MOTION D’INFORMATION, N° 269 DU 10 MAI 2004
Nouveau dialogue intertogolais : L’opposition togolaise sera plurielle face au RPT
« Dans le but d’assurer le plein respect des principes démocratiques, annonce sans délai d’une reprise ouverte et crédible du dialogue national avec l’opposition traditionnelle et la société civile, dans un cadre structuré et transparent .» Le fait que cet engagement figure en tête de liste des 22 engagements pris par le gouvernement togolais devant l’Union européenne, n’est pas innocent. Bruxelles en a fait la pierre angulaire du processus de démocratisation de la vie politique togolaise. Il sera donc difficile pour ne pas dire impossible au général Eyadéma et à ses partisans de faire l’économie du respect de cet engagement. Visiblement très gêné par la référence explicite faite à l’Accord-cadre de Lomé, qui lui-même fait référence à la Constitution de septembre 1992, le régime Eyadéma ira sans doute à reculons à ce nouveau dialogue annoncé. Du côté de l’opposition, si l’unanimité est faite autour du principe de la reprise du dialogue avec le pouvoir RPT, s’agissant du contenu et de la structure de l’opposition face au bloc RPT, il semble y avoir pour l’instant, autant de positions que de partis politiques.
En ces matières, les décalages sont souvent très éloquents entre les discours et les actes posés par les uns et les autres. Après avoir soutenu publiquement qu’il n’existe au Togo que deux forces politiques, à savoir le RPT et l’UFC, Gilchrist Olympio a déclaré dans une récente interview à (…) « Crocodile » que « Notre souhait à l’UFC est que l’opposition se présente en délégation face au bloc monolithique que constitue le pouvoir RPT. Nous travaillons pour cette homogénéité .» La plupart des partis d’opposition interrogés par nos soins reconnaissent être au courant de vagues concertations informelles entre certaines formations politiques d’opposition, mais, sans plus de précisions. Pour sa part, Edem Kodjo, le président de la Convergence patriotique panafricaine (CPP) est sans équivoque. Parlant de l’unité de l’opposition, il déclare : « Cette unité est un mythe, un serpent de mer… On en parle, on ne la réalise jamais. Lorsque cela arrange, on la claironne comme une urgente nécessité et lorsqu’elle devient contraignante on la relègue aux oubliettes comme une vieille chaussette trouée. Il est clair qu’il n’y a pas une opposition, mais des oppositions, puisque vous l’affirmez vous-même à tout propos. Alors qu’on laisse chacun se déterminer. Je peux vous aligner des pages de citations de leaders dénonçant l’union de l’opposition comme un leurre. Alors de grâce ! » Les propos du président de la CPP sont tellement vrais qu’on peut difficilement trouver à y redire.
Au sein d’une opposition où l’hypocrisie est souvent érigée en règle de conduite, tout le monde pense tout bas ce que Edem Kodjo vient d’avoir le courage de dire tout haut. Les vives altercations et les divergences profondes qui avaient conduit à l’éclatement de la CFD et à la multiplicité des candidatures à la dernière élection présidentielle témoignent de la ténacité des ambitions et des égoïsmes. Malgré les discussions aux fins d’harmonisation des deux plans confirmées par Gilchrist Olympio et Yawovi Agboyibo dans leurs interviews respectives, chacun continue d’opposer son plan à celui de l’autre tout en proclamant qu’il n’y a en réalité, pas trop de divergences entre les deux plans. Outre ces aberrations, il convient de relever l’attitude incompréhensible de certains leaders qui se croient investis du droit de désigner ou de décider de qui doit faire partie de l’opposition et qui ne doit pas en faire partie. Le plus surprenant, c’est que, ces démarcations ne tiennent généralement qu’à des problèmes de personnes. Les inimités que se portent certains responsables sont devenues tellement fortes que toute idée d’unité de l’opposition est devenue un leurre, des discours creux que certains prononcent à tout vent pour se donner bonne conscience. Placés dans ce contexte, les propos d’Edem Kodjo sur l’impossible unité de l’opposition ne sont que de pure vérité.
