24/04/2024

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Le Togo dans la tourmente : la révolte censurée par RFI, Jeune Afrique, ect…

Médecins en grève, étudiants en colère : le Togo traverse une zone de turbulences

La capitale togolaise ferait-elle sa révolution ? Voilà plusieurs semaines qu’à Lomé, le corps hospitalier d’un côté et les étudiants de l’autre se mobilisent pour se faire entendre par le gouvernement. Malgré une forte présence policière à chaque manifestation, la grogne sociale pourrait, selon nos Observateurs, s’étendre à d’autres secteurs.

Les étudiants de l’Université de Lomé sont entrés en grève le 27 mai à l’appel du syndicat étudiant baptisé Mouvement pour l’épanouissement des étudiants togolais (MEET). Ils réclament, entre autres, l’aménagement du système LMD (un système d’enseignement basé sur un cursus de licence-master-doctorat qui a été instauré au Togo en 2008), la rénovation des salles de classe et la baisse des prix de restauration et de transport.

Le 7 juin, un accord a été signé par les représentants des étudiants et le gouvernement mais le calme n’est pas revenu sur le campus. Mercredi 15 juin, une manifestation a été dispersée par la police à l’aide de gaz lacrymogènes. Le président du MEET, Abou Seydou, a été interpellé ainsi que quatre autres membres du syndicat. Ils sont toujours détenus. Ils semblent être allés trop loin en appelant à marcher sur la Primature (lieu où travaille le Premier ministre).

[La manifestation étudiante a commencé le 28 juin-> http://www.youtube.com/watch?v=XX7B71k-Tqg&feature=player_embedded]

Parallèlement, à l’appel du Syndicat national des praticiens hospitaliers du Togo (SYNPHOT), les médecins et le personnel hospitalier du pays ont entamé, le 15 juin, pour la deuxième fois en deux semaines, une grève de quatre jours. Ils demandent au gouvernement de respecter les engagements qu’il a pris depuis 2006 concernant leurs indemnités de travail.

[Le 4 juin, les étudiants manifestent avec des partisans de l’opposition politique togolaise-> http://www.youtube.com/watch?v=UTSs8cmft3Y&feature=related]

Par ailleurs, l’opposition politique, incarnée par l’Alliance nationale pour le changement (ANC, parti de Jean-Pierre Fabre, opposant historique de Faure Gnassingbé, le président togolais) se mobilise régulièrement à Lomé pour protester contre une proposition de réforme constitutionnelle formulée par la coalition au pouvoir.

Autant de mouvements de contestation qui font souffler sur la capitale togolaise un air de révolte populaire.

« Sur le campus, les jours de pluie, certains cours sont annulés pour cause d’inondation »

Hamed est étudiant en troisième année de langue à l’Université de Lomé. Il participe au mouvement de grève des étudiants depuis le 27 mai.

Nos revendications sont légitimes et notre mouvement est pacifiste. Il y a d’abord un problème avec le système LMD qui est inadapté et bloque le fonctionnement de l’université. Par exemple, depuis l’entrée en vigueur de cette réforme, les étudiants sont obligés d’attendre un an avant de pouvoir rattraper une matière non validée à la fin d’un semestre alors qu’avant les rattrapages se faisaient dans la foulée.

Mais le pire, ce sont nos conditions d’études. Il y a 44 000 étudiants sur le campus pour 500 professeurs. Dans les amphithéâtres de 300 places, nous nous entassons à 600. Les plus courageux apportent un tabouret de chez eux pour pouvoir assister aux cours de l’extérieur. Les jours de pluie, certains cours sont annulés pour cause d’inondation.

Abou Seybou, le président du MEET, a été arrêté avec quatre autres personnes pour détérioration de matériel. L’arrestation a jeté de l’huile sur le feu. En plus de ne pas être entendu par le gouvernement, on nous envoie les forces de l’ordre pour nous bastonner. Pourtant, nous savons que le peu qu’on a sur le campus, nous nous devons de le conserver !

Ce matin, les étudiants se sont rassemblés pour demander sa libération. Cette fois, la manifestation s’est déroulée sans trop de heurts car les policiers ont été appelés pour bloquer la marche des militants du Frac [Front républicain pour l’alternance et le changement, une coalition qui regroupe les principales forces d’opposition dont l’ANC].  »

« Au Togo, qu’il y ait grève ou pas, c’est le service minimum en permanence à l’hôpital »

Le docteur David Dousset est le président du SYNPHOT (Syndicat national des praticiens hospitaliers du Togo) et médecin au CHU de Tokoin, à Lomé.

Nous organisons des assemblées générales, des sit-in mais, contrairement aux étudiants, pas de manifestations dans la rue parce que nous ne voulons pas être dégagés à coup de gaz lacrymogènes.

Voilà plusieurs mois que nous demandons la reconnaissance d’un statut particulier pour l’ensemble du personnel de santé. Nous pourrions ainsi voir revaloriser nos primes de risque et de garde [la prime de risque s’élève à 3000 francs CFA (4,5 euros) et une nuit d’astreinte est payée 1000 francs CFA (1,5 euro)]. En 2006, nous avions eu l’accord du gouvernement pour un changement de statut, mais il n’est jamais entré en vigueur. Les différents mouvements de contestation organisés depuis n’y ont rien fait.

Le secteur de la santé togolais est en péril. À cause de salaires misérables, 60% de médecins préfèrent travailler à l’étranger. Et cela ne devrait pas s’améliorer, car l’État ne cesse de répéter que les caisses sont vides. Imaginez-vous qu’il n’y pas de connexion Internet dans les hôpitaux !

Au Togo, grève ou pas grève, c’est le service minimum en permanence à l’hôpital. Depuis trois jours, plusieurs patients sont décédés à Lomé [en recensait 12 mercredi 15 juin à la mi-journée, NDLR] parce que le mouvement de contestation est très suivi par le personnel. La situation devient donc dramatique. »

Ce billet a été rédigé avec la collaboration de Peggy Bruguière, journaliste à [FRANCE 24->http://observers.france24.com/fr/content/20110616-togo-lome-manifestations-medecins-hopital-etudiants-universite-revendications-sociales]