25/04/2024

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Eyadéma et sa permanente peur d’un coup d’Etat

Plusieurs autres histoires à dormir debout, créées de toutes pièces par son fils aîné le colonel Ernest, s’en suivront et aboutiront à mon limogeage. Je perds ainsi mon poste de CEMAT sans motif dès le 15 décembre 1999 et suis envoyé au Ministère de la défense et des Anciens Combattants où je n’avais pas de fonction précise sauf que, de temps à autre, le Général Tidjani me faisait rédiger des fiches.

J’étais devenu indésirable et diabolisé à outrance par le PR et son fils aîné et leurs relais (le Général Tidjani, le Lieutenant-colonel Laoukpessi et essentiellement des officiers originaires de Pya). Il fut rigoureusement interdit à tout militaire de m’approcher. Je comprenais ainsi que désormais ma vie allait se dérouler dans une ambiance de suspicion très marquée et de solitude.

Pourtant un autre fait ressurgit le 17 avril 2001 où le PR lui-même et le Colonel Laoukpessi, grand chef de la gendarmerie et des renseignements, mettent en jeu une figure sombre, un certain Sama Bertin basé en Allemagne et totalement inconnu de moi. Ils lui ont même remis mon numéro de cellulaire 904 43 40, actuellement entre les main du colonel Ernest.

Il a donc suffit à ce sinistre monsieur de rentrer en contact téléphonique puis civique avec moi pour que le PR et son colonel Laoukpessi déclenchent un scénario pour conclure une fois de plus que je suis en train de préparer un coup d’Etat avec Gilchrist. Ils prétendaient que la liaison entre nous deux était assuré par leur triste célèbre Sama Bertin.

Or je dois dire que jusqu’au jour d’aujourd’hui, je n’ai vu Gilchrist qu’en images, dans les journaux ou à la télévision. Le PR m’arrêta et me remis à son fils, à Kara, pour incarcération dans une cellule spéciale, en attendant le moment favorable pour faire de ma vie ce qui leur plairait.

Pour justifier l’incarcération, j’ai dû signer successivement deux punitions. La première, de 60 jours d’arrêt de forteresse, m’accusait d’intelligence avec l’ennemi, de détention d’armes pour faire un coup de force en tuant le PR et certains collaborateurs. Le Colonel Laoukpessi avait remis trois pistolets à Sama Bertin qui devait soutenir qu’ils lui ont été remis par mes soins. On refusa même de me dire quelle était enfin l’origine des trois pistolets.

Face à ces accusations fantaisistes, j’ai fait un émargement très compromettant pour le PR parce que non seulement je ne reconnais pas les faits qui m’étaient reprochés, mais encore parlant d’armes, le PR m’en avait fait garder appartenant à feu Dinkubahi Ganesh, dit « Japonnais », pour qui nous entraînions 300 hommes au centre commando de Kpewa.

L’entraînement était assuré sous la responsabilité du colonel Ernest. Voulant se rendre à Kpéwa, le 26 mars 1996, pour visiter ses hommes, Japonais meurt dans un accident de route à l’entrée de Sokodé (voir archives de la gendarmerie). Voyant apparaître le nom « Japonais », le PR ordonna de changer les termes de la punition et, ainsi, le motif mua en 60 jours d’arrêt de rigueur pour faute grave.

A la fin des 60 jours et toujours à la recherche de mobiles pour me faire du mal, le PR a tenté de m’imputer les crimes politiques commis par le RPT et sa milice. Je lui ai dit en présence de trois officiers témoins, les colonels Laoukpessi, Béleyi et Nabiyou, que j’étais prêt à répondre devant les juridictions et que je demande que le dossier y soit envoyé. Finalement le Bon Dieu lui-même, dans sa miséricorde, intervint et je fus ainsi libéré contre leur volonté.

Par la suite le PR a tenté, par le biais de frères et de cousins en manque de courage, totalement noyés dans une peur inouïe et qui ont perdu toute capacité de réflexion leur permettant de voir la vérité, de jeter l’anathème sur mon épouse dont ils réclamèrent la répudiation.

Ne sachant au fond de moi pour quelle faute éconduire cette dernière, j’ai tout simplement répondu par une publication de bans de mariage. Confondu, le PR décida de m’exclure de l’armée pour une durée de 6 mois avec résidence exclusive à Pya. A la fin des 6 mois, je fis introduire une demande de réintégration dans l’armée, dès décembre 2001.

