20/04/2024

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Le vrai faux-départ d’Edem Kodjo

« Le temps de l’action doit reprendre ses droits ! »

Son retrait de la scène politique togolaise était, selon ses propres termes, «momentané». Il aura été également très bref…Quelques mois après son outing de dépit consécutif à la mascarade électorale de juin, le président de la Convergence patriotique panafricaine( CPP) refait surface. Chronique d’une fin de retraite annoncée…

Par Franck Ekon

Début juin 2003 : au lendemain des présidentielles et comme il fallait s’y attendre, le pouvoir togolais inaugure une version encore plus hallucinante de la fraude électorale. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) donne même un peu dans la provocation : Edem Kodjo, ancien secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ancien Premier ministre et candidat de la CPP, un parti qui se dit « charnière » se voit attribuer 0,95% des suffrages.

Cela est visiblement trop pour la patience d’Edem Kodjo. Quelques jours après les résultats, la nouvelle tombe comme un couperet. Le Président de la CPP annonce le 10 juin qu’il « se retire momentanément de la vie politique togolaise » et précise son intention de prendre du recul par rapport à un combat auquel il aura consacré ces treize dernières années. Considérée sur le coup comme un simple caprice de politicien dépité par la capacité de nuisance d’un régime dictatorial qu’il connaît bien, la réaction post-électorale d’Edem Kodjo a suscité bien des commentaires. Au-delà d’un score électoral scandaleux pour un personnage de sa stature, de nombreux observateurs de la vie politique togolaise ont lié l’attitude du président de la CPP à l’enchevêtrement de tous les déboires que l’opposition a connus depuis l’enterrement de l’accord-cadre de Lomé jusqu’au puéril jeu du chat et de la souris vécu à la CFD à la veille du scrutin présidentiel.

De source proche de la défunte coalition des forces démocratiques, le président de la CPP aurait, jusqu’à la dernière minute, cru au schéma d’une candidature unique de l’opposition et ne se serait résolu à se présenter qu’en désespoir de cause. Le fait supplémentaire de constituer une sorte de souffre-douleur, régulièrement bombardé d’épithètes peu glorieuses dans les milieux politiques et la presse privée, a longtemps constitué un sujet d’agacement pour Edem Kodjo, même s’il se refuse, comme il le dit souvent, à verser « dans la polémique stérile ». Son contentieux avec Me Agboyibo, les différends épisodiques avec l’Union des forces de changement (UFC) sans compter la particularité du contexte politique togolais constituent d’autres facteurs qui, joints à l’amertume de juin dernier, ont certainemend joué un rôle majeur dans la décision du leader de la CPP.

Alors que pour beaucoup d’observateurs, le prolongement du « retrait momentané » de M. Kodjo augurait d’un renouvellement certain au sommet de la CPP, le comité directeur du parti a subitement mis fin aux diverses supputations le 31 décembre dernier. « Le comité directeur de la CPP, élargi à la JPP et au MF15 a pris à l’unanimité la décision de lancer un appel solennel à M. Edem Kodjo pour qu’il mette fin au recul momentané qu’il a pris sur les activités politiques nationales et reprenne sa place en tant que président de la CPP », précisent les membres du comité dans leur communiqué. Justifiant leur démarche par l’importance du « message clair et précis qui parvient, semaine après semaine, des villes, des campagnes, des hameaux », le comité ajoute ne vouloir négliger en ce moment « aucun talent, aucune compétence, aucune expérience ».

La réponse de M. Kodjo aux instances dirigeantes de son parti n’a pas tardé, confirmant les vues de ceux qui voient en le président de la CPP un « homo politicus » invétéré qui ne saurait résister longtemps loin de l’agitation politique. « Mon recul m’a permis de beaucoup observer pour mieux comprendre et peut-être mieux agir », affirme-t-il dans sa réponse aux membres du comité directeur de son parti après avoir « pris acte » de leur appel solennel. « Peut-être que le temps de l’observation doit prendre fin et celui de l’action reprendre ses droits; il y va peut-être de l’intérêt supérieur de notre pays », souligne le président de la CPP avant de promettre au comité directeur de son parti de lui faire connaître sa décision dans « les meilleurs délais ». Même si le retour de M. Kodjo aux commandes de la CPP n’est pas explicitement annoncé dans sa réponse, tout porte à croire que dans un très proche avenir, celui qu’on appelle là-bas « le Roi » retrouvera son trône au terme d’un « recul » qui n’aura, somme toute, pas duré bien longtemps !

Le remue-ménage actuel dans les milieux politiques togolais autour de la perspective d’un éventuel dialogue entre pouvoir et opposition ne fait que corroborer l’idée de l’imminence d’un retour de l’ancien Premier ministre à Lomé, comme c’est le cas pour les autres leaders de l’opposition actuellement en villégiature. Mais, comme les autres responsables de l’opposition, M. Kodjo et ses lieutenants auront fort à faire pour « booster » à nouveau les énergies de leurs troupes dans un contexte de lassitude générées par l’insolence d’une dictature triomphante.

Il reste à souhaiter pour la CPP ainsi que pour les autres formations politiques de l’opposition que les expériences de ces dernières années portent leurs fruits et surtout que les mêmes erreurs soient évitées…

La rédaction letogolais.com