C’est certainement pour sortir de cette hypocrisie et placer chacun devant ses responsabilités que Me Agboyibo, tout en assumant la réalité des « contacts entre responsables politiques » suggère à juste titre que « les partis qui se sentent en affinité se mettent ensemble en deux sous groupes et que les pôles s’accordent entre eux sur un mécanisme de coopération pour affronter les enjeux qui nous attendent.» La seule fausse note de cette suggestion, c’est que le président du CAR organise d’emblée ces pôles autour de l’UFC et du CAR prenant le risque de heurter des susceptibilités à fleur de peau. L’opinion publique étant par nature très versatile, il est souvent imprudent en politique, d’établir des certitudes surtout dans un contexte togolais fait d’innombrables incertitudes. Comme le souligne le président du CAR dans son interview, il n’y a pas que les questions de personnes qui opposent les formations politiques et leurs leaders. Les clivages sont fondés sur des divergences parfois plus profondes dans les objectifs, les analyses, les styles et l’éthique. Me Agboyibo a certainement raison de préconiser que les clivages ne ménagent pas leurs spécificités, au risque de se bloquer sans de stériles inerties. Il est désormais illusoire de continuer à parler d’une opposition unie et d’entretenir le mythe d’une délégation homogène de l’opposition face au RPT lors du prochain dialogue national. Plusieurs oppositions face au RPT dans une négociation, ce ne sera pas la première fois. En 1993 à Colmar face à la délégation RPT, il y avait Edem Kodjo et Zarifou Ayéva pour le COD II et Gilchrist Olympio pour l’UFC. A l’époque, la revendication phare de Gilchrist Olympio était le cantonnement des militaires à 100 km de Lomé. Cette revendication ne figurait pas dans la liste défendue par le COD II qui préconisait une déclaration de neutralité des Forces armées sous contrôle international.
Il n’est pas impossible que pour le futur dialogue national, des divergences fortes apparaissent dans les positions des uns et des autres. Aujourd’hui, la reprise de l’élection présidentielle, l’amnistie proposée par Gilchrist Olympio pour Eyadéma et sa famille, la mise en place d’un gouvernement et d’un parlement de transition, etc. sont autant de questions sur lesquels l’harmonisation risque d’être difficile à réaliser, sans oublier des questions de fonds liées au processus même de démocratisation. Plutôt que de continuer à perdre du temps dans d’interminables et inutiles concertations, il serait préférable que les clivages s’annoncent, s’organisent et surtout s’assument. C’est cela le vrai courage politique. L’opposition togolaise sera plurielle face au bloc RPT pour le prochain dialogue. C’est désormais un acquis irréversible »
LE COMBAT DU PEUPLE, N° 447 DU 10 MAI 2004
Consultation Togo-Union européenne : L’épreuve de vérité . Silence, l’opposition réfléchit.
« (…) Au jour d’aujourd’hui, tout observateur honnête doit constater que de réels efforts sont faits et que le gouvernement s’active sur tous les fronts pour rester dans les délais. S’agissant en particulier du Code de la presse, une commission tripartite composée des représentants de la HAAC, du Ministère de la Communication et des Associations et syndicats de journalistes mise en place pour dépénaliser est sur le point de déposer ses conclusions ce lundi. (…) Une Commission gouvernementale mise en place est parallèlement à pied d’œuvre et coordonne tout ce qui se fait au niveau de tous les département ministériels. (…) En revanche, c’est sur le terrain de la démocratie, c’est-à-dire sur le volet politique que le flou persiste.
A ce jour, aucune avancée notable n’est signalée. Aucun parti politique n’a véritablement essayé de tester la volonté du pouvoir pour nous permettre de juger sur pièce. (….) On a le sentiment que les partis politiques sont enfermés dans un carcan qu’ils sont incapables de briser pour agir. Il est loisible de constater qu’au lendemain de l’ouverture des consultations, lesdits partis politiques ont réagi en rendant public des communiqués de presse. Dans l’ensemble, les partis ont accueilli favorablement l’ouverture des consultations mêmes si des réserves liées aux expériences passées ont été timidement émises. Et depuis, plus rien. Au moment où le gouvernement se bat pour satisfaire les engagements sur le plan des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, les partis politiques observent et attendent. (…) Il est désolant de remarquer qu’au sein de tous les partis politiques, on est encore à l’étape de la réflexion alors que le temps est aux actes. Le dialogue n’est pas une affaire d’une seule partie ; le dialogue ne va pas dans une seule direction. Chacun peut prendre des initiatives et faire bouger les choses maintenant que le ton est donné et que de réelles possibilités s’offrent. Dans l’univers politique qui est celui du Togo, on en saurait parler d’un régime en quête d’interlocuteurs valables c’est-à-dire dociles puisque c’est le pouvoir qui a pris les engagements.
Les partis politiques qui croient qu’il faut rompre avec la méfiance et transcender le passé doivent pouvoir agir sans complexe et sans entraves. Il y a un temps pour tout. Nous croyons sincèrement que le temps de la réflexion est passé parce que l’épreuve de vérité est engagée. En ce qui concerne les engagements politiques pris, chacun doit mettre la main à la pâte étant entendu que désormais l’opposition ne peut et ne pourra agir comme entité unique. Il faut voir la réalité en face. Au lieu de s’enfermer dans un silence coupable et laisser le pouvoir seul se débrouiller, les partis de l’opposition doivent donner des signes de bonne volonté en faisant des propositions concrètes pour ouvrir le dialogue pour que les consultations ne soient plus un rendez-vous manqué comme le fut la Conférence nationale souveraine. »
CROCODILE, N° 675 DU 13 MAI 2004
Respect des 22 engagements. Le gouvernement cherche à se dérober des demandes de l’UFC
« (…) En effet, le 21 avril dernier, l’UFC tenant compte des 