Et c’était sans surprise pour moi que survint, le 1er mars 2002, un autre fait en présence du colonel Béleyi, DG du port autonome de Lomé : le PR, après m’avoir signifié sa décision de me renvoyer définitivement de l’armée, me propose (condition pour qu’il me reprenne dans l’armée) d’aller à Pya, accompagné du colonel Béréna, devant un certain féticheur acquis à sa cause pour y boire des potions, ce qui rassurerait le PR qui a beaucoup de doutes sur moi et témoignerait de ma part qu’aucune mauvaise idée n’habite en moi contre sa personne.

Le 17 avril 2002, le colonel Béréna se présente et je convie à la rencontre mes parents, côtés père et mère, ce qui est très réglementaire dans ce genre de démarche. Choqué par cette assistance, le colonel exigea d’en rendre compte au PR car, dit – il, on ne lui a pas dit qu’il y aurait des gens avec moi. Informé, le PR rejeta la procédure pour intimer l’ordre au colonel de replier immédiatement sur Lomé. C’est ainsi qu’il ne revint plus vers nous sauf que, plus tard, il avait téléphoné.

Il restait à savoir ce qui d’extraordinaire allait se passer à Tchamdè, chez Tanang le féticheur et qu’il était nécessaire de cacher à mes parents. C’était dès lors acquis et consommé que non seulement je n’étais plus et ne reviendrais plus dans l’armée, mais aussi que le PR et son fils aîné s’activaient à trouver des voies et moyens pour m’ôter la vie.

En fait le PR ne peut pas guérir de la phobie du coup d’état, sinon pourquoi pour une peccadille il n’hésite pas et ordonne à son fils de m’éliminer physiquement ? De quoi s’agit il en réalité ? Le Caporal Awi, du 2e RI Adidogomé, aurait fait parvenir un compte-rendu pour dire au PR qu’un coup d’état était prêt pour en finir avec lui. Ce qui l’aurait déterminé à envoyer son fils Ernest tirer sur moi à profusion, dans un climat de paix, et à procéder à des arrestations désordonnées et arbitraires, surtout de militaires.

Dans le courant du mois d’Avril 2003, en effet, j’ai eu à m’entretenir avec ce caporal pour lui dire ce que j’estime être des réalités, des vérités que je n’ai envie de cacher à personne et que je suis prêt à reprendre devant le PR et n’importe qui. Je lui ai dit en substance :

 « Le PR, depuis deux ans m’a mis à la porte de l’armée et ne veut plus me reprendre. Dès lors que je suis libre de refaire ma vie comme je l’entends et au regard des élections à venir, je voterai pour un autre candidat ; peut-être pourrait s’ouvrir pour moi quelque espoir de travailler à nouveau.

Mais j’ai l’appréhension que certain candidat originaire du Nord pourrait être inquiété pendant la campagne et qu’on lui empêcherait l’accès à certaines régions. Et si c’était vraiment le cas, je pense qu’eux les militaires qui sont envoyés pour ces missions secrètes devraient revoir leur position car les actes qu’ils poseront ainsi les engagent devant le monde et devant Dieu et ils en porteront la responsabilité toute leur vie.

Est-il normal d’ailleurs qu’un candidat du Nord soit inquiété en faveur d’un autre du Nord ? Est-il pensable que cela puisse se faire à l’encontre du candidat du RPT par exemple ? Mon avis est que les militaires devront pourvoir équitablement à chacun et demeurer neutres.

Il peut s’agir aussi d’inquiéter un candidat lors de la proclamation des résultats si on pense que ce dernier serait gagnant, histoire de semer quelques troubles sous le couvert desquels on ferait en sorte que cette victoire déjà visible par tous n’aboutisse pas. Face à une telle situation mon avis est encore que l’armée doit pourvoir équitablement à chaque candidat.

Et s’il s’agit enfin d’un vol flagrant de victoire, l’armée doit non seulement éviter de s’impliquer et de favoriser ce vol, mais encore ne pas rester muette ; chaque unité pourrait ainsi réagir à l’intérieur de sa caserne pour marquer sa désapprobation et amener de cette manière le PR à une position sage et acceptée par tous. »

J’ai discuté seul avec Awi, sans témoin. Evitons donc l’amalgame intentionnel car il n’a jamais été question d’un quelconque coup d’état dont personne ( sauf ceux qui veulent y voir quelque chose) ne comprendrait le sens en fin d’un mandat et en période électorale.

