25/04/2024

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Parti des Travailleurs: Appel à resemblement le 27/02/06 contre l’impunité

PARTI DES TRAVAILLEURS
Membre de l’Entente internationale des travailleurs (EIT)

27/28 février, 1er mars 2005 27/28 février, 1er mars 2006

· Il y a un an : la sanglante répression de la marche pacifique des femmes, à l’installation du régime RPTiste d’Abass BONFOH
·Un an après : il est temps de mettre fin à l’impunité de ces crimes !

Il y a un an, les 27/28 février et 1er mars 2005, le régime d’Abass BONFOH, Vice-président de l’Assemblée nationale croupion RPT, déchaînait une sanglante répression contre une marche pacifique des femmes et les paisibles populations du Quartier Bè. Il venait de remplacer, à la tête de l’Etat togolais, le putschiste Faure Essozimna Gnassingbé qui avait été contraint à la démission, le 26 février 2005, face aux condamnations unanimes qui fusaient de partout, tant au niveau national qu’international, contre le coup d’Etat militaire par lequel il avait été monarchiquement imposé à la tête de l’Etat togolais, suite à l’annonce du décès de son père, Etienne GNASSINGBE Eyadéma.

La barbarie de cette sanglante répression a occasionné au moins 7 morts dont 3 cadavres repêchés de la lagune de Bè parmi lesquels un enfant de 12 ans ! Ils s’ajoutent aux 3 morts occasionnés par la sanglante répression de la mutinerie à la Prison civile de Lomé, le 7 février 2005 et aux 4 autres morts occasionnés par la sanglante répression des mêmes forces de répression contre le premier meeting de l’après Eyadéma, appelé par la coalition de six partis de l’opposition démocratique, le samedi 12 février 2005, au Terrain de Bèniglato, à Lomé, faisant à l’époque, au total 14 morts, 22 jours seulement après l’annonce de la disparition d’Etienne GNASSINGBE Eyadéma !

A l’occasion de la commémoration du 1er anniversaire de ce massacre, le Parti des travailleurs tient à rendre un hommage déférent à la mémoire de tous ces martyrs. Il appelle tous les démocrates et organisations qui sont attachés au respect des droits de l’Homme, à la démocratie et au combat contre l’impunité à participer au:

RASSEMBLEMENT AVEC DEPOT DE GERBES DE FLEURS
DEVANT LE CENTRE COMMUNAUTAIRE DE BE
LUNDI 27 FEVRIER 2006 A 13H 00

Pour rendre hommage à la mémoire de ceux qui sont morts noyés dans la Lagune de Bè et au Quartier Bè, les 27,28 février et 1er mars 2005

Une répression sanglante, aveugle, barbare, de la marche des femmes !

Ce 27 février 2005, à l’initiative d’un collectif de femmes de toutes tendances, près de 40 000 à 50 000 femmes, toutes de rouge vêtues pour signifier un avertissement au pouvoir illégitime issu du coup d’Etat du 5 février, les femmes ont manifesté à travers les rues de Lomé, répondant à un

Appel pour cette marche qui disait notamment :
« Femmes, mères et citoyennes quels que soient notre statut et notre condition socio- économique, ce coup de force nous interpelle. Femmes, enfants, jeunes, nous sommes les premières victimes de la crise dans laquelle nous enfonce davantage cette situation. Notre Constitution nous fait le devoir et l’obligation de nous mobiliser pour dire non et exiger le retour à l’ordre constitutionnel. »

La marche avait entre autres, pour objet d’exiger le « rétablissement de la légalité constitutionnelle » contre le coup d’Etat militaire qui a porté au pouvoir, le 5 février 2005, le pustchiste Faure Essozimna GNASSINGBE.
Partie de son point de rassemblement devant le Restaurant La Pirogue, sur le boulevard circulaire, cette grande marée humaine rouge, a déferlé jusqu’au Stade de Béniglato où s’est tenu le meeting de clôture. Vers la fin du meeting, les forces de l’ordre ont commencé à tirer des grenades lacrymogènes dans tout le quartier du stade provoquant panique, débandade et un sauve-qui-peut général, les manifestants commençant à courir dans tous les sens pour fuir les lieux afin de rentrer chez eux. Dans leur fuite, ils tombaient malheureusement, à l’extérieur, entre les mains des forces de l’ordre qui se déchaînaient sur eux, avec une rare sauvagerie pour les disperser.

La sauvage répression s’était généralisée à la Lagune et au Quartier Bè !

Il n’en fallait pas plus pour que la répression déborde dans l’espace jusqu’au quartier Bè et ses environs, qu’elle a embrasé car, comme à l’accoutumée, les jeunes ont réagi aux expéditions punitives des forces de l’ordre par des jets de pierres et en brûlant des pneus. Les forces de l’ordre ont, alors, commencé à tirer à balles réelles, donnant à la répression un caractère d’une extrême gravité.

Cette répression contre les paisibles populations s’est également étendue dans le temps, de ce dimanche 27 février au lundi 28 février où les forces de l’ordre, appuyées par les milices du RPT, sont revenues à la charge très tôt le matin pour une seconde expédition punitive qui s’est poursuivie le mardi 1er mars 2005, utilisant les mêmes méthodes de répression des plus violentes.
La répression prendra un caractère gravissime aux abords de la Lagune de Bè, dans les rues du quartier, dans les maisons dont les forces de répression fracturaient les portes pour y faire des intrusions intempestives et illégales, tuant de façon aveugle, violant nombre de pauvres jeunes filles et mères de famille, passant systématiquement à tabac d’innocents citoyens vaquant à leurs activités domestiques ou professionnelles, fracturant les portails des concessions et portes des logements des habitants de Bè. Par ailleurs, il a été signalé que nombre de jeunes, porté disparus, ont été enlevés par les forces de répression qui les ont emmenés vers une destination inconnue.

