19/04/2024

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Rapport du bureau des réfugiés togolais de Kpomassé

RAPPORT DU BUREAU DES RÉFUGIÉS TOGOLAIS RÉSIDANT SUR LE SITE DE KPOMASSE

Avant toute chose, nous voudrions vous soumettre les références et aussi les noms de certaines autorités directement liées à ce rapport afin de vous présenter un tableau détaillé des faits.

1- L’UNHCR avec ses représentants qui sont:
– Mr. Saidi Rafik (Représentant régional de l’UNHCR)
– Mr. Michel Gaudet, l’ex Représentant de l’UNHCR Cotonou
– Mme Anne-Marie Messier (Responsable régional chargé de la protection juridique des réfugiés qui vient de remplacer Mr Mamadou Dian Balde)

2- Le Ministère de l’Intérieur du Bénin représenté par:
– Mr. le Commissaire Alfred Sohou (Responsable de la CNAR:Coordination nationale pour l’assistance aux réfugiés) et Directeur de la DPPC
– Mr. Moussa, Ex Directeur de la DPPC
– Mr. Nicaise Satokina (l’Administrateur du Camp de Kpomassè

3- Les partenaires du HCR
– Mr. Philipe, Coordonnateur national de CARITAS BÉNIN
– Mr Maxime Daho, Agent de CARITAS BENIN auprès des réfugiés de Kpomassè
– Mr Albert Ekue, Directeur du CPPS

DANS LA DESCENTE VERS L’ENFER

A: Présentation générale de la situation des réfugiés et tentative de leur intégration locale

Le centre d’hébergement de réfugiés de Kpomassé inauguré le vendredi 22 octobre1999, est situé dans un village isolé à quinze (15) kilomètre de Ouidah. Un village où on ne retrouve qu’une mairie, une gendarmerie, une école primaire, un collège, un hôpital et une institution de micro finance; pas un marché plus rien du tout. Ce centre compte environ 250 familles de nationalité dont la plus grande majorité en exil plus d’une décennie. Obligés de fuir pour préserver leur vie, ces réfugiés sont pour la plupart dépourvus de tous moyens de subsistance d’où leur dépendance des aides humanitaires. Tousses, d’une manière ou d’une autre, ont connu la pire atrocité du régime Gnassingbe, (…) du fait de leurs opinions politiques divergentes.Quand on sait que la famille est la plus ancienne des institution jouant un rôle essentiel dans la société africaine et que cette famille est en proie à des divisions,on comprendra mieux l’ampleur des taches et des difficultés auxquelles ces réfugiés sont confrontés.La chose la plus logique pour ces personnes est de reconstruire leur vie sur de nouvelle base.

– Pourquoi faut-il tout reconstruire lorsque tout est en ruine?
– Pourquoi est-il impossible pour ces réfugiés du site de Kpomassè d’envisager une reconstruction au Bénin?
– Pourquoi est-il impératif que les réfugiés du site Kpomassè en général et les Togolais en particulier, soient réinstallés dans leur totalité?
Pour mieux comprendre le premier point, nous allons faire une petite analyse au niveau de la psychologie de la personne du réfugié.

En effet, rien n’est plus rassurant pour un bourreau que de voir continuer le traumatisme de ses victimes. Une fois l’amygdale affecté, beaucoup sont ces victimes qui traînent avec des séquelles de leurs premières souffrances et qui pour ce fait peinent à trouver assez d’énergies pour amorcer la reconstruction d’un chez soi. Il est presque impossible pour certaines personnes de recommencer une vie à coté de l’endroit ou ils ont tout perdu. C’est le cas des réfugiés togolais de kpomassè qui malgré une décennie passée au Bénin tardent à trouver un horizon prospère. L’échec du programme de microprojet pour ces réfugiés dans la république du Bénin en est une preuve irréfutable qui démontre une fois encore que l’intégration au Bénin des réfugiés du site de kpomassè est une conception déplacée et dénudée de tout réalisme.

D’une source certaine, l’enquête visant à évaluer les capacités d’insertion professionnelle des réfugiés au Bénin lancée à Cotonou le 25 août 2005, enquête pour laquelle le Bureau International du Travail (BIT) a dépêché deux consultants internationaux, a révélé que beaucoup sont ces réfugiés qui préfèrent travailler pour une entreprise moyennant un salaire. Or le constat est alarmant lorsqu’on sait que le marché du travail béninois est impuissant face à l’accroissement du chômage au Bénin et que la possibilité d’infiltration sur ce marché est très négligeable pour ces réfugiés.

