29/03/2024

Les actualités et informations générales sur le Togo

Je réclame le devoir de violence pour le Togo

Comi M. Toulabor
CEAN-Sciences Po Bordeaux

Le tyrannosaure togolais mort de sa belle mort, le peuple togolais n’est pas pourtant libéré de son joug que son fils a décidé de chausser ses bottes, otage d’un quarteron d’officiers autistes et obscurantistes , maternés au petit lait du militarisme tribal. A l’heure actuelle, le peuple se trouve à la croisée de chemins.

L’un que l’on a souvent exploré au point d’y user les souliers est le dialogue, la paix, la négociation, la concertation, l’accolade, l’embrassade, la tolérance, la non-violence, et j’en passe … mais sans oublier l’unité, la charité, la convivialité, « et tous les bons-té », comme chantaient les ivoiriens, avant qu’ils ne perdent le nord. C’est cette piste qui a été privilégiée depuis l’ouverture du pluralisme politique au début des années 1990. Le tyran avec son rameau d’olivier de la paix au groin aimait l’imposer à ses oppositions qui y ont laissé plus d’une fois leurs plumes. Il l’imposait aussi aux pays voisins, dans multes régionaux, tout en continuant à jouer au pyromane des deux côtés, pour faire durer ses missions de bons offices.
L’autre piste à laquelle on s’est essayé un peu est celle du devoir de violence. Lorsque cette piste est empruntée, elle devient un lieu de sacralisation. Parce que ça n’est pas une piste normale. Ainsi commémore-t-on le 5 octobre pour signifier qu’il n’est pas un moment ordinaire comme les autres.

Justement la dictature Eyadéma a de tout temps carburé entre autres à la violence. C’est le seul langage communicatif qu’elle comprend. Pour elle la violence est un moment ordinaire et jamais exceptionnel. Si ce régime a eu une durée de vie aussi longue, est-ce que ce n’est pas parce que le peuple togolais n’a pas utilisé du même langage que son oppresseur ? Le peuple était mort, en tout cas se couchait à l’horizontale devant la soldatesque du tyran. A la mort de celui-ci, on n’a pas besoin de le tuer encore par une opération « Togo mort ». Parce qu’à peuple mort, Togo mort. Le Togo a besoin d’être galvanisé, de se tenir debout, de marcher à la verticale. Dans la configuration actuelle où le Faure succède sa Faune, le Togo doit plus que jamais revendiquer son devoir de violence comme étant son droit le plus inaliénable.

Pour les chrétiens, Dieu est non seulement jaloux mais il est aussi violent. Ne crachait-il pas la guerre et du feu contre les Philistins ? Et le discours du Christ dans son apparent baba-coolisme est un discours de combat contre César et les viles choses de ce monde. Que les fonctionnaires de ce Dieu ne viennent plus nous prêcher la soumission paulinienne au pouvoir mixée dans on ne sait quelle théologie glorifiant la souffrance et la pauvreté comme voie de salut. Pour les musulmans, Allah est un guerrier incarné dans la figure son caravanier de prophète. Qu’on fasse aussi un peu l’éloge de la violence à ce peuple qu’on a aliéné quarante ans durant dans les structures monopartistes qui cultivaient la violence dominatrice et jamais la violence libératrice du dominé ! Le Togolais de base veut entendre parler enfin de libération, de sa libération.
La violence ne doit pas être un droit réservé uniquement pour les gouvernants, surtout quand ils sont d’une médiocrité affligeante comme celui qui vient de casser sa pipe. Sa mort naturelle est un échec, sûrement pas une victoire. Pour son salut et la victoire du peuple, on aurait dû aller le chercher en son palais et le pendre haut et court avec un manche à balai dans le fondement, en guise de sacrifice humain qu’il savait abondamment pratiquer pour la survie de son pouvoir. Les dictateurs africains meurent trop souvent de leur propre mort, ça n’est pas normal : Mobutu, Eyadéma, Amin Dada, Sékou Touré, Hassan II, Houphouët-Boigny, Kountché, Bokassa, Abacha, etc.

Avons-nous pour notre dignité d’homme le droit de laisser son fiston poursuivre l’œuvre de démolition du pays ? Son intronisation est un révélateur de notre hibernation politique. Mais les soins que nous n’avions pas pu donner au père pourrions-nous les prodiguer au fils ? Par des mobilisations massives et déterminées. Par des prises de positions fermes. Par des actions où la violence sous toutes ses formes ne doit plus être exclue. La violence comme devoir et comme droit. Pour que le Togo soit libre.