25/04/2024

Les actualités et informations générales sur le Togo

Jacques Chirac et les Togolais: le dernier rempart de la Françafrique

Le malheur des uns, fait le bonheur des autres dit on, plus la françafrique s’enfoncera, mieux l’Afrique émergera. Le parrain françafricain est de nouveau dans la tourmente, que se passe t-il à l’Elysée ? Fin de règne en queue de poisson ? La justice se prononcera quoi qu’il en soit, mais le ciel gaulois est déjà orageux avec ce nouveau scandale. L’affaire « Clearstream » vient d’atteindre les plus hauts sommets de l’Etat, l’Elysée et l’Hôtel Matignon sont de nouveau dans la crise quelques semaines seulement après le Contrat Première Embauche marquée par la détermination des jeunes et des syndicats.

Le mal infligé au peuple Togolais, est-il devenu le malheur qui poursuit l’exécutif en France ? Les fantômes Togolais habitent ils désormais le palais de l’Elysée ? Est-ce vrai que les fantômes n’aiment que les châteaux, mieux encore les palais ? Ce qui n’est pas possible en France devient une logique naturelle en Afrique, ce vieux pensif françafricain, relevant de la démagogie pure n’est pas acceptable et encore moins, lorsqu’il reflète l’analyse politique des plus hauts dirigeants de l’Hexagone.

Le 5 février 2005, tandis que le monde entier était resté indifférent à l’annonce de la mort du Général-dictateur Eyadéma, le Président Chirac déclarait que « la France a perdu un ami, lui-même perdait un ami personnel ». En connaissance de cause, et du mal que ce dictateur représentait aux yeux des Africains, c’est la désolation, les Togolais étaient blessés, époustouflés, abasourdis par ces propos pour le moins humiliants et injurieux.

Ainsi, Vincent Hugeux écrit dans L’Express du 14 février 2005 : « il y a dans la fidélité chiraquienne aux despotes à bout de souffle, un mélange de cynisme, de nostalgie, de cécité et de paternalisme….. Jacques Chirac a promptement rendu hommage au disparu, cet « ami de la France » ». Article intitulé : Paris et le syndrome Togolais.
L’auteur poursuit : « Le Togo ? Un pays méconnu qui produit du phosphate et des dictatures héréditaires. Le mépris du droit s’y transmet de père en fils. On croyait avoir tout vu. Mais l’accession au trône présidentiel de Faure Gnassingbé, coopté par une clique d’officiers dès l’annonce du décès de Gnassingbé Eyadéma, laisse pantois. Rien ne manque à la mascarade. Ni le charcutage constitutionnel, ni l’éviction piteuse du président de l’Assemblée, régent légal, ni l’adoubement servile d’un Parlement à la botte ».

Ainsi, au moment où toutes les diplomaties occidentales condamnaient le coup d’Etat militaire, « l’ami personnel » du dictateur, fin joueur et fin connaisseur du colin-maillard, s’abritait derrière l’Union africaine et la CEDEAO, dans les termes suivant :« Paris exige le strict respect de la constitution, et la tenue rapide d’élections libres. Pudeur bien tardive » conclut Vincent Hugeux.

Trois semaines après l’élection présidentielle du 24 avril 2005, entachée de violences et de fraudes, les arrestations se poursuivaient, ainsi, Patrick de Saint-Exupéry écrivait dans le Figaro du 14-15 mai 2005 à propos de l’attitude officielle de la France : « la diplomatie française est dans le collimateur du Parlement Européen. Dans une résolution d’une rare fermeté, les eurodéputés n’ont pas hésité à mettre en cause l’attitude observée par Paris au lendemain du scrutin présidentiel du 24 avril, un scrutin marqué par de nombreuses violences et irrégularités. Pour les députés de Strasbourg qui n’y vont pas par quatre chemins, – les conditions dans lesquelles sont déroulées l’élection du 24 avril (…) ne permettent pas de reconnaître la légitimité des autorités issues de ce scrutin……..la pique à l’attention de Paris est évidente. Au lendemain du scrutin, la diplomatie française était montée au créneau pour souligner – les conditions globalement satisfaisantes – dans lesquelles avaient eu lieu les opérations de vote. Mais elle dépasse le seul Quai d’Orsay pour toucher également l’Elysée qui, voici une semaine, a adressé au vainqueur du scrutin, le fils du Général Eyadéma, ses – félicitations – accompagnées – des vœux de pleins succès – La France est le seul pays occidental à s’être autant impliqué, au risque du parti pris, dans la crise togolaise ».

