25/04/2024

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Hommage à Albert Ahlonko Bruce

Il était né pour propager l’esprit d’Ablodé
Membre fondateur du RNDP

Nombreux sont ceux qui ont déjà rendu un vibrant hommage à Albert après son décès accidentel survenu dans la nuit du 26 au 27 juillet 2003. Il m’a paru nécessaire à mon tour de faire son éloge en tant qu’ami et membre du même parti, le RNDP.

Comme beaucoup d’enfants dont les parents défendirent la cause nationale, Albert, né le 15 novembre 1941 à Aného, fut mêlé très tôt à la lutte d’indépendance. Il était porteur de messages verbaux et il distribuait des journaux et des tracts de l’époque. Il participa à de nombreux meetings anticoloniaux.

Il quitta le Togo après la proclamation de l’indépendance pour s’installer à Niamey (Niger) où il travailla quelques années à l’Ambassade des États-Unis d’Amérique. Il fut très affecté par le putsch terroriste au cours duquel le Président Sylvanus Olympio fut lâchement assassiné le 13 janvier 1963.

Albert savait déjà que les nobles idéaux que véhiculait l’esprit d’Ablodé seraient compromis et qu’il faudrait recommencer la lutte pour libérer à nouveau la terre de nos aïeux.

Il s’installa en 1966 à Paris où il créa plusieurs sociétés dans le secteur du bâtiment. C’est dans cette ville que je fis sa connaissance en juillet 1977 au cours d’un voyage en France. Je remarquai tout de suite sa franchise, sa sincérité, sa simplicité, son attachement à la tradition et sa détermination à faire revivre Ablodé au Togo où ce mot était proscrit. Dès lors, l’esprit d’Ablodé nous unit.

Un triste événement contre lequel Albert allait apprendre à se battre courageusement jusqu’à sa mort se produisit en 1980, alors qu’il passait ses vacances au Togo. L’hypertension artérielle dont il souffrait se compliqua soudainement et lui provoqua le blocage des reins. Seule son évacuation d’extême urgence à Paris lui sauva la vie. Il fut admis à l’Hôpital Tenon.

Dès qu’il alla mieux, il fonda, en 1990, l’association euro-africaine d’entraide aux hémodialysés pour permettre à des Africains ayant les mêmes problèmes de santé, d’avoir accès au matériel et aux produits de dialyse.

Malgré sa maladie, Albert ne donnait pas l’impression de souffrir. Mieux, il allait jeter toutes ses forces dans la lutte pour la démocratie afin de permettre au peuple togolais de recouvrer sa liberté, sa dignité et d’être pénétré par l’esprit d’Ablodé.

Après mon installation fin décembre 1989 à Colmar (France), je repris contact avec Albert. Notre amitié se renforça considérablement. Avec quelques autres amis du Mouvement Togolais pour la Démocratie (MTD), nous ressucitâmes ce mouvement qui était mis en sommeil. Albert en devint le trésorier. Il prit activement part à la table ronde organisée à Paris, en mars 1991, par le MTD. Il représenta ce mouvement avec d’autres militants au Comité Togolais de Résistance jusqu’à ce que le MTD intégrât l’Union des Forces de Changement (UFC) lors de sa création.

Le 28 avril 1998, Albert, certains amis et moi-même fondâmes le Rassemblement National pour la Démocratie et le Panafricanisme. Il participa activement à l’élaboration des différents textes de ce parti. Il fut chargé de la Cellule Information et Propagande.

Malgré la progression de son mal et la gestion de sa société « Mami Wata » qui lui prenait de plus en plus de temps, il continua avec beaucoup de courage, la lutte de libération nationale jusqu’au 26 juillet 2003, jour de son terrible accident.

Albert était né bon. C’était un autodidacte qui s’est aussi attaché à son développement psycho-spirituel. Sa quête spirituelle forgea en lui une force intérieure prodigieuse qu’il utilisa pour surmonter sa maladie et mener la lutte contre la dictature.

Il était généreux, reconnaissant et fidèle dans ses amitiés. Il aimait rendre service. Il aimait rire, plaisanter et savait mettre la joie là où il y avait de la tristesse.Il aimait vivre et jouir de l’instant présent. Il avait le don de rassembler et permettait ainsi à tous ceux qui gravitaient autour de lui de se fréquenter.

Albert savait reconnaître intuitivement les faux opposants des vrais et n’appréciait guère ceux qui croyaient avoir la science politique infuse. Ses coups de « gueule » que certains relevaient, provenaient parfois de sa susceptibilité.

Albert aimait la liberté, voulait la liberté pour chacun et pour tous et défendait ses idées avec passion. C’est la raison pour laquelle il se battait avec fougue pour faire triompher l’esprit d’Ablodé au Togo.

Aujourd’hui, mon ami Albert n’est plus! Sa dépouille mortelle repose en paix dans sa ville natale depuis le 15 août. Il laisse un combat inachevé que tous les partisans d’Ablodé devront continuer jusqu’à la victoire totale.

Son décès est une grande perte pour sa famille, pour ses amis, pour son parti et pour toutes les forces démocratiques, car Albert était un grand homme.

Tous les sympathisants et tous les militants du RNDP et moi-même saluons respecteusement la mémoire de notre camarade de lutte et nous nous associons à la profonde douleur de sa famille et principalement de ses enfants Sarah, Parsifal, Leonardo et Raphaël, et de leurs mères.

Que la Terre de nos aïeux lui soit légère!

Ablodé!
Ablodé!
Ablodé gbadza!

Colmar, le 20 août 2003
Pour le RNDP
Le Secrétaire Général
Dr Ati Antoine Randolph

RASSEMBLEMENT NATIONAL POUR LA DÉMOCRATIE ET LE PANAFRICANISME (RNDP)
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