18/02/05–AFP–Ignorant les pressions internationales pour un retour à l’ordre constitutionnel au Togo, le gouvernement entend faire une démonstration de force samedi en faisant descendre ses partisans dans la rue à Lomé, alors que l’opposition, elle aussi, entend resserrer les rangs et se « radicaliser ».
Parallèlement à la manifestation prévue par le pouvoir, les six partis de l’opposition traditionnelle, ont maintenu leur « marche pacifique » samedi, qui doit être suivie d’un meeting à Lomé pour protester contre « le coup d’Etat » perpétré, selon eux, dans leur pays.
Le gouvernement a décidé lors d’une réunion extraordinaire vendredi de lever l’interdiction de manifester instaurée après le décès de l’homme fort du pays, le président Gnassingbé Eyadéma, le 5 février, « en vue d’assurer une reprise des activités politiques », a indiqué le ministère de l’Intérieur dans un communiqué.
Le ministère a ajouté sans toutefois donner davantage de précisions que « d’importantes décisions pourraient être annoncées très prochainement ».
Les autorités avaient interdit le 5 février toute manifestation de rue pour une période de deux mois correspondant à la période du deuil national.
Dans la foulée, une source proche du parti au pouvoir, le rassemblement du peuple Togolais (RPT, parti présidentiel) a annoncé à l’AFP que des associations et des syndicats proches du gouvernement togolais allaient organiser samedi à Lomé un rassemblement de soutien au président investi Faure Gnassingbé, un des fils du président défunt.
Il s’agira d’un « grand rassemblement », a précisé cette source sous couvert de l’anonymat.
L’opposition, elle, qui dénonce les « manoeuvres de diversion » du pouvoir avec la multiplication des missions à l’étranger « pour gagner » du temps, a affirmé qu’elle allait se « radicaliser ».
Pour Yawovi Agboyibo, président du Comité d’action pour le renouveau (CAR), « l’inquiétude est très forte ». « Il nous revient de remobiliser la population et nous sommes obligés de radicaliser notre position », a estimé vendredi ce dirigeant.
Ces manifestations devraient ainsi permettre de mesurer le rapport de forces entre le nouveau pouvoir et l’opposition dans le bras de fer qu’ils se livrent depuis la mort du président Eyadéma.
Son fils, Faure Gnassingbé, 39 ans, désigné par l’armée togolaise et confirmé comme son successeur par l’Assemblée nationale après une révision constitutionnelle, a prêté serment le 7 février.
Cette succession est très contestée tant par l’opposition togolaise que par la communauté internationale qui demandent le rétablissement de l’ordre constitutionnel et l’organisation d’élections, notamment présidentielle.
Malgré les pressions internationales, le président investi n’a toujours pas indiqué s’il acceptait d’organiser un scrutin présidentiel qui, selon la Constitution, en cas du décès du chef de l’Etat, doit être organisés dans les soixante jours suivant la vacance du pouvoir.
Dans sa première adresse à la Nation, Faure Gnassingbé avait indiqué le 9 février des « élections libres » législatives seraient organisées « le plus tôt possible » comme l’avait prévu son père.
Toujours dans le cadre du retour à l’ordre constitutionnel, une délégation de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a rencontré vendredi à Lomé des officiels togolais.
Cette délégation s’est entretenue avec plusieurs ministres togolais, dont le ministre des Affaires étrangères Kokou Tozoun.
Parallèlement, la France, discrète dans la crise togolaise, a souhaité vendredi que les consultations en cours aboutissent à « l’organisation rapide d’élections présidentielle et législatives libres et transparentes », selon le ministère français des Affaires étrangères.
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