28/03/2024

Les actualités et informations générales sur le Togo

La presse togolaise du 19 et 20/08/02

ROCAMBOLESQUE ARRESTATION DE CLAUDE AMEGANVI : M. GAYIBO, TEMOIN OCULAIRE, RACONTE
«(…) Le mardi 06 Août nous avions sollicité et obtenu un rendez-vous avec le Ministre Walla de l’Intérieur et de la sécurité.
Ce jour là, il nous a reçu vers 16 H15 mn en présence de son directeur de Cabinet Mr Téko. D’entrée de jeu le ministre a voulu connaître l’objet de notre visite. Nous lui avions signifié qu’il s’agit de l’arrestation de deux de nos camarades à Siou. Il a dit : Ah bon : c’est pourquoi on vient le voir ? Nous lui avons répondu qu’en tant que Ministre de l’Intérieur et que ceux qui ont été arrêtés à Siou l’ont été par le fait des gens qui relèvent de sa prérogative, il est de bon ton que l’on vienne le voir. Il a dit mais je sais que vous avez contacté les autorités de l’intérieur et je sais ce qu’elles vous ont dit. Il a poursuivi en disant les gens vendaient et distribuaient des tracts incitant à l’insoumission et à la révolte. Et Claude a demandé s’il s’agit des mêmes tracts. Le ministre de l’intérieur a répondu qu’il n’a pas à savoir de quel tract mais qu’on lui a rendu compte.
J’ai dit au ministre qu’il se pourrait qu’on lui a rendu un compte erroné. Il a dit non. De toute les façons nous avons tous nos devoirs à remplir. Il a les siens nous avons les nôtres. Il nous a fait comprendre qu’il ne peut pas faire obligation sur la justice. S’il le faisait c’est nous qui seront les premiers à dénoncer cela.
Donc nous n’avons qu’à nous référer à la justice.
Je lui ai dit que Mr le ministre si moi je suis dans cette enceinte c’est parce que je prends à témoin votre propre philosophie qui dit que : «aucun problème ne manque de solution et qu’il faudrait aller au dialogue pour éviter la guerre. Il a sourit et a dit que c’est ce langage qu’il veut entendre.
Ceux qui veulent venir leur donner des leçons qu’ils ne sont pas pour. Ce qui est vrai c’est que Claude l’appelait Mr Walla.
A un moment donné il a demandé à Claude : c’est toi qui m’a donné le nom de Walla ? Et claude a dit Mr Walla voulez-vous que je vous appelle mon Général ?
Comme ça je vous appelle «mon Général Walla »
Ainsi Claude l’a appelé Général à différentes étapes de la discussion. A un moment donné il a rougit en disant c’est toi qui m’a gradé ? Claude a dit non. Qu’est ce que la mort de Tavio a à faire dans le Nord ? Demanda le ministre. Claude a dit Tavio est un citoyen et sa mort en tant que jeune à suscité des remue-ménage sur toute l’étendue du territoire. Il a dit si tu meurs ou ta grand-mère meurt va organiser ses funérailles à Guérin-Kouka. Claude a dit que ce qui suppose mon général que vous ne voulez pas qu’on distribue des tracts dans le Nord ? Il a dit oui je ne veux pas.
Le ministre a ajouté que c’est des délinquants qui détenaient, vendaient et distribuaient des tracts appelant à l’insoumission et à la révolte » Claude a dit non ce n’est pas vrai. Ces tracts n’appellent pas à l’insoumission ni à la révolte. Le ministre a dit qu’il n’a pas d’ordre à recevoir de nous. C’est alors que je suisi intervenu pour dire que souvent si nous venons chez lui on est à couteaux tirés ; ce n’est pas des pratiques que je souhaite.
Ainsi j’ai demandé à calmer le jeu pour trouver une solution. Il demande s’il fallait aller faire la pression sur la justice.
Au Togo il y a une justice.
