28/03/2024

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Déclaration du MO5 sur le dialogue

Un journaliste Togolais du nom de Don Ray, écrivait dans le Journal « Lettre de la nation » de septembre 1992 ce qui suit: «Chaque fois que le Peuple togolais angoissé par la fin d’un processus démocratique qui tarde à venir, voit ses dirigeants se prêter au jeu des caméras avec de larges sourires, il en déduit que c’est une lueur d’espoir qui naît. Que de lueurs d’espoir n’avons- nous pas vu au Togo depuis la Conférence nationale souveraine?»

Le Mouvement Patriotique du 5 Octobre a le sentiment que ce 11ieme dialogue sans garantie aucune, comme à l’accoutumée, risque de nous conduire à nouveau à un marché de dupes. Il souhaite vivement que les résultats de ces assises et ses différentes mises en œuvre démentissent sa perception des choses.

Depuis les massacres des élections présidentielles de 2005 au Togo, l’espérance pour la réconciliation nationale et la démocratie s’éloignent de ce pays, et nombreux sont ces Togolais, ces Africains, du continent et de la diaspora, qui pensent que désormais il faut chasser les tenants du pouvoir à Lomé par les armes.

En confisquant le pouvoir par un hold-up électoral suivi de violences à outrance, de tueries massives, poussant ainsi une bonne partie de nos populations à l’exil, Faure Gnassingbe venait de commettre le énième crime crapuleux au Togo. Il venait de bloquer, à l’instar de son défunt père, l’avancée de tout un peuple assoiffé de liberté et de démocratie. Peut-on maintenant faire confiance à ce Monsieur? À lui de porter le fardeau de la preuve. En réalité, le vrai peuple togolais ne cherche plus un dialogue avec des criminels. Il lance un cri de cœur alarmant et demande purement et simplement que soit balayé du pouvoir ce qu’il est convenu d’appeler comme l’autre, cette «Racaille».

Malheureusement, d’autres Togolais, et pas des moindres, ont d’autres points de vue que nous respectons en bon démocrates, quand bien même ce ne sont pas les nôtres; ils pensent que Faure Gnassingbe et sa jeune équipe veulent faire du neuf et qu’il faut donner au coureur la chance d’exécuter son plan d’ouverture. La politique est de la futurologie, dit-on souvent. Seulement, question: est-il de l’intérêt du nouveau «chef de l’État» de vouloir continuer par obscurcir l’horizon des Togolais et d’exposer le pays à la violence des exilés politiques? Est-il dans son intérêt de continuer à mépriser la volonté populaire?

Le Mouvement patriotique du 5 octobre (MO5) est vivement préoccupé par cet énième dialogue et fait siennes les recommandations suivantes au vu de tout ce qui précède:

* Que le dialogue ne soit pas un marché de dupes car le peuple est vigilant et observe. Il a à l’œil et les initiateurs et les différents participants. L’immixtion à nouveau des observateurs de la CEDEAO nous scandalise et nous inquiète à plus d’un titre pour des raisons que vous connaissez. Ils nous ont déjà mordus.

* Le dialogue doit trouver à tout prix une garantie en ce qui concerne l’application réelle des décisions prises. Il est vrai que le nœud gordien réside dans la volonté politique du pouvoir à s’ouvrir aux mécanismes démocratiques du monde moderne, mais, on ne peut pas faire confiance aveugle à des gens qui ont montré dans un passé récent, qu’ils n’ont que comme outil du jeu politique, du matériel de guerre, des armes de destruction massive. Si ce n’est pas un jeu de cachette, la désignation du médiateur, bien qu’elle soit accessoire, doit se faire ici et maintenant et non après un blocage suicidaire pour la continuité

* Les conclusions de ce dialogue doivent servir les intérêts et préoccupations légitimes des populations togolaises

* L’épineuse question des réfugiés, ceux de 1993 et ceux de 2005, et de leur retour au bercail doit être étudié avec minutie et encadré par des dispositions juridiques permettant à ces Togolais chassés de leur pays par le CLAN GNASSINGBE de retourner en toute quiétude vivre chez eux sur la terre de nos aïeux.

* Le dialogue doit sérieusement prendre en compte la question de l’impunité qui encourage la réédition des crimes au Togo

* Enfin, en ce qui concerne l’armée du clan, nous disons bien l’armée et non seulement les forces de sécurité, il est impérieux que cette armée soit réformée et servent les intérêts du pays et non plus ceux d’un clan comme cela se passe aujourd’hui; il faudra baliser le chemin en initiant des réformes qui vont aboutir à une armée nationale et non plus tribale et régionaliste comme c’est le cas actuellement au pays.

La liberté de tout un peuple ne peut se négocier, elle doit s’arracher et le pouvoir militaire ou les hommes issus de la dictature du défunt Général qui cherche à la confisquer de nouveau devront être combattu par tous les hommes épris de paix et de justice.

Fait à Bruxelles, le 27 avril 2006.
Eloi Koussawo, Coordinateur Général du MO5