28/03/2024

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Café Informatique au bord du gouffre

Café Informatique SA, la société par laquelle Internet est arrivé au Togo risque de mettre la clé sous le paillasson. En cessation de paiement depuis 10 mois, c’est une descente aux enfers pour ce fleuron de l’Informatique et des télécommunications au Togo. Le mardi 5 novembre 2002, le Directeur général M. Yawo Jean-Marie Noagbodji a réuni tout le personnel et l’a sommé de faire une démission collective avant le 8 novembre pour qu’il puisse sauver ce qui peut l’être. Dans le cas contraire, il entamerait une procédure de licenciement de tout le personnel.

Personne n’a démissionné; les employés menacent plutôt de recourir à leurs avocats et de se faire payer leurs droits « jusqu’au dernier franc ». Ils ne comprennent pas « l’ingratitude » de leur patron malgré les sacrifices qu’ils ont consentis pour relever la société. Ils n’ont jamais entamé de grève depuis janvier 2002, date à la quelle l’entreprise a cessé de verser leurs salaires.

Les ennuis de Café ont commencé il y a deux ou trois ans, à l ‘arrivée et la montée en flèche des concurrents comme BETEIR, TRS, TECHNO SYS, I SERVICES. La plupart de ces entreprises sont dirigées par d’anciens cadres de Café Informatique qui connaissent parfaitement les faiblesses de notre géant de l’informatique. De nombreux cabinets d’experts ont attiré l’attention des dirigeants de Café sur la chute éventuelle de l’entreprise, mais en vain. Le DG Jean-marie Noagbodji se croyait intouchable. « Il se prend pour un demi-dieu » a noté un de ses employés.

Pour endiguer la chute de son entreprise et consolider sa place de leader, la société a engagé de lourds investissements dans la téléphonie sur Internet. Des centaines de millions furent investis dans le projet Phœnix et le lancement de son produit phare Yom-La. Ce projet n’a pu aboutir; car Togotelecom, grand concurrent de Café et majoritairement contrôlé par l’Etat togolais, lui a, de manière déloyale, refusé l’accès au réseau téléphonique. Togotélécom, fournisseur télécoms unique au Togo, devait connecter Café sur l’international via le 807 07 07, mais a refusé de le faire pour éviter une chute de son chiffre d’affaire sur la téléphonie fixe. Café informatique qui avait engagé à grand frais des compagnes publicitaires, se retrouve aujourd’hui avec un stock de matériels sur les bras et des fournisseurs aux abois. L’entreprise a perdu sa crédibilité auprès de ses clients locaux.

Mais selon nos enquêtes, c’est surtout le système de gestion de M. Noagbodji qui est la source de la ruine de l’entreprise. Il a brisé les ailes de cette affaire florissante en refusant de rompre avec son organisation archaïque, en y imposant ses neveux, oncles, nièces et beaux-frères qui ont conduit l’entreprise à la faillite. Ironie de l’histoire : les employés qui ne cessaient de dénoncer ce népotisme doivent, aujourd’hui, payer les pots cassés.

La rédaction