TUNIS (AFP) – 21/07/2005 15h41 – La Banque africaine de développement (BAD) s’est donnée un nouveau président, le ministre rwandais des Finances, Donald Kaberuka, largement élu jeudi par une Assemblée générale extraordinaire des gouverneurs.
M. Kaberuka, 53 ans, a obtenu au second tour de scrutin 78,82% des voix du total des Etats membres de la BAD, dont 68,20% du collège des pays africains, selon un décompte officiel publié à l’issue de la réunion dans un grand hôtel de Tunis.
Au total 55 des 75 Etats actionnaires présents ont accordé leurs voix à M. Kaberuka, le candidat nigérian et actuel vice-président de la banque, Olabisi Ogunjobi, ayant obtenu 20,55% des voix sur l’ensemble des délégués et 30,74% auprès des pays africains.
Deux Etats (Ouganda et Sao Tomé et Principe) n’ont pas participé au vote.
Parti favori, M. Kaberuka avait obtenu au premier tour 64,37% du collège des pays africains et 49,25% au total. Le second collège est composé de 24 pays non africains.
M. Karebuka avait fait campagne pour du « sang neuf » à l’institution. Il avait mis en avant ses « huit années de gestion économique et financière, de réformes budgétaires avec une expérience dans la restructuration économique et la reconstruction post-conflit ».
Ministre des Finances, il a participé à la politique économique appliquée au Rwanda après le génocide de 1994 et saluée par les instances financières internationales.
Une ovation a salué l’annonce du résultat du scrutin, gouverneurs et hauts fonctionnaires de la BAD se disant « satisfaits » et « soulagés » à l’issue de ce second round de l’élection du président.
Un premier round, en mai dernier à Abuja, n’avait pas permis de départager les deux candidats en lice à Tunis, après l’élimination de représentants du Cameroun, du Gabon, du Ghana et du Zimbabwe.
« Le scrutin de jeudi a montré une Afrique unie », a déclaré le candidat élu, remerciant ses électeurs pour « la confiance » placée en lui.
« Notre continent est à la croisée des chemins », a-t-il ajouté, évoquant « l’intérêt culminant de la Communauté internationale pour soutenir l’Afrique ».
« Je promet d’en tirer le plus grand avantage et de servir tous les pays dans toutes les régions du continent », a-t-il dit, avant de donner l’accolade à son concurrent déçu du Nigéria.
Le gouverneur des Etats-unis, David Loevinger, a jugé « excellent que pays donateurs et membres africains soient parvenus à un consensus pour départager deux candidats forts ».
« Nous sommes d’autant plus heureux que le gagnant ait été doté d’un mandat fort et qu’il ait de l’autorité », a-t-il déclaré à l’AFP, ajoutant que l’Afrique doit « profiter du grand intérêt » exprimé par le sommet du G8.
La France a également appuyé le candidat rwandais. Pour son représentant, Ramon Fernandez, la BAD s’est donnée « un excellent président », M. Kaberuka ayant ratissé très largement au sein des deux collèges, a-t-il noté.
Le président sortant Omar kabbaj, salué pour le résultat de ses mandats, a évoqué les initiatives du G8, notamment la décision d’annuler la totalité de l’encours de la dette des pays pauvres très endettés.
Pour lui, cet intérêt constitue « une reconnaissance du rôle de chef de file » de la BAD.
Les financements de la BAD sont passés de moins de un milliard de dollars en 1995 à plus de quatre milliards, en 2004, a rappelé le Premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi, à l’ouverture de l’Assemblée.
Fondée en 1964, le Groupe de la BAD est l’une des principales institutions multilatérales de développement au monde.
La passation de la présidence est prévue début septembre au siège temporaire de la BAD, relocalisé d’Abidjan à Tunis début 2003, en raison de la crise politico-sécuritaire en Côte d’Ivoire.
Le président du groupe de la BAD est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois et les pouvoirs de vote sont au pro rata des actions détenues par les Etats actionnaires.
AFP
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