge ?

J’ai l’avantage de la sagesse. C’est énorme. Comme je l’ai dit à un journaliste Européen, je suis prêt à le rencontrer dans un face- à- face télévisé.

Etes-vous prêt à accepter les résultats, si vous étiez battu ?

Nous allons à des élections que nous voulons libres et surtout transparentes, avec l’attention de l’opinion togolaise, africaine et internationale. Si ces élections sont libres et transparentes, nous ne voyons pas pourquoi nous ne les accepterons pas. Nous travaillons pour que ces élections soient libres et transparentes. Ça donnerait la chance à tout Togolais d’évoluer.

Quelles garanties avez-vous pour que ces élections soient libres et transparentes ?

La seule garantie que nous avons, c’est la mobilisation populaire togolaise. C’est au peuple d’arracher sa victoire. Je crois que le peuple qui nous a poussé à nous unir pour présenter un candidat unique de l’opposition saura défendre sa victoire, parce que nous sommes sûr de gagner.

Que dites-vous des mouvements de contestation du choix porté sur votre personne ?

Il faut que jeunesse se fasse. Mais la NDP ne représente rien (…) Nous allons à des élections où c’est la voix du citoyen qui compte. Je peux vous dire que mon parti, l’UFC, a prouvé à l’opinion qu’il a des gens derrière lui. Il y a des électeurs qui ont montré qu’ils sont avec ce parti. Je ne sais pas si la NDP a dix personnes derrière elle.

Barthélemy Kouamé – Fraternité Matin (Abidjan)