Concernant le centre Panafricain de Prospective Social (CPPS) partenaire du HCR s’occupant des études universitaires, des formations professionnelles et de l’insertion professionnelle des réfugiés le constat est tout aussi alarmant dans la mesure où l’objectif essentiel n’est jamais atteint. Nous sommes tentés de comparer cette institution à un service de comptabilité où l’on s’évertue à faire la différence entre les recettes et les dépenses.

L’évaluation qualitative c’est à dire l’impact des formations sur la vie des réfugiés
– Les réfugiés après ces formations sont ils capables de se prendre en charge?
– Combien sont ces réfugiés qui se sont installés après la fin de leur apprentissage?
– Combien sont les étudiants qui ont pu décrocher un emploi après leurs études universitaires?
Le bilan est alarment et ceci n’est pas étonnant si l’on sait que le taux du chômage au Bénin est l’un des plus élevés au monde. Le mieux est de faire quelque chose pour éviter cette catastrophe, tant pour les réfugiés que les donateurs qui à en juger de très près, ne font que jeter leur argent par la fenêtre. Il faut trouver une nouvelle formule dans la recherche de solutions durables aux réfugiés.

Du point de vue de l’assistance aux réfugiés sur le site de Kpomassè, aujourd’hui peu de choses sont faits à l’endroit des réfugiés. Outre la distribution trimestrielle de charbon de bois et l’assistance scolaire et médicale sans parler de l’esprit de désordre dans lequel cette assistance est accordée, tous les réfugiés sont laissés à eux-mêmes pour leur subsistance parce que pour les responsables du HCR et ses partenaires, nous avons faits plus d’une décennie et il n’est plus question de nous venir en aide pour notre alimentation, et ils ignorent que de par notre état de vulnérabilité et de précarité, seule une solution appropriée nous éviterais le génocide dans lequel ils veulent nous plonger en nous obligeant de nous éterniser ici au Bénin.

Il est à noter que le chargé social sur le site en la personne de Mr Maxime Doha, est un provocateur qui ne cesse de monter les réfugiés contre eux-mêmes. Pour accorder l’assistance médicale, c’est tout un problème et grâce à son manque de tact et de sympathie sociale, la plupart des réfugiés sont dans un état lamentable de santé. Pour nous, nous savons que ces stratégies sont mises en place pour le détournement des vivres des ayant droits et jusqu’à ce jour, ce que l’on ne comprend pas est le fait de le maintenir à son poste malgré les multiples plaintes des réfugiés contre lui. C’est à dire que tout est fait pour voir prolonger les souffrances des réfugiés dans un village reculé où les serpents venimeux sont les maîtres de terre, l’électricité quasi inexistante qui plonge les esprits attristés par une décennie de cauchemar dans le noir total. Les pleurs, les gémissements, la colère, le traumatisme sont les maîtres mots d’une communauté vulnérable qui a tant souffert, qui continue de souffrir et qui ne demande qu’une seule chose: ne plus souffrir.

En démontre l’état de certaines personnes malades qui par manque de soins adéquats, sont mortes, et elles ne sont que des victimes d’un système qui ne dit pas son nom et qui ne sert qu’à tromper pour recevoir de l’argent de la communauté internationale dans le but de servir sa fin au détriment de pauvres innocents qui ne demandent qu’à respirer un peu d’air frais d’une liberté tant recherchée. An nombre de ces décès, nous nous souvenons avec amertume du cas de feu Kpessou et celui du feu Guessou qui sont morts à cause de la lenteur de leur évacuation. Imaginer des réfugiés malades depuis plusieurs années et qui après qu’ils ont subi des interviews pour leur évacuation dans un pays plus capable et plus équipé que le Bénin, ont succombé à leur maladie, et pourquoi? Manque de volonté? Ou négligence de la part des responsables du HCR? Et de tels cas sont légions. Nous voudrons rappeler aux responsables du HCR et à toute la communauté internationale que la non assistance à une personne en danger est un délit grave punissable par la loi. Aujourd’hui encore, sous l’œil meurtrier des responsables du HCR Cotonou, beaucoup de malades attendent encore d’aller au cimetière comme s’ils étaient des vailles que riens. Nous osons affirmer que de tels décès arrangent nos détracteurs qui après avoir échoué dans leur désir d’intégrer les réfugiés au Bénin, envisagent une possibilité d’intégrer les morts parce que pour les vivants il ne reste que la possibilité d’une réinstallation dans un pays tiers. Aujourd’hui même, ils parlent de réintégration comme si une quatrième solution durable pour les réfugiés est en train d’être mise en place au Bénin.

