11/12/2023

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Isolé diplomatiquement, le Togo reste silencieux

LOME (AFP) – 21/02/2005 09h39 – Sanctionné par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Togo, malgré la promesse du président investi Faure Gnassingbé d’organiser une élection présidentielle, est de plus en plus isolé et n’avait pas réagi dimanche aux sanctions de ses pairs africains.

La communauté internationale a condamné dans son ensemble la prise de pouvoir par M. Gnassingbé qui a été désigné pour lui succeder avec le soutien de l’armée à son père, le général Gnassingbé Eyadéma décédé le 5 février. La CEDEAO exige depuis le décès de M. Eyadéma le respect de la Constitution togolaise qui prévoyait un intérim du président de l’Assemblée nationale, Fambaré Natchaba Ouattara, actuellement réfugié au Bénin.

Vendredi soir le nouvel homme fort du Togo avait semblé lâcher du lest, promettant d’organiser une élection présidentielle dans le délai constitutionnel prévu de 60 jours, ce qui n’a pas suffi à satisfaire la communauté internationale, qui demande toujours son départ. Les pays occidentaux se sont alignés derrière la position de la CEDEAO (15 pays), en pointe sur le dossier de la crise de succession au Togo, qui a décidé samedi d’imposer des sanctions à ce petit pays d’Afrique de l’ouest.

L’organisation a suspendu le Togo, imposé une interdiction de voyager aux dirigeants togolais et va rappeler ses ambassadeurs à Lomé. Washington lui a immédiatement emboîté le pas, adoptant un ton très ferme et appelant M. Gnassingbé à « démissionner immédiatement ». La Commission européenne a également réclamé dimanche le « retour sans délai à l’ordre constitutionnel » estimant que le maintien au pouvoir de Faure Gnassingbé était « en violation de l’ordre constitutionnel et légal ».

Dernière prise de position en date, celle de Paris, très discret jusqu’à présent et vivement attaquée par l’opposition togolaise notamment pour son soutien indéfectible à M. Eyadéma pendant les 38 années de son règne sans partage sur le Togo.

Le ministère français des Affaires a demandé dimanche le « retour à la pleine légalité constitutionnelle » et la tenue d’élections libres et démocratiques. Paris n’a pas catégoriquement et explicitement réclamé la démission du président investi, mais « déplore cependant qu’il n’ait pas encore été possible d’apporter une solution dans le plein respect de la Constitution, à la question de la dévolution du pouvoir présidentiel intérimaire ».

Autre voix plus conciliante, africaine celle-là, le président sud-africain Thabo Mbeki, qui avait dénoncé « une mascarade anticonstitutionnelle », avait accueilli « favorablement » samedi l’annonce de l’organisation d’une élection présidentielle. Dimanche le régime togolais n’avait pas encore fait connaître sa réaction aux sanctions.

Toutefois, cette mobilisation internationale, qui conduit à la mise au ban du Togo, ne semble pas gêner particulièrement M. Gnassingbé et l’entourage qu’il a hérité de son père. « On ne s’est jamais posé la question d’être isolé ou pas. Mais la pression internationale, bon, chacun a son appréciation. Mais nous nous en sortons bien par rapport à ce qui se passe dans certains pays », a estimé le président investi dans une première interview accordée samedi à un groupe de journalistes, avant l’annonce des sanctions ouest-africaines.

Pour lui l’objectif est au contraire de démontrer à la communauté internationale que « nous sommes capables de préserver la paix, la sécurité, mais aussi aller de l’avant: justice, liberté, développement économique. C’est ça le plus important et c’est comme ça que nous comptons convaincre les gens ».