On a tous rigolé. Il faut dire qu’à chaque intervention il rigole toujours. Et ce n’était pas si méchant que ça. Mais ce qui est à remarquer c’est qu’à 15 minutes de la fin, son directeur de Cabinet a quitté la salle contrairement à ses habitudes. On a quitté son bureau en grand sourire, on est descendu dans la cour.
Moi j’ai vu d’anciens préfets qui me titillaient par des sobriquets quand j’ai entendu derrière moi : qui est Claude Améganvi ? Il dit : c’est moi. Ça m’a obligé à me retourner et heureusement ou malheureusement j’ai reconnu l’équipe qui nous avait arrêtés en 1999. J’ai interpellé un qui m’a dit qu’ils sont venus pour un certain Claude Améganvi qu’ils l’ont déjà vu. Il a dit donne ta clé et Claude a donné sa clé ; il lui ont demandé de prendre siège en arrière ce que Claude a fait. Malheureusement l’agent n’arrivait pas à démarrer le véhicule. Donc c’est Claude même qui a conduit la voiture jusqu’à la Sûreté. Arrivés là, on a amené Claude pour une interrogatoire qui a duré 30 ou 35 minutes.
Et puis on l’a ramené devant nous pour la garde à vue. C’est là où je l’ai suivi et quand j’étais arrivé on était en train de prendre le contenu de ses poches comme d’habitude. On m’a repoussé. J’ai quand même tenu coup. Ils ont dit que les patrons ne sont pas là alors ils sont obligés de le garder. Il n’a pas été laissé en garde à vue ; ils l’ont immédiatement mis au violon. C’est là que quelqu’un m’a demandé de quoi avez-vous discuté avec le ministre ? J’ai répondu que nous avions discuté des tracts. Il a dit non que c’est une question de journal.
J’ai dit non ce n’est pas vrai. Et il m’a dit au lieu de perdre ton temps ici va lui chercher à manger. Voilà la suite vous la connaissez. » (Le Scorpion-Akéklé, n° 153 du 19 Août 2002)

UN NOUVEAU DETENU POLITIQUE AU TOGO : LES DESSOUS DE L’ARRESTATION DE CLAUDE AMEGANVI
« Le pouvoir RPT a sur la conscience un nouveau détenu politique. Il s’agit du Premier responsable du Parti des travailleurs, le Camarade Claude Améganvi.
Le Front composé de l’ADDI, du CAR, de la CDPA et de l’UDS-Togo a dans un communiqué daté du 08 Août 2002 demandé sa libération inconditionnelle. L’UFC à travers un communiqué publié le 09 Août 2002, exige la libération immédiate de Claude Améganvi dont les raisons de l’arrestation sont fallacieuses. Le Parti des travailleurs déclare qu’il est indigné de ce montage grotesque dont le but évident est l’élimination politique du premier responsable du Parti et appelle toutes les organisations démocratiques et de défense des libertés fondamentales pour la libération de Claude Améganvi. Sur le plan international, plusieurs organisations syndicales et des droits humains notamment Amnesty international se mobilisent. L’opposant Claude Améganvi, nouvelle victime du pouvoir RPT pourrait être adoptée selon certaines indiscrétions comme prisonnier de conscience.
C’est le 06 août 2002 que le premier responsable du Parti des travailleurs a été abordé dans l’enceinte du ministère de l’Intérieur par des policiers qui l’ont conduit sous le prétexte d’une vérification de routine à la Direction de la sûreté nationale (DSN). Enfermé le même jour sans explication ni mandat d’arrêt, il a été déféré à la prison civile de Lomé le 08 août 2002 pour «diffusion de fausses nouvelles, diffamation et trouble à l’ordre public ».
Pour justifier cette détention politique, le général Walla a indiqué à travers un communiqué que Monsieur Claude Améganvi aurait été cité par Julien Ayi comme étant l’auteur de l’article au sujet de la fortune du «clan Gnassingbé ».