Par contre, écrit Philippe Bernard dans le journal Le Monde du 14 mai 2005 : « l’Allemagne s’en est bien gardée, préférant – exprimer ses doutes concernant le déroulement des élections – du 24 avril qui ont porté Faure Gnassingbé à la présidence du Togo. La commission de Bruxelles en a sobrement – pris note – car, le parlement européen affirmait qu’elle ne pouvait pas reconnaître la légitimité de M. Gnassingbé. La République fédérale n’a jamais caché son hostilité à un régime considéré par Jacques Chirac comme un ami de la France…… » Article intitulé : Paris et Berlin font des analyses contradictoires de la crise au Togo. Pour conclure son papier Philippe Bernard ajoutait : « Alors que l’Allemagne n’a pas caché son scepticisme à l’égard de l’élection du 24 avril, et sa réprobation à travers des interventions de l’armée, la France analyse comme – un moindre mal – l’arrivée au pouvoir à Lomé du fils Eyadéma ».

En revanche, nous ne pouvons que nous féliciter de l’échec de la françafrique au sujet des dernières élections présidentielles remportées par Yayi Boni. Au-delà du succès incontestable d’un homme sans appareil politique, candidat indépendant venant de la société civile, c’est bien évidemment la victoire du peuple béninois et celle de la démocratie qui ont fait échec à la françafrique, qui naturellement soutient toujours un candidat préféré. Ainsi, notait Monique Maas, journaliste RFI dans son article du 7 mars 2006 intitulé : Le jeu trouble de Kérékou, « Malgré quelques irrégularités constatées ici et là, le scrutin a été jugé globalement correct. Mais le président de la République adopte une posture d’opposant inconsolable pour accuser pêle-mêle, et on ne sait précisément qui, de fraudes massives ». On peut bien craindre le passage de la françafrique faisant changer les couleurs du « caméléon » pour quelle fin ?

La françafrique dont les dents sont longues et bien aiguisées, comme un vampire, trainent partout en Afrique à la recherche des intérêts obscurs et pour y arriver, se donne les moyens énormes pour défaire le peu que les Africains arrivent à bâtir. Au lendemain du coup d’Etat militaire du 5 février 2005, le président Obassanjo dont on ne doutait de la sincérité qui l’animait au début de notre crise, a brusquement changé de langage au risque d’ouvrir un conflit de compétence entre lui et le président de la commission de l’Union Africaine. La françafrique n’est-elle pas passé par Abuja en échange de ses ambitions à devenir membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU ? En faisant siéger son pays sur le banc des membres permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU, n’obtient il pas, par la même occasion le ticket qui lui fait tellement défaut aujourd’hui pour réviser la constitution afin de se représenter ?

Il est important qu’à l’avenir, l’Afrique se ressource à partir de l’exemple du peuple Béninois comme modèle de démocratie, en étant nous-mêmes dans une Afrique libre et indépendante par rapport à la françafrique mesquine, hypocrite et malhonnête. Certains leader Africains l’ont bien compris, Alpha Omar Konaré, Président de la commission de l’union Africaine, homme d’Etat Malien intègre est bien le premier à utiliser le terme de « mercenaire col blanc » en ce qui concerne les conseillers aventuriers des réseaux françafricains. L’Afrique ne triomphera de la pauvreté en devenant un grand continent développé que par la volonté des Africains eux-mêmes et cette volonté n’est pas celle de la françafrique dont le but est de la maintenir dans la dépendance.

Ce qui intéresse la françafrique, c’est bien la prédation de la rente qui se trouve partout en abondance en Afrique et rien d’autres. Outre le pétrole, l’or, le diamant, le nickel, l’uranium et autres minerais, le nouvel enjeu tourne autour du plutonium et du coltan. Le coltan est le nerf de la pagaille, le minerai rare indispensable pour la fabrication des cellulaires (440 millions d’abonnés dans le monde en 2002), des téléphones fixes (800 millions d’abonnés), des ordinateurs portables, photocopieurs, imprimantes…. Si enfin, l’immigration doit être choisie et non subie dans l’Hexagone, pourquoi n’est-il pas de même dans l’autre sens en ce qui concerne la rente africaine ?

Par Tido BRASSIER

Lire également:
[La France : souteneur de la dictature au Togo->https://www.letogolais.com/article.html?nid=1253]