23/04/2024

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Message de remerciements de François A. Boko, ancien ministre de l’intérieur du Togo

Chers Concitoyens,

Ceux qui m’ont connu peuvent honnêtement attester que j’ai rarement triché avec mes convictions et qu’à tous les postes (militaires, civils et politiques) que j’ai acceptés d’occuper, parfois dans des conditions difficiles, j’ai toujours essayé d’être en harmonie avec les exigences de ma conscience et celles de l’intérêt général. C’est dans un tel esprit qu’il faut comprendre la position que j’ai prise à la veille de l’élection présidentielle togolaise du 24 avril 2005.

En effet, eu égard aux dangers que traversait notre pays et aux risques réels de dérapages sanglants qui se profilaient à l’horizon et après avoir en vain tenté de convaincre les autorités politiques et militaires de la nécessité de changer d’option pour sauver l’essentiel, j’ai décidé de démissionner de ma fonction de Ministre de l’Intérieur en me désolidarisant d’un processus électoral chaotique. Pour moi, l’intérêt général était gravement menacé et les signaux observés annonciateurs d’un péril imminent, ne me permettaient plus d’être en harmonie avec les valeurs d’éthique qui sont les miennes. Cependant, lorsque j’avançais ces prévisions catastrophiques, j’espérais fortement avoir plus de peur que de mal. Je suis malheureusement à présent meurtri par les conséquences de cette gourmandise politique qui a conduit à la tragédie que vivent les Togolais aujourd’hui. Je m’associe en particulier aux prières et supplications pour la mémoire de ceux de nos concitoyens tombés pour la démocratie et souhaite que le sang versé balise les voies de la vraie réconciliation nationale pour laquelle j’invite tous les Togolais à s’atteler obstinément.

L’impressionnante manifestation de sympathie, d’encouragement qui m’est parvenue et qui continue de me parvenir, les coups de fils et lettres d’amitié à mon épouse et à mon fils en détresse, les marques spontanées de générosité ainsi que les offres d’hospitalité me sont allés droit au cœur et m’ont permis de mesurer la flamme d’espoir qui traverse ce pays. Je dis merci aux Togolais pour cet élan de solidarité et pour leur mobilisation qui a permis en grande partie de sauver ma vie.

J’ai été particulièrement sensible à la grande sympathie exprimée par les jeunes de la capitale et de l’intérieur de notre pays, les femmes du marché, les acteurs de la société civile, certains leaders politiques venant d’horizons divers dont l’action a participé au dénouement heureux de la situation que j’ai traversée.

Je suis reconnaissant à la gigantesque mobilisation de la diaspora dont les réseaux ont beaucoup contribué à attirer l’attention positive et la vigilance de certaines diplomaties et de l’opinion internationale.

J’exprime ma gratitude aux femmes et hommes de Dieu pour leurs prières et leurs supplications et les invite à continuer de nourrir spirituellement ce peuple qui en a tant besoin.

A mes frères d’armes, je leur renouvelle l’amitié constante qu’ils m’ont témoignée et leur demande de croire au rendez-vous avec la patrie pour une aube nouvelle empreinte de réconciliation et de tolérance, dans laquelle le peuple cessera d’être considéré comme l’ennemi du dedans et pourra enfin jouir de la protection et du respect qu’il mérite légitimement.

A mes amis, qui m’ont gardé et exprimé leur amitié et m’ont soutenu dans ces moments difficiles, je suis reconnaissant.

A certains de mes anciens partenaires politiques, qui désormais me vouent aux gémonies et utilisent des méthodes d’un autre âge fondées sur la calomnie et les montages grossiers et grotesques pour porter atteinte à mon intégrité morale et à celle de ma famille, je les rassure que ces orchestrations n’ébranleront en rien mes convictions politiques et ma détermination à les exprimer et à les défendre au nom de l’intérêt général. Face à ces mensonges qui illustrent bien l’incapacité de ceux qui les fomentent à changer de méthodes, je fais confiance au peuple souverain qui saura discerner. Car « on peut un temps tromper tout le peuple; on peut tout le temps tromper une partie du peuple; mais on ne peut pas tout le temps tromper tout le peuple ».

Pour ma part, je continuerai de défendre mes idées en utilisant des moyens politiques et en m’imposant des règles d’éthique et de déontologie qui proscrivent l’usage de la diffamation et de la calomnie pour donner des coups politiques. Cependant, lorsque par la force des calomnies, mes adversaires m’obligent à descendre dans l’arène, je me réserve le droit de retourner au cœur des délicates investigations que j’ai eues le privilège de mener pour montrer les preuves de mon intégrité morale.

Enfin, je reste infiniment reconnaissant aux diplomaties allemande et française, à celles de l’Union Européenne, des États-Unis, des Nations Unies et de l’Union africaine, ainsi qu’au soutien de certains chefs d’État d’Afrique et d’ailleurs dont l’efficacité a rendu possible mon exfiltration. Je souhaite que la communauté internationale n’abandonne pas ce peuple qui cherche inlassablement sa voie et qui croit fondamentalement que les valeurs de liberté, de progrès et d’humanisme dont aspirent légitimement tous les peuples, ne sont pas des valeurs à géométrie variable.

Peuple togolais, peuple meurtri, ne soit pas désespéré. Ploie, fléchis mais ne romps pas car tu as rendez-vous avec ta patrie qui t’attend pour une aube nouvelle de réconciliation nationale.

Paris, le 01 juin 2005

François A. Boko
Ancien Ministre de l’Intérieur, de la sécurité et de la décentralisation du Togo