Ce 06 août 2002, Claude Améganvi était allé protester auprès du ministre de l’Intérieur de l’arrestation à Siou, Préfecture de Doufelgou, de deux enseignants pour des raisons politiques. C’est à sa sortie qu’on l’a embarqué.
La mauvaise foi des autorités togolaises est manifeste quand on sait que l’article dont il est question a été publié sur le site de la Diastode et que le nom de l’auteur figure à la fin de l’article ainsi signé : «Bruxelles le 25 juillet 2002, pour le MO5, Eloi Koussawo, Coordinateur général ».
M. Koussawo Eloi est-il à la fois Claude Améganvi ? Claude était-il à Bruxelles le 25 juillet 2002 ? En vérité l’arrestation de Claude Améganvi s’inscrit dans la logique du « musellement et d’embastillement d’adversaires politiques gênants à travers un processus qui culminera probablement à l’accoutumée avec des procès politiques qui seront de véritables parodies de justice. »
Il y a longtemps que le pouvoir cherchait à faire taire ce bouillant syndicaliste et militant des droits de l’Homme qui avait dénoncé le régime Eyadéma pendant la conférence nationale souveraine. Suite à l’attaque de la Primature il a de nouveau été pourchassé par des éléments incontrôlés et n’a dû son salut qu’en réussissant à regagner l’exil. Ce compagnon de lutte de Tavio Amorin a plusieurs fois échappé aux guets-apens visant à le liquider physiquement. En tout cas, il était une bête noire que le pouvoir cherchait à abattre.
Revenu au pays en 1997, il a rejeté les sollicitations du pouvoir qui nourrissait l’envie de l’avoir avec lui. Il reprend la lutte politique pour l’instauration de la démocratie. Syndicaliste infatigable, le camarade Claude Améganvi était à la pointe des mouvements syndicaux. Il publie un ouvrage intitulé «Pour l’Avenir du Togo » et dans lequel il étale les facettes de la dictature togolaise. Considéré comme un empêcheur de manipuler en rond, le pouvoir RPT voyait toujours sa main derrière les manifestations de protestation des enseignants et des étudiants.
A plusieurs reprises, il a été l’objet de tracasseries. Des manifestations organisées par lui ont toujours été dispersées à l’aide de grenades lacrymogènes sur ordre du Général Walla. Ses interventions sur les radios locales suscitaient le courroux à Lomé II au point qu’il y aurait eu une réunion pour rechercher les voies et moyens de le réduire au silence. Editeur du mensuel Nyawo, et membre de « l’Entente internationale des travailleurs et des peuples », Claude Améganvi est un prisonnier politique qui constitue une arête dans la gorge du pouvoir RPT. Son embastillement est une atteinte aux libertés démocratiques et aux droits humains les plus élémentaires » (Le Regard, n° 296 du 13 Août 2002)

Claude Améganvi bientôt innocenté depuis Bruxelles
Eloi Koussawo du MO5 revendique la paternité de l’information et déclare que l’accusation contre Claude Améganvi trouve ses origines ailleurs.
«(…) Dans le souci de rétablir la vérité, Mr Eloi Koussawo, Coordinateur du Mouvement patriotique du 05 octobre (MO5) résidant à Bruxelles en Belgique, vient de revendiquer dans les colonnes de (…) Togo-Forun et publié sur leur site internet la paternité de ladite information.
Aufdelà de cette revendication disponible sur internet à travers togoforum.com, il se dit même prêt à répondre de ces informations devant la justice de son lieu de résidence qui est Bruxelles si les autorités togolaises pouvaient y adresser une commission rogatoire.
(…) Il est clair donc que l’accusation contre Claude Améganvi et les directeurs des publications (…) trouve ses justifications ailleurs que dans la diffusion de l’information sur la fortune d’Eyadéma. » (Le Scorpion-Akéklé, n° 153 du 19 Août 2002) (Le Scorpion-Akéklé, n° 153 du 19 Août 2002)

Le magazine américain Forbes dénonce les allégations mensongères des journaux Agoo Nami et Nouvel Echo
Honnêtement, nous ne l’avons pas listé.