Une fois encore nous demandons à Monsieur le Représentant sous-régional, Mr Rafik Saidi, de prendre toutes ses responsabilités en tant que responsable humanitaire et nous voudrions lui rappeler l’article 3 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. N’est ce pas à lui de protéger et préserver la vie des réfugiés? «Le Bénin est le pays en Afrique où les réfugiés sont les mieux traités» Une telle déclaration n’est pas du Directeur de la DPPC, ni d’un Ministre béninois, mais du Représentant de l’UNHCR Cotonou. Et si dans les conditions dans lesquelles, nous les réfugiés nous vivons et après que Monsieur Saidi nous ait lui même affirmé que les réfugiés de Kpomassè souffrent beaucoup et qu’il est venu pour leur réinstallation, nous sommes en droit de lui dire qu’il ferait mieux de moins visiter les médias et de se consacrer à l’essentiel de son travail. Ou bien on est un Représentant des réfugiés au Bénin, ou bien on est un Représentant du pouvoir dictatorial du Togo, et dans ce cas nous sommes prêts à aller jusqu’au bout pour que la réinstallation que Monsieur Saidi lui-même nous a promise soit effective.

B: Les Représentants de l’UNHCR Cotonou

Les représentants du Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) au Bénin depuis l’arrivé des réfugiés au Bénin, se sont toujours dévoués à leurs tâches c’est à dire les instructions pour une amélioration des conditions de vie des réfugiés. Certes, les efforts mitigés ont été fait dans l’instauration d’un mécanisme susceptible de préserver des principes dans le strict respect des dogmes des Nations Unies. Au nombre de ces représentants, deux ont particulièrement marqué l’histoire des réfugiés du site de Kpomassè. Nous devons citer Mr Godet, l’avant dernier Représentant en poste dans la République du Bénin, et l’actuel représentant, le nommé Mr Rafik Saidi.

Mr Godet a été le Représentant qui a assisté à la grève des femmes du site des réfugiés de Kpomassè. En effet, suite à la dégradation des conditions de vie des réfugiés du site, des femmes et leurs enfants avaient mené un mouvement de protestation, lequel à débuté le 03 juin 2003 devant le siège du HCR. Cotonou. Ce mouvement, bien qu’étant pacifique, a suscité des grincements de dents et des sentiments de colère, dans les couloirs du HCR et de la DPPC dirigée alors par un certain Moussa qui a beaucoup fait parler de lui par sa cruauté envers les femmes. Ces autorités qui ont usé de tous les moyens pour empêcher ces vaillantes femmes de dénoncer ces pratiques mafieuses qui, quoi qu’on en dise, ne profitaient à personne.

La solidification de ce mouvement des femmes malgré les diverses tentatives de corruptions, de menaces suivis de bastonnades, a entraîné une intervention radiodiffusée de Mr Godet qui n’a fait que réitérer son engagement à empêcher l’amplification de ce mouvement. Le 23 juillet 2003, plusieurs de ces femmes ont été mises en prison pour seul motif, une sortie visant à montrer aux yeux de toute l’humanité, les conditions misérables dans lesquelles elles vivent sur le site de Kpomassè. (…) Grâce à l’intervention des organisations des droits de l’Homme tels que la ligue béninoise des droits de l’homme et Amnesty International, ces femmes ont été libérées et conduites manu militari sur le site de Kpomassè avec une promesse ferme comme quoi une attention particulière serait portée à leurs doléances pour le règlement définitif de leur problème en ce qui concerne la réinstallation. C’est aussi dans ce cadre que Monsieur Godet, l’ex Représentant de HCR Cotonou, a été convoqué d’urgence à Genève et remplacé par Monsieur Rafik Saidi.

Le nouveau Représentant de part son esprit de négociation, fait des déclarations très contradictoires. Les rencontres de décembre 2004 et d’octobre 2005 avec Mr Saidi ont donné lieu à des promesses assorties des conditions telles que les critères de sélection, le quota des réfugiés à réinstaller et la fermeture prochaine du camp de Kpomassè, et au cours des récentes rencontres, il va même jusqu’à donner des chiffres contradictoires sur ces quotas, tantôt il parle du nombre 500 familles, tantôt c’est 300 familles, etc. L’ironie du sort est que jusqu’à ce jour, aucun de ces points soulevés au cours de ces rencontres, n’ait été constaté sur le terrain, au contraire un constat de la mauvaise volonté du Représentant avait pris une fois encore le pas sur ses déclarations d’intention. En démontre les multiples lettres de refus distribuées aux réfugiés suite à leur demande de réinstallation qu’ils ont adressées à la représentation de l’UNHCR Cotonou.

