24/04/2024

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Edem Kodjo, le « courage » de la compromission !

Le président national de la Convergence patriotique panafricaine (CPP) sera dans la soute à bagages de l’avion qui amènera la délégation du gouvernement togolais à Bruxelles…Un communiqué du comité directeur de son parti, publié le 8 avril dernier, confirme la rumeur qui circulait depuis quelques jours : Edem Kodjo est cette fois décidé à avancer à visage découvert sur les sentiers sinueux de la compromission, la main dans la main avec un pouvoir en quête de béquilles.

Par Franck EKON

« Ne comptez pas sur moi pour dire du mal du Président [Eyadéma->https://www.letogolais.com/article.html?nid=19] », lançait Edem Kodjo à Paris, il y a quelques jours lors de la présentation de son roman « au commencement était le glaive ». Et comme pour permettre à un auditoire perplexe de jauger la teneur de ces propos, une série de remarques laudatives sur la médiation menée par le général Eyadéma dans la crise ivoirienne, accompagne la sentence. Une façon comme une autre d’inaugurer un nouveau chapitre de la « real politik » version Edem Kodjo et peut-être de sonner d’une manière toute particulière la fin d’un « retrait momentané » de la scène politique togolaise.
Reçu par le Président Eyadéma le 7 avril dernier, Edem Kodjo a accepté d’accompagner la délégation du gouvernement à Bruxelles dans le cadre des consultations qui doivent normalement commencer le 14 avril prochain à propos de l’embargo imposé depuis 1993 au Togo pour « déficit démocratique ».

« Le chef de l’Etat a proposé que M. Kodjo puisse participer à cette rencontre(…) M. Kodjo a accepté cette invitation dans le but de créer un contact direct entre la classe politique togolaise et l’Union européenne », explique le Comité directeur de la CCP dans un communiqué. Au-delà de la levée de bouclier que ne manquera pas de provoquer cette approche au sein de la famille de l’opposition, le geste de l’ancien Secrétaire général de l’OUA, c’est bel et bien la question de son actuel statut dans la classe politique togolaise qui retrouve toute son intensité ces derniers temps. Déjà plombée par une tenace réputation de maillon faible de l’opposition, la côte de popularité du leader de la CPP, aura, de toute évidence du mal à se remettre des lourdes conséquences de ce que certains considèrent dans les milieux politiques togolais, comme « un ralliement pur et simple ».

Les consultations qui doivent commencer mi-avril, étaient censées se dérouler, conformément à l’article 96 de l’accord de Cotonou, entre le gouvernement togolais et une équipe de représentants de l’Union européenne. Il s’agit essentiellement pour Bruxelles de se pencher sur l’argumentaire des envoyés du général Eyadéma qui, ces derniers temps, demandent à cor et à cris la levée des sanctions décidées en 1993 à la suite des violences ayant accompagné le processus de démocratisation au Togo. A cette étape des discussions, c’est au gouvernement togolais qu’il revient de démontrer que les conditions de démocratie, de respect des droits de l’homme et de liberté d’expression, entre autres, ont connu des évolutions suffisantes pour permettre une réévaluation de la position Européenne sur le pays. A l’issue de cette première concertation entre les experts de l’Union Européenne et les envoyés d’Eyadéma, des discussions plus élargies impliqueront les autres composantes de la classe politique togolaise et la société civile en vue de la détermination d’un cadre éventuel de dialogue entre les togolais eux-mêmes sous l’égide de Bruxelles.

«C’est justement à ce niveau que naît l’embarras suscité par le comportement d’Edem Kodjo : Le fait d’avoir « accepté » de faire partie de la cavalerie des autorités de Lomé 2, surtout au moment où des voix se font entendre de part d’autres pour l’élaboration d’une plate-forme commune de l’opposition, apparaît nettement comme annonciateur d’une entourloupe», estime Edoh, membre d’une association togolaise proche de l’opposition à Paris. De là à reconvoquer le souvenir des accointances contre-nature entre le général Eyadéma et M. Kodjo, surtout en 1994, il n’y a qu’un pas : en mars 1994, en dépit de ses 7 députés, celui qui était alors président de l’Union togolaise pour la démocratie (UTD) se fit nommer chef du gouvernement à la stupéfaction de toute la classe politique du pays. Le Comité d’action pour le renouveau (CAR) de Me Yawovi Agboyibo, avec 36 députés s’est vu coiffer sur le poteau, victime de la flagrante convergence d’intérêts entre le « roi » (surnom de M. Kodjo) et le camp présidentiel.

Et ce ne sont pas les rumeurs de plus en plus insistantes, faisant état d’un prochain retour d’Edem Kodjo aux affaires, à la faveur d’un gouvernement de cohabitation, qui arrangeront les indices de popularité. Surtout dans un pays comme le Togo où les rumeurs ont la fâcheuse tendance à se confirmer très rapidement. « La CPP est persuadée que cette consultation constitue un tournant décisif dans la recherche des solutions de la crise togolaise et qu’elle a un rôle à y jouer », conclut laconiquement le communiqué du parti sans aucune autre précision sur le sens d’une proximité réactivée avec une dictature sans nom.
Les dirigeants de ce parti ont vraisemblablement une vision bien arrêtée des choses, puisque la stratégie adoptée récemment est celle d’une compromission ostentatoire axée sur une batterie de salamalecs vis-àvis de Lomé 2. Sans vraiment constituer une surprise, ce redéploiement de la méthodologie du « parti-charnière » n’en représente pas moins une déception pour ceux qui espéraient que les mésaventures antérieures de M. Edem Kodjo avec ses alliés circonstanciels auraient un effet bénéfique sur le personnage. Peine perdue donc….

La rédaction Letogolais.com

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