25/04/2024

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La Guinée et le Togo: histoire d’une dictature à l’identique

La guinée, ce pays de l’Afrique de l’ouest, peuplé de Malinkés, ethnie majoritaire comme les Ewés au Togo, mais dirigé par la minorité Soussou, le tout appartenant à l’ancien empire du Mali, situé entre le Fouta-Djalon et la côte atlantique, est indépendant en 1958 en rompant tout lien avec l’ancienne puissance coloniale.

Tout comme le Togo « producteur de phosphate et de dictature héréditaire », la Guinée produit de la bauxite transformée en aluminium sur place à Fria ainsi qu’une longue et interminable dictature incarnée d’abord par Ahmed Sékou Touré dès l’indépendance nationale jusqu’à sa mort en 1984 où, l’actuel dictateur, le Général Président Lansana Conté s’empara du pouvoir à vie.

La Guinée et le Togo ont connu une dictature similaire, à quelques nuances près, autrement dit, presqu’à l’égalité parfaite, ces deux pays battent le record de dictature en Afrique en devenant par la même occasion, les pays les plus corrompus en Afrique de l’ouest. Arrestations arbitraires, tortures, mauvaise gouvernance, exécutions extrajudiciaires, traques des opposants, constituent le quotidien dans ces deux pays.

En Guinée, le premier Secrétaire Générale de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) de 1964 à 1972, et plus tard Ministre de la Justice de 1972 à 1976, Boubacar Diallo Telli fut arrêté en juillet 1976 à Conakry. Mis en prison et torturé jusqu’à la mort dans sa cellule 52 du camp Boiro, sur ordre du dictateur Sékou Touré qui le soupçonnait d’être à la tête d’un complot fomenté par l’ethnie Peuhl contre l’Etat Guinéen.
Après 19 jours de torture, ce diplomate Africain d’une envergure internationale rendit l’âme le 1er mars 1977 dans les bas fonds du camp Boiro, son corps, qui fut l’objet de plusieurs prélèvements selon les témoignages d’autres détenus, fut jeté dans une fosse commune.

Selon le témoignage des codétenus de Diallo Telli, le camp Boiro, est exclusivement peuplé de prisonniers politiques, comme dans le camp d’Agombio au Togo dans les années 90, où le dictateur Eyadema faisait torturer ses opposants politiques.
Diallo Telli est décédé atrocement comme le Capitaine Paul Comlan dans le camp de la Gendarmerie nationale, après avoir été torturé et battu à mort, parce qu’il fut soupçonné de coup d’Etat.

Depuis les années 2000, la Guinée est plongée dans une situation économique et financière difficile, sa dette extérieure est équivalente à son PIB qui est 3,6 Milliards de dollars en 2003, et le solde budgétaire est de -3,3 % du même PIB (données de la Banque Mondiale en 2004)

Le programme FRPC (2001-2004), Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la croissance du FMI, qui devrait apporter à la Guinée de nouveaux financements, a été suspendu en décembre 2002, parce qu’elle honore de moins en moins les échéances de la dette extérieure publique.
La quasi-totalité des bailleurs de fonds dont L’Agence Française de Développement est en situation de sanction contre le Guinée dont la monnaie a été dévaluée de 25 % par rapport au dollar en 2004. Et pourtant, ce pays disposant d’un riche potentiel, c’est-à-dire un tiers des réserves mondiales de bauxite, or, diamant, fer, manganèse, zinc, cobalt, nickel, uranium, a été classé parmi les pays les plus pauvres et très endettés ( PPTE ) 160ème sur 177 : classement PNUD 2004..

La réélection du Général-Président Lasana Conté en décembre 2003, dans un contexte de boycott de l’opposition, qui a recueilli plus de 95 % des suffrages exprimés, a aggravé les tensions politiques en Guinée en rendant difficile le dialogue avec l’opposition.
L’Union Européenne, qui a suspendu le 9ème fonds européen de développement, a ouvert le 20 juillet 2004 des consultations dans le cadre de l’article 96 de l’accord de Cotonou.

Tout comme les 22 engagements du gouvernement togolais du dictateur Eyadema vis-à-vis de l’Union européenne, pour cause de déficit démocratique, le dictateur Guinéen s’engagea en 2004 à travers un Mémorandum, de garantir le respect des droits de l’homme, ainsi que l’ouverture d’un dialogue crédible avec l’opposition, la bonne gouvernance économique, la lutte contre la corruption, la rationalisation de la fonction publique, et surtout : la transparence à l’occasion des élections locales en 2005, et les élections législatives en 2007.

Mais, tout comme au Togo de la junte militaire des Gnassingbé, la pratique de la duplicité du pouvoir prévaut sur les déclarations de bonnes intentions qui ne sont jamais suivies d’effets concrètement dans la réalité des faits.

Suite à la grève générale de l’inter centrale CNTG-USTG, élargie à l’UDTG, déclenchée le 10 janvier 2007, dont le bilan officiel de source policière guinéenne est de 35 morts et 155 blessés (dont 22 morts et 103 blessés à Conakry), le gouvernement a ouvert des négociations avec les syndicalistes : il en ressort entre autre, de la nomination d’un premier ministre qui interviendra dans les prochains jours.
Un premier ministre dont l’action sera la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics, et qui veillera également au respect de la séparation des pouvoirs, bref, la justice ne sera plus aux ordres de la junte militaire guinéenne comme auparavant ! ! ! Et les prédateurs de l’économie nationale seront poursuivis.

Le nouveau premier ministre devra en priorité, prendre des mesures concrètes pour soutenir le pouvoir d’achat par la réduction du prix du carburant à la pompe dès le 1er février 2007, l’interdiction d’exportation des denrées alimentaires dont les produits agricoles, vivriers, forestiers, de l’élevage, et du carburant.
Il sera également question du relèvement des pensions, la réduction du prix du riz, et la mise en place d’une commission paritaire chargée du suivi de l’évolution du prix du riz sur le marché international en vue d’éventuels réajustements sur le marché guinéen.

Voilà en somme des mesures intéressantes allant dans le sens de l’apaisement général, mais au Togo comme en Guinée, l’usage excessif et disproportionné des méthodes brutales par les forces de l’ordre et de sécurité à l’endroit des populations aux mains nues, laissent craindre le pire dans ces deux pays sous tensions politiques.
Le rôle joué par les forces armées guinéennes, avec la participation active du fils du dictateur, le capitaine Ousmane Conté à la tête des éléments de la gendarmerie nationale au cours de cette répression sanglante à balles réelles contre des jets de pierres des manifestants pour la plupart des jeunes de 30 ans, a fait 59 morts au total en 18 jours de grève selon d’autres sources variées.
Cela démontre également l’intransigeance du dictateur en voie de disparition, affaibli par la maladie, mais qui s’accroche à un pouvoir qui finira par lui échapper dans les mois qui viennent. Au Togo comme en Guinée, le pouvoir est malheureusement une affaire de famille élargie au clan.

Par Tido BRASSIER