Il n’est de secret pour personne que les autorités béninoises et les nombreux Représentant du HCR en service au Bénin, malgré leurs déclarations d’intention, n’ont jamais eu à cœur de régler la pertinente question de la réinstallation des réfugiés du site de Kpomassè en général et celle des Togolais en particulier. Nous osons croire que ce manque de volonté est dû surtout pour les Togolais, à deux facteurs prépondérants: – La proximité géographique du Togo par rapport au Bénin, – Et l’existence de mains basses en l’occurrence des mains invisibles du régime éhonté RPT du Togo qui n’a cessé de s’impliquer dans la gestion des réfugiés togolais au Bénin. Et pour causes:
– Comment peut on expliquer que chaque fois qu’une délégation de la communauté des réfugiés togolais demande une audience au Représentant Saidi, celui-ci ne cesse de nous ressasser de la politique togolaise comme s’il a été désigné par le HCR comme médiateur pour régler la question togolaise?

– Comment un Représentant d’une agence humanitaire peut aller jusqu’à critiquer le Chef du parti de l’UFC-Togo et ses responsables en les qualifiant de gourmands lorsque ces derniers émettent leurs propositions pour le règlement de la question togolaise?
Parler ainsi de l’UFC alors que la majorité des réfugiés togolais sont membres de ce parti, n’est qu’une tentative de voir se réaliser le plan macabre du régime RPT de se maintenir au pouvoir et de voir se prolonger le génocide des réfugiés togolais.

Nous ne pouvons plus nous croiser les bras qui sont à jamais levés pour dénoncer de telles mésaventures même dans les hautes sphères du HCR Cotonou. C’est encore dans le respect de notre culture pacifique que nous demandons à la communauté internationale de réclamer de toute urgence de l’UNHCR Cotonou, des solutions définitives pouvant mettre fin au traumatisme des réfugiés togolais de Kpomassè, car trop c’est trop.

Nous ne pouvons plus envisager de continuer à perdre notre dignité et quant à nos détracteurs qui pensent que les réfugiés de Kpomassè n’attendent que la réinstallation dans un pays tiers, nous leur disons qu’ils ont parfaitement raison, et vu l’échec éhontée de la politique d’intégration qui n’a fait que renflouer les poches des individus qui ne pensent qu’à renflouer leur caisse en banque, nous réitérions à Mr Saidi de respecter ses paroles et l’engagement qu’il a pris devant la communauté internationale de réinstaller les réfugiés de Kpomassè dans leur totalité à cause de leur misère qui ne cesse de perdurer. Les différentes tentatives d’intégration au Bénin ayant échoué malgré nos sincères volontés et face à l’impossibilité d’un retour au Togo pour des raisons traditionnelles précédemment évoquées, nous pensons qu’il est souhaitable qu’un autre pays tiers nous soit trouvé pour qu’enfin nous puissions respirer à l’air frais de la liberté et du bonheur. Une fois encore, nous estimons que tous les réfugiés togolais de Kpomassè doivent être réinstallés dans leur totalité, et pour cela aucun sacrifice n’est trop grand pour nous.

NOUS LANÇONS UN CRI D’ALARME À L’ENDROIT DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE ET À TOUTES LES AMBASSADES ACCRÉDITÉES ICI AU BÉNIN, EN L’OCCURRENCE LES AMBASSADES DES PAYS DITS DE RÉINSTALLATION ET EN PARTICULIER LE PRÉSIDENT GEORGES W BUSH, POUR QU’ILS FASSENT TOUT LEUR POSSIBLE POUR QUE LE PROCESSUS DE RÉINSTALLATION QUI A COMMENCÉ POUR CERTAINS RÉFUGIÉS DE KPOMASSE, SOIT ACCESSIBLE À TOUS LES RÉFUGIÉS. NOUS LEUR DEMANDONS DE VENIR À NOTRE SECOURS POUR QUE CE QUI APPARTIENT AUX RÉFUGIÉS LEUR SOIT ATTRIBUÉ.

NB: Pour ampliation, des copies de ce rapport ont été envoyées à son Excellence Mr Thomas Yayi Boni, Président de la République du Bénin; aux Ambassades suivantes à Cotonou: Ambassades de: France, États-Unis, Allemagne, Suisse, Belgique, Hollande, Canada, Danemark. À Mr les Représentants de l’Union Européenne, de l’USAID, du PNUD, de l’ONU, de l’OMS, de l’UNICEF, de la Francophonie à Cotonou, à Mr le Coordonnateur d’Amnesty International à Cotonou, à Mr Le Président de la Ligue Béninoise des Droits de l’Homme.

Pour les refugiés de la communauté togolaise
Le Président du Bureau
Mr Wilson Séwa