«(…) En réalité, le nom du président togolais n’a jamais été mentionné sur la liste annuelle des hommes les plus riches du monde publiée par FORBES. De même le nom du président Eyadéma (….) n’a jamais figuré sur le «Site Forbes.Com. » (…) Ces articles ont tellement provoqué le président qui a ordonné la publication à la télévision togolaise de la liste complète des milliardaires listés par FORBES. Les journaux incriminés ont été saisis. Le gouvernement a procédé à l’arrestation du journaliste Julien Ayi qui avouera que le document lui a été remis par Claude Améganvi qui est leader d’un parti d’opposition. Les deux individus sont poursuivis pour atteinte à l’honneur du chef de l’Etat et trouble à l’ordre public.
L’utilisation abusive du rapport de FORBES a été un élément central de l’enquête.
Améganvi estime n’être pas l’auteur de l’article. Amnesty international tente de l’aider.
Il a comparu devant le tribunal ce jour.
Dans le même temps, Eloi Koussawo, responsable d’un autre groupe réclame la responsabilité de l’article qu’il aurait rédigé en juillet et citant l’évolution présumée de la fortune du Président de la République par FORBES.
Koussawo n’a pu être contacté. Cependant l’un des proches, Joseph Takéli, éditeur de Togoforum, a déclaré : «nous n’avons aucune preuve. Nous pensions que Forbes devrait avoir l’information » (Togo-Presse, n° 6342 du 19 Aôut 2002)

L’AFFAIRE CLAUDE AMEGANVI ET JULIEN AYI RENVOYEE AU 23 AOUT 2002.
«(…) Au Palais de justice vendredi, l’audience relative au procès Claude Améganvi et Julien Ayi, tous deux accusés pour diffusion d’un article de presse portant atteinte à l’honneur du chef de l’Etat et à sa réputation, a été renvoyée au 23 août 2002.
Après lecture de la note d’accusation par le président de la séance ,le juge Yaba Mikémina, le principal suspect, commanditaire de cet article, Claude Améganvi, interrogé a nié en bloc les accusations qui lui sont reprochées.
Conformément à la loi, il a demandé un délais pour préparer sa défense, d’où le renvoi du procès au 23 août 2002 prochain. » (Togo-Presse, n° 6342 du 19 Août 2002)

CHAUDE AMBIANCE AU PROCES DE CLAUDE AMEGANVI : LA JUSTICE TOGOLAISE DANS LA TOURMENTE
«(…) Avant le démarrage du procès, très tôt le matin, la police a bouclé les environs et les issues du tribunal, alors que dans la salle d’audience avait déjà pris place la quasi-totalité des leaders de partis politiques en compagnie de nombreux militants. Une foule estimée à plus de mille personnes a envahi la salle aux premières heures de la matinée, n’hésitant pas à chanter l’hymne national, alors que la télévision togolaise était présente, avec une équipe de reportage.
Même si aucun dérapage ou incident n’a été noté, certains observateurs prévoient que ce procès ne sera pas du tout facile. Prévue pour 8 heures, l’audience n’a démarré que peu avant 10 heures. Selon certaines rumeurs, le début tardif de l’audience s’expliquerait par des tractations entre les autorités politiques et le juge en charge du dossier ; ces tractations porteraient sur des consignes contradictoires reçues par le juge des deux autorités différentes. Rien ne nous permet d’accorder du crédit à ces rumeurs ; la seule chose vraie, c’est que ce procès a démarré avec presque deux heures de retard.
Cette première audience était présidée par M. Yaba Mikémina premier vice-président du tribunal de première instance ; le ministère public était représenté par M. Atara N’Dakéna Procureur de la République. La défense du prévenu était assurée par un collectif de vingt-cinq avocats.
