16/04/2024

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Le Togo se retire de la CAN après l’attaque au Cabinda

AP | 09.01.2010 | 19:50 – L’équipe togolaise de football a annoncé son retrait de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) samedi, après la mort de trois personnes dans le mitraillage de son car dans l’enclave angolaise du Cabinda. Des indépendantistes locaux ont revendiqué l’attaque.

« Le Togo a décidé de se retirer de la CAN », a déclaré à la chaîne France 24 le porte-parole du gouvernement togolais, Pascal Bodjona. Il a fustigé l’attitude de la Confédération africaine de football (CAF), qui maintien le programme comme prévu et n’aurait « pas contacté le gouvernement » de Lomé.

L’autocar transportant les joueurs avait parcouru une dizaine de kilomètres depuis la frontière du Congo-Brazzaville quand il a essuyé des tirs de mitrailleuses vendredi soir. La fusillade a duré une demi-heure.

Le chauffeur angolais du véhicule, l’entraîneur adjoint de l’équipe et l’attaché de presse ont été tués, et au moins huit joueurs ont été grièvement blessés avant l’intervention des forces angolaises, selon les autorités, qui ajoutent que les agresseurs se sont ensuite repliés au Congo.

Parmi les blessés, le gardien remplaçant Kodjovi Obilalé a été transféré en Afrique du Sud pour des blessures au dos, a déclaré à l’Associated Press le président de son club français à Pontivy, Philippe Le Mestre, en contact avec des proches du joueur sur place. Le jeune homme était conscient et devait être opéré dans la soirée, selon le patron du Milpark Hospital à Johannesburg, Richard Friedland.

Quant au défenseur Serge Akakpo, âgé de 22 ans, il a été atteint de deux balles et a perdu beaucoup de sang mais est tiré d’affaire, selon son club roumain, le FC Vaslui.

Le gouvernement angolais a attribué l’attaque aux séparatistes du Front de libération de l’enclave du Cabinda (FLEC), qui l’a d’ailleurs revendiquée, selon l’agence de presse portugaise Lusa.

Principale région pétrolière de l’Angola située au nord du pays, le Cabinda est enclavé entre le Congo-Brazzaville au nord et la République démocratique du Congo (RDC) au sud et bordé par l’océan Atlantique à l’ouest. Une rébellion armée y reste active malgré la conclusion d’accords de paix entre le gouvernement de Luanda et les indépendantistes.

D’après le vice-président de la Fédération togolaise de football (FTF), Gabriel Ameyi, la sélection nationale aurait dû se rendre en Angola en avion, et non par la route. Le Togo devait affronter le Ghana lundi à Cabinda pour son premier match de la CAN, qui débute dimanche.

Et malgré l’attaque meurtrière, « le championnat va continuer », a affirmé samedi le ministre angolais des Sports, Goncalves Muandumba, dont le gouvernement compte sur la CAN pour montrer qu’il se rétablit après des décennies de guerre.

Mais les joueurs togolais ne semblent pas d’accord. Thomas Dossevi, également avant-centre au FC Nantes, a déclaré à l’Associated Press que l’équipe comptait se retirer du tournoi et quitter l’Angola en avion dimanche matin, et que des représentants avaient rencontré des responsables de la Confédération africaine de football (CAF) pour demander le report de la Coupe, en vain.

« Nous souhaitons que le début de la compétition soit retardé pour nous permettre de ramener nos morts chez nous », a déclaré à l’Associated Press l’avant-centre Thomas Dossevi, qui joue au FC Nantes.

Le footballeur s’est dit « déçu par la position de la CAF, pour qui le spectacle doit continuer quoi qu’il arrive ». « Je peux vous garantir que si la CAF ne veut pas reporter le début du championnat, il y aura d’autres équipes qui ne voudront pas jouer », a-t-il ajouté, « nous sommes des footballeurs, nous aimons jouer au football, mais il y a d’autres choses qui sont plus importantes ».

Manchester City, le club du capitaine des Togolais, Emmanuel Adebayor, a pour sa part annoncé dès samedi après-midi que les Eperviers voulaient se retirer de la CAN et « retrouver leur famille ».

De son côté, le manager général de la sélection ivoirienne, Kaba Koné, a reconnu que ses joueurs étaient « choqués » mais assuré que le retrait n’était pas envisagé. La CAN « peut encore être une grande fête », a-t-il ajouté. L’hôtel de l’équipe à Cabinda ne semblait pas gardé samedi, bien que M. Koné affirme que la CAF et les organisateurs de la CAN renforçaient la sécurité. AP