Le bilan de cette sanglante répression s’établit comme suit :
— Morts par balles :
·1°) AKAKPO Gloria : 19 ans, étudiante en FASEG I à l’Université de Lomé, froidement abattue par des militaires, le 27 février 2005, morte des suites de ses blessures par balles au cou, à Adakpamé, sur le chemin de retour de chez sa tante ;
·2°) AKPAKA Yao : 25 ans, chauffeur, abattu au quartier de Bè Aklassou, le 27 février 2005 ;
·3°) SEDONOU Yao : 30 ans, menuisier, tué à bout portant par balle tirée en pleine tête par un militaire au moment où il allait au WC, la nuit du 27 février 2005, vers 22 h, le propriétaire de la maison dans laquelle il a été tué ayant aussi été atteint par balles à la côte.
— Plus d’une centaine de blessés ;
— De nombreux disparus.

Le 27 février, la répression a duré jusque tard dans la nuit et tout passant était systématiquement soupçonné d’avoir participé à la marche des femmes et passé à tabac. Et pourtant, s’il faut en croire les récits des « rescapés », certains revenaient simplement du culte le dimanche soir, d’autres étaient en simple promenade du soir, d’autres encore allaient ou revenaient d’une visite rendue à un proche, certains enfin se rendaient au travail de nuit.
Le soir, des élèves en train d’étudier ont été grièvement blessés par des militaires qui ont fait brutalement irruption dans la maison et se sont mis à les passer à tabac…

A leur arrivés au quartier Bè, les militaires faisaient preuve d’une véritable folie meurtrière nourrie par une hargne punitive féroce contre les populations de ce quartier identifiée comme étant hostile à la préservation de la pérennité du pouvoir et des privilèges du clan GNASSINGBE et du régime illégal RPT, n’hésitaient pas à déclarer notamment :
« Vous voulez le changement non ? Les opposants sont quelque part ; nous on va vous tuer ici et ils vont venir vous sauver ! »
Aux abords de la Lagune de Bè, les forces de l’ordre, faisant preuve Bè, ont délibérément noyé trois jeunes gens, exactement comme cela s’était passé au même endroit, il y a près de 14 ans, le 10 avril 1991.
Le lundi 28 février, lendemain de ces événements, leurs corps ont été retrouvés dans la Lagune de Bè. Il s’agit de :
— 1°) EZE Efoé : 12 ans, élève, mort après avoir été sauvagement battu, le 27 février 2005, s’être fait ligoter les mains puis noyé dans la lagune de Bè par les forces de l’ordre ;
— 2°) AMOUZOU Têko : 23 ans, menuisier, mort noyé dans la lagune de Bè, le 27 février 2005 ;
— 3°) KOUDI Koffi : mort noyé dans la lagune de Bè, le 27 février 2005 ;
— 4°) GNAZO Gbadoé Nicolas : 25 ans, photographe, assassiné et repêché mort noyé dans la lagune de Bè, le 28 février 2005 ;

Dire : « Non à l’impunité ! »

Cette sanglante répression rappelle, d’une part, la sauvage répression de la manifestation organisée par les femmes de Lomé, le 23 mars 1991 et les sanglants épisodes des massacres de la Lagune de Bè, le 10 avril 1991, lors desquels un contingent de l’armée togolaise a tué de pauvres citoyens innocents parmi lesquels une femme enceinte et une autre portant un bébé au dos.
Parce que l’objectif visé par la répression du lundi 28 février était par ailleurs d’empêcher la population du quartier Bè d’aller accueillir, à l’aéroport, la mission envoyée par la CEDEAO qui arrivait à Lomé ce jour-là, la répression de ce jour-là rappelle la sanglante répression du 25 janvier 1993 à Fréau jardin où des éléments de la Police et de l’armée ont tiré à balles réelles sur la marche pacifique de plus de 300 000 personnes, venues accueillir les ministres français et allemand de la coopération Marcel Debarge et Helmut Schaeffer arrivant au Togo.

Au moment où le clan GNASSINGBE et les caciques du RPT sont engagés, ces 24 et 25 février 2006, dans les coûteuses festivités pour les obsèques de feu Etienne GNASSINGBE Eyadéma, le Parti des travailleurs, tient à dénoncer et à condamner avec la plus grande vigueur l’impunité dont le régime illégal de Faure Essozimna GNASSINGBE couvre les crimes commis les 27/28 février et 1er mars 2005.
C’est pourquoi, à l’occasion de la commémoration du 1er anniversaire de la répression sanglante de la Marche des femmes et au Quartier Bè, les 27,28 février et 1er mars 2005, à Lomé, le Parti des travailleurs appelle tous ceux, démocrates et organisations, qui se réclament de la démocratie et du respect des droits de l’Homme au Togo et à l’échelle internationale, à se mobiliser pour exiger avec lui :
1°) la recherche et l’arrestation des auteurs et commanditaires des massacres, viols et exactions des 27, 28 février et 1er mars 2005, à Lomé pour qu’ils soient déférés devant les tribunaux pour en répondre, afin que justice soit rendue aux victimes ;
2°) l’ouverture d’une enquête pour faire toute la lumière sur cette répression sanglante ;
3°) la réapparition en vie de tous les disparus des 27, 28 février et 1er mars 2005 ;
4°) le respect des droits de l’Homme et des libertés démocratiques au Togo ;
5°) la fin de l’impunité au Togo.
Lomé, le 24 février 2006
Pour le Comité politique national du Parti des travailleurs,
Le Secrétaire chargé de la coordination

Claude AMEGANVI