(…) Au début de l’audience, l’embarras du président de séance était, de l’avis général, perceptible.
Ceci expliquant peut-être cela, quelques secondes seulement après l’ouverture de l’audience, le président de séance demanda le renvoi du dossier.
Protestation des avocats, qui estiment que le président sans motif valable ou sans l’avis du prévenu ne peut demander le renvoi du dossier. Le président décida alors une suspension de séance.
A la reprise, le président appela les deux prévenus à la barre. Après le traditionnel contrôle d’identité, le président leur signifia les charges pour lesquelles ils comparaissaient devant le tribunal. (…)
Le président demanda alors à Claude Améganvi s’il reconnaît les faits qui lui sont reprochés. Celui-ci répondit par la négative. Quant à Julien Ayi, il a dit reconnaître les faits. La loi autorisant tout prévenu à demander un report pour préparer sa défense, le président demanda alors à Claude Améganvi s’il avait besoin d’un délais supplémentaire pour préparer sa défense. Celui-ci a donc sollicité un renvoi afin de préparer sa défense, mais l’autre prévenu n’était pas de cet avis et préférait que le jugement ait lieu ce jour. Le président de séance, visiblement dépassé par les événements, accéda à la demande de Claude Améganvi et renvoya le dossier au 23 Août 2002.
Du fait de la personnalité de Claude Améganvi, ce procès était avant tout, un procès politique au même titre que celui que le pouvoir RPT par Agbéyomé Kodjo interposé, livra à Me Agboyibo.
Une fois encore, la dictature togolaise a choisi de s’enfoncer dans le ridicule le plus avilissant. Il semble visiblement y avoir de la part de la justice togolaise, une volonté manifeste de faire condamner Claude Améganvi pour des motifs qui ne sont nullement ceux évoqués dans l’acte d’accusation.
En effet, selon des informations dignes de foi, publiées sur le site internet de la Diaspora togolaise (www.diastode.org) on a appris que peu de temps après cette arrestation, une première confrontation a eu lieu entre M. Améganvi et le directeur de publication du journal Nouvel Echo, M. Julien Ayi, qui a été conduit dans le local où M. Améganvi était retenu. Un policier a alors demandé à M. Ayi s’il reconnaissait la personne assise là ( en l’occurrence, M Améganvi) ; il a répondu qu’il ne la connaissait pas et qu’il ne l’avait jamais vue. La même question a été posée à M. Améganvi, qui a fait une réponse semblable. Julien Ayi a été alors précipitamment ramené par les policiers.
Evidemment, il n’y a aucune trace de cette première confrontation dans le dossier transmis plus tard au procureur de la République pour l’inculpation de M. Améganvi. C’est seulement au cours d’une seconde confrontation organisée le lendemain 7 Août au matin, après une nuit qui a porté conseil, vu les habitudes de la maison (sic), que M. Ayi a fait une déclaration conforme au communiqué du Ministre de l’Intérieur diffusé plusieurs fois la veille par la TVT ! ! ! Le procès verbal de la seconde confrontation a été antidaté. Il comporte en outre de multiples incohérences que le collectif des avocats qui s’est constitué pour défendre M. Améganvi, ne manquera certainement pas de relever, mais sans doute vainement comme lors du procès Agboyibo.
Claude Améganvi a donc été accusé «d’avoir à Lomé, courant mois d’août 2002, en tout cas depuis temps non couvert par la prescription, ensemble et de concert avec Ayi Julien et Klu Névamé (en fuite), (…) publié deux articles, le premier intitulé «Le président Eyadéma coupable de blanchiment et de crimes organisés » à la page 3 du journal Agoo Nami n° 27 du jeudi 1er août 2002 et le second titré «Elle serait colossale la fortune du clan Gnassingbé » paru à la page 3 du journal Nouvel Echo du 2 août 2002 ».