Par conséquent tous les militaires arrêtés injustement et torturés par le commandant Yark (car suspectés seulement d’être en bonne relation avec moi ou que je leur aurais téléphoné, ce qui n’a aucun sens) doivent donc être relâchés sans conditions, car jusque-là j’estime qu’il ne s’agit que de la pure méchanceté ou d’un règlement de compte aveugle et inutile.

Par ailleurs, je reconnais aussi que, par l’intermédiaire d’un ami, j’ai contacté le Capitaine Kemence pour le cas d’un sous officier que j’ai voulu envoyer à Tchamba, chez lui, où les mois de Mai et Juin sont propices au labour des champs. Depuis mon départ de l’armée, je me suis converti à l’agriculture et je vis des fruits des labours ; et comme c’est la première fois que je me rends à Tchamba, j’ai voulu qu’il soit mon facilitateur.

Alors le Capitaine Kemence m’avait bel et bien dit qu’il irait négocier directement avec le chef de corps de l’élément pour moi ; je ne m’étais pas opposé à la démarche proposée. Celle-ci aurait été probablement faite et on trouve qu’il s’agit d’un coup d’état. Je veux bien, mais je n’arrive pas à comprendre comment tout s’est mué en coup d’état. Et si c’était vraiment le cas, la logique voudrait que le Commandant Kadanga soit aussi impliqué!

Quel mauvais sort plane sur moi et qui me rend objet permanent de stupides harcèlements de la part du PR et son fils aîné, le colonel Ernest ? Depuis fin 98 jusqu’à ce jour ils n’ont pas cessé de me harceler, de me menacer par toutes les voies possibles pour motif de vouloir le renverser et, à chaque fois, avec une farouche détermination de mettre fin à mes jours.

Puis arrive la date du 5 mai, date de victoire d’Ernest, le père ayant pris le 13 janvier. J’étais en séjour à Pya. Lors d’une sortie, pendant la nuit du 5 mai 2003, au niveau d’une maison inachevée et inhabitée, construite par Ernest, des hommes en civil armés étaient embusqués.

A mon arrivée à leur niveau, ils surgissent de l’ombre avec des lampes-torches et m’arrêtent. Je m’annonce, ils me demandent de garer et de descendre. A la question de savoir pour quelle raison, ils me répètent de descendre car c’est moi qu’ils attendent.

J’ai alors refusé d’obtempérer et un, parmi eux, rétorque en disant : si tu démarres, on fera feu. Alors je leur ai dit : il n’y a pas de problème à cela, car je préfère que vous me tuiez chez moi ici. J’ai alors démarré, en engageant la marche arrière dans le noir, tous feux éteints.

Et comme ils ne voyaient pas grand chose ils ont tiré vainement. A 200 m plus loin d’eux j’ai trouvé moyen d’abandonner la voiture pour me retrouver, dès lors, en présence de la Vierge Marie qui seule peut dire le mystère suite auquel je suis arrivé ici où je me trouve actuellement.

Je tiens à faire connaître qu’à maintes reprises, j’ai eu à assurer et à rassurer dans les langues et langages de toutes sortes pour dire au PR, en présence de témoins, que je ne trouve aucun intérêt à attenter à sa vie. Mais convaincu de ce qu’il vit comme fantasmes, il n’a jamais considéré mes serments et s’obstine avec insistance à croire autre chose.

Alors je ne sais pas si le PR a un don particulier qui lui permet de lire dans la conscience des autres. Or, lui aussi ayant sa conscience, je me demande qui lit dans la sienne.

Et qu’y a-t-il au fond dans la conscience de ceux qui nous voilent volontairement la vérité et la réalité des faits et qui, prétendant lire dans celle des autres, leur prêtent des intentions mensongères et liées à leurs propres fantasmes ?

Comme on le dit, qui veut noyer son chien l’accuse de rage. Mais aujourd’hui je veux que le peuple togolais, le monde entier et l’histoire jugent ce cas de harcèlement, de poursuite soutenue déclenchée dans le cadre d’un combat mobile d’usure, mené contre un officier qu’on cherche coûte que coûte à abattre.

Car le PR lui-même se plaît à dire : cette fois-ci il faut en finir avec lui. Que le PR dise donc ce qu’a fait Bitenewe.

Lieutenant Colonel BITINEWE
Ancien Chef d’Etat Major de L’Armée de Terre