18/04/2024

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Nuit sur le Togo (3) : Les législatives annoncées pour le 24 juin 2007

Lors de son séjour en France, en septembre dernier, Faure a montré à ses hôtes, pantois, la partie la plus intime de son anatomie : sa médiocrité intellectuelle. Il pensait bien faire en jetant à la face de ses auditeurs cette promesse alléchante, curieusement reprise pour son compte par son Premier ministre à l’Assemblée nationale d’organiser les législatives en juin prochain.
On peut dire que le choix de la date, qui n’a fait l’objet d’aucune concertation, n’est pas du tout innocent : cette date renvoie aux présidentielles frauduleuses de juin 2003 que son père avait organisées. Dans le Sud, c’est la saison pluvieuse peu propice à la votation, et dans le Nord, c’est le moment qui prélude aux luttes évala dans la Kozah, en pays kabyè. C’est aussi le moment que le Clan met à profit pour sponsoriser ces luttes et on voit mal les candidats des partis dits d’opposition aller défier ceux du RPT dans leur « fief naturel » supposé. Me Agboyibor et le Professeur Gnininvi et d’autres ne se sont jamais hasardés à implanter leur parti dans la Kozah que le Clan considérait comme sa cité-forteresse.

Mais plus fondamentalement Dieu seul peut savoir si les prochaines législatives auront bien lieu au Togo. A vrai dire, les législatives intéressent infiniment peu de monde : le Clan qui sait que son parti le RPT risque de prendre une raclée n’est pas chaud. Les partis dits d’opposition au gouvernement meuvent dans la même crainte que le RPT, ils se rendent comptent leur collaborationnisme n’est pas électoralement payant dans un pays au nationalisme ombrageux. Bénéficiant dorénavant des moyens d’Etat (moyens de déplacements et de l’argent) ils vont aussi battre campagne. Car c’est l’Union européenne qui, pour ouvrir ses mains bourrées de sous, oblige la classe politique à aller aux élections législatives, qui plus est doivent être… «transparentes ». D’ores et déjà ses missions d’évaluation sur le terrain se suivent et se ressemblent avec à la bouche le leitmotiv de « progrès considérables » accomplis par Faure que les Togolais peinent à voir.

C’est que techniquement, l’administration togolaise, dont quelques pans tiennent encore debout dans le champ de ruine, n’est pas armée pour organiser une véritable élection transparente et sincère, surtout dans le délai aussi rapproché imposé par Faure et son Premier ministre, le Bélier, avaleur de grosses couleuvres. Le Clan fera tout pour contrecarrer toute volonté mal venue d’organiser ces législatives annoncées, surtout s’il est convaincu de les perdre. Et si d’aventure on venait à les organiser, il y a 99,99 % et plus de chance qu’elles soient frauduleuses.

En tout cas, la machine à frauder est mise et se met progressivement en place avec une CENI erpétisée pour la présidence de laquelle la classe politique et surtout les partis dits d’opposition se sont battus comme des gladiateurs romains. Depuis le démembrement du ministère de l’Intérieur à la suite du départ de François Boko, ce sont Séléagodji Ahumey-Zunu de la CPP, ministre de l’Administration territoriale, et Ouro Bossi Tchacondoh du CAR, ministre chargé des Collectivités locales et délégué auprès de lui, qui ont la responsabilité d’organiser ces législatives. Ils ne les organiseront pas pour que leurs partis et le RPT les perdent, loin s’en faut. Vont se nouer des alliances électorales, avec des combinaisons bizarroïdes, entre les partis au gouvernement ou non que le ministre Ahumey-Zunu et son bras droit Tchacondoh traduiront dans les urnes avec la bienveillance de la CENI, des préfets et des magistrats nommés sur mesure. On peut très bien imaginer le Clan et le RPT s’octroyer entre 30 et 35 députés sur 81 dans le Nord du pays, supposé son fief politique, quitte aux autres partis de se débrouiller pour en rapporter dans la corbeille de l’alliance entre 20 et 25 dans le Sud. Dans l’hypothèse haute, il ne restera que quelque 21 députés à dispatcher entre les formations restantes et celles que le pouvoir suscitera à la dernière minute. Et il est n’est pas incongru de penser que les simiens de la Cour constitutionnelle tient déjà prêt le certificat de validation des législatives annoncées.

L’Union européenne, prédisposée et conditionnée, n’y verra que du feu, d’autant que ce sont les partis dits d’opposition (le CAR et la CPP) qui les ont organisées. L’UFC et son « impérial » leader Gilchrist Olympio, pour le moment déboussolé, ainsi que quelques groupuscules auront beau crier au vol et au scandale, très peu de monde les prendrait au sérieux quand bien même tout le monde sait que ces législatives n’ont pas été un brin sérieuses. Comme son icône Me Agboyibor, Madame Célestine Aïdam, ministresse du strapontin ludique des Droits de l’homme et de la Démocratie, n’aura qu’avaler elle aussi des couleuvres pour étouffer tout le long travail de conscientisation politique au vote que son ONG le GF2D faisait auprès des femmes. Comment pourra-t-elle dénoncer les fraudes que le gouvernement dans lequel elle siège aura orchestrées sans perdre son âme : son gagne-pain ?

L’Union européenne n’aura qu’alors à ouvrir tout grand le robinet de ses subventions ; et le peuple, heureux-content-dansant, chantera à tue-tête, plutôt à tue-corps des « Faure, tu es fort ! », des « Merci Faure ! », vestiges mémoriels du culte de la personnalité si caractéristique de la dictature Eyadéma. A partir de ce moment-là, sera-il encore possible d’expulser de la culture politique togolaise, la dynastisation du régime et la bordélisation du pays qui sont en train d’opérer des pas de géant sous nos yeux ?

Bordeaux, le 11 novembre 2006
Comi M. Toulabor
CEAN- Sciences Po Bordeaux

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On évoquera quatre points pour mettre en exergue le grand bordel politique qu’est devenu le Togo sans toutefois rentrer dans des détails :
1) les accords de Ouaga IV
2) le gouvernement de Me Agboyibor
3) les législatives annoncées de 2007
4) les prochaines présidentielles de 2010.

Prochaine publication le 12/11/06 de la 4° partie de Togoano Nox:
les prochaines présidentielles de 2010.