Et pourtant, il est bien clair que c’est depuis le 26 juillet qu’un texte intitulé «Le président Eyadéma coupable de blanchiment et de crimes organisés »..a été publié dans la rubrique «Echos de la Diaspora » de Diastode.org. Le même a été publié, toujours le 26 juillet, par Togoforum.com et bien d’autres sites. C’est tout simplement ce texte que les deux journaux ont pratiquement reproduit. Et cela, les autorités togolaises le savent bien, puisque déjà le 2 août, le général Walla déclarait dans une conversation téléphonique au coordinateur du MO5 (auteur du texte original publié sur les sites), que le président togolais était furieux suite à la parution de l’article sur la fortune dans les journaux privés togolais.
Le Coordinateur du MO5 a confirmé publiquement qu’il est l’auteur du texte publié le 26 juillet, et la Diastode aussi a rappelé cela dans un courrier électronique adressé à la présidence de la République togolaise et au ministère de l’intérieur. A la lumière de ces faits, l’accusation portée contre Claude Améganvi semble tout simplement ridicule.
Les avocats qui se sont constitués pour la défense de l’opposant se disent cette fois-ci décidés à mettre à nu l’institution judiciaire si elle persiste à tourner le dos à sa mission constitutionnelle de dire le droit. La justice togolaise poursuit sa descente aux enfers et se complait visiblement à patauger dans la tourmente. » (Motion d’Information, n° 190 du 19 Août 2002)

Procès politique au Palais de Justice de Lomé
L’opposant Claude Améganvi plaide non coupable
Le procès est renvoyé au vendredi 23 Août prochain.
« «Atteinte à l’honneur du chef de l’Etat et à sa réputation, trouble à l’ordre public et atteinte aux personnes et à la communauté », c’est en substance les faits reprochés aux sieurs Claude Améganvi, leader du Parti des travailleurs et Julien Ayi Directeur de publication de l’hebdomadaire « Nouvel Echo » qui ont comparu vendredi 16 Août par devant la chambre correctionnelle du tribunal des flagrants délits.
Pour en connaître, le magistrat Yaba Mikéma avait dirigé les travaux et le fauteuil du ministère public était occupé par le procureur de la République Atara N’Dakéna.
Donnant l’impression d’ignorer les procédures en matière de jugement et se plongeant dans un flou juridique, le Président du tribunal de céans Yaba ouvre l’audience de façon expéditive et sans avoir présenté les prévenus, déclare : «le mandat de dépôt est confirmé ». Il a tenté de renvoyer le dossier à huitaine quand, tout d’un coup, les avocats indignés de la façon dont M. Yaba voulait mener les débats, s’interposèrent. D’abord ils ont voulu savoir si la TVT était autorisée à filmer le procès puisque la loi l’interdit et ensuite pourquoi le président a omis de présenter les prévenus et de leur demander s’ils sollicitent un délai pour :préparer leur défense ou s’ils préfèrent être jugés séance tenante. . A toutes ses préoccupations des avocats, Yaba ne voulait rien savoir. «Il était pressé d’en finir avec un procès qui n’a pas encore commencé. C’est à croire que sa façon de vite le terminer le préoccupe davantage que de bien le juger », observe un avocat. Sous la huée de milliers de militants et sympathisants au rang desquels on notait la présence des leaders politiques tels que Gnininvi, Jean Pierre Fabre , Aduayom et autres, ainsi que de curieux qui ont fait nombreux le déplacement du Palais de Justice malgré le déploiement des forces de l’ordre, le Procureur de la République sollicite et obtient une suspension de l’audience.
A la reprise, Yaba Mikémina se soumet à la procédure. Il présente les prévenus, lit l’acte d’accusation et les avocats se constituent.
Après la réfutation des faits à lui reprochés, Claude Améganvi s’est vu constituer autour de lui une vingtaine d’avocats pour sa défense. C’est un collectif d’avocats dirigé cette fois-ci par Me Gahoun Hégbor.
Ayi Julien lui, reconnaîtra les faits qui lui sont reprochés et accepte d’être jugé sans délai.
Il faut signaler que dans cette affaire, le général Gnassingbé Eyadéma s’est constitué partie civile et était représenté à l’audience par Me Tchitacho Tchalim.
(…) Il faut noter qu’un «Comité national pour la libération immédiate et inconditionnelle de Claude Améganvi, Djaoura Tiguéna, Takoura Badjessa et des journalistes emprisonnés » a été mis en place le 13 août dernier. Ce Comité composé de plusieurs partis politiques et de syndicats a constaté lors d’un point de presse au siège du Parti des travailleurs le 14 août dernier que le pouvoir de l’oppression et de l’arbitraire a encore frappé dans les rangs de l’opposition démocratique. Cette affaire éminemment politique, indique que le Comité, tire ses origines de la commémoration à Lomé du 10e anniversaire de l’assassinat de Tavio Amorin et pour laquelle deux enseignants, Djaoura Tiguéna et Takoura Badjessa ont été arbitrairement arrêtés à Siou dans la préfecture de Doufelgou le 23 juillet 2002 pour avoir distribué le programme des manifestations, puis écroué à la prison civile de Kara. Le Comité indique que les accusations portées contre Claude Améganvi ne sont rien d’autres que de fallacieux motifs utilisés par une justice aux ordres d’un pouvoir pour effacer de la scène politique et réduire au silence toutes les voix qui expriment l’adhésion du peuple à la lutte sans laquelle la démocratie véritable et l’Etat de droit ne sauraient s’instaurer au Togo. Une victime d’un pouvoir répressif en quelque sorte.
Le Comité, pour arrêter cette dérive arbitraire d’un pouvoir moribond, convie massivement les militants et sympathisants aux audiences du Tribunal le vendredi prochain. » (Le Regard, n° 297 du 20 Août 2002)

Un procès de trop !
«(…) Le dernier acte en date qui conforte dans le sentiment que le régime a résolument opté pour la fuite en avant est le procès intenté contre le directeur de publication de l’hebdomadaire Nouvel Echo et M. Claude Améganvi, premier responsable du Parti des travailleurs.
Ils sont poursuivis de publication de fausse nouvelle et offense au chef de l’Etat. On reproche au journal d’avoir publié un article mensonger écrit par Claude Améganvi sur la fortune du chef de l’Etat. Et, comme pour donner du poids à l’accusation, le chef de l’Etat lui-même s’est constitué partie civile.
En réalité, le régime aurait pu faire l’économie de ce procès. Pour ce faire, il aurait simplement fallu appliquer les pratiques en usage dans les pays vraiment démocratiques où la fortune du chef de l’Etat ne relève pas du secret. Pour éviter toute spéculation pouvant conduire à des situations qui ternissent l’image du pays, le chef de l’Etat devrait déclarer ses biens. C’est cela la démocratie. » (Le Combat du Peuple, n° 362 du 19 Août 2002)

12 mois de prison pour Tikena Djaoura et Takana Badjessa.
«MM. Tikena Djaoura et Takana Badjessa., deux enseignants, membres du mouvement «Quelle solution pour le Togo ? », arrêtés le 23 juillet sous une fallacieuse accusation de distribution de tracts ont comparu hier lundi devant le Tribunal de Kara. A l’issue du jugement, les deux militants du mouvement de Claude Améganvi ont été condamné à 12 mois d’emprisonnement dont 10 avec sursis. Le Tribunal était présidé par M. Pokaname. » (Le Regard, n° 297 du 20 Août 2002)

Procès politiques et multiplication des entraves au droit.
Des magistrats commencent à s’inquiéter de l’instrumentalisation de la justice togolaise.
«L’emprisonnement et l’incarcération coup sur coup l’année dernière du journaliste Lucien Messan, du président du RSDD, Harry Olympio et surtout du président national du CAR, Me Yawovi Agboyibo, avait suscité quelque malaise au sein de l’institution judiciaire togolaise. Le procès de Me Agboyibo, avait été ressenti par de nombreux magistrats comme une véritable insulte au droit et une injure grave à l’ensemble du corps judiciaire de notre pays. Hors micro, et avant même que l’ancien premier ministre Agbéyomé n’ait sorti son document explosif « il est temps d’espérer » dans lequel il dénonce l’instrumentalisation de la justice par le chef de l’Etat, de nombreux magistrats, qui ont tenu à garder l’anonymat, avaient dénoncé l’inféodation du système judiciaire au pouvoir exécutif.
.(…) Aujourd’hui, il suffit de regarder la télévision officielle togolaise tous les soirs pour se rendre compte que le général Eyadéma n’a pas évolué d’un seul millimètre dans sa conception du pouvoir. Le pouvoir, c’est lui et toutes les autres institutions doivent être placées sous son autorité. Il y a des mots qui sonnent dans les oreilles du chef de l’Etat togolais comme une bombe : souveraine, comme «conférence nationale souveraine » ; indépendante, comme «Commission nationale indépendante ».
Comme dans le cas de Me Agboyibo hier et de Claude Améganvi aujourd’hui, on tente de se servir de la justice pour humilier voire détruire des adversaires politiques qu’on n’est pas capable d’affronter sur le terrain électoral. La Cour constitutionnelle chargée de connaître de la constitutionnalité des lois est régulièrement détournée de sa noble mission à des fins de règlement de comptes politiques.
Tout le problème de la justice se pose donc en termes de dépendance vis-à-vis d’un président qui a toujours eu sous son autorité l’institution judiciaire et qui n’entend nullement défaire ce lien devenu pour lui, vital. Entre la justice togolaise et le président, les relations sont similaires à celles qu’entretenaient les pays colonisés avec leurs maîtres. Toute velléité indépendantiste était considérée comme un acte de subversion et réprimée comme tel. De la même façon que les populations colonisées ne se soumettaient pas de gaieté de cœur à la domination du colon, une large majorité de magistrats togolais se disent frustrés et profondément blessés dans leur dignité de citoyens et de serviteurs de la République.
De même que le colonisateur avait développé son réseau de collaborateurs et de traîtres sur lesquels il s’appuyait pour écraser toute tentative de remise en cause de son autorité, le pouvoir a miné l’institution judiciaire en y plaçant des hommes qui n’ont ni la compétence, ni parfois la qualification, avec pour unique mission, d’assurer la survie du système pervers qui fait de la justice, un instrument de consolidation du pouvoir politique.
(…) Ce qui inquiète maintenant certains magistrats, c’est d’avoir demain à répondre devant la justice, la vraie, des actes qu’ils posent aujourd’hui. Dire qu’on avait reçu pour agir ainsi, des ordres ne suffirait pas,.
Ces magistrats savent qu’ils ne disposeront d’aucune preuve des ordres reçus pour étayer leur argumentation. Le pouvoir dictatorial ne donne jamais d’ordre écrit ; en tout cas, il évite toujours de laisser des preuves qui pourront être retenues contre lui le moment venu.
Des voix commencent à s’élever au sein même de l’institution judiciaire pour dénoncer la main mise du chef de l’Etat sur la justice de notre pays. Toutes les plaintes déposées contre des membres ou des proches du pouvoir, sont généralement classées sans suite, soit parce qu’aucun juge n’ose se saisir de l’affaire, soit parce qu’on a demandé au juge de fixer une caution dont on sait que le plaignant ne pourra se libérer en raison de son montant trop élevé. Par contre, toutes les plaintes déposées par des membres ou des proches du pouvoir, sont immédiatement diligentées, même lorsque le montant généralement insignifiant de la caution n’est pas payée. » (Motion d’Information, n° 190 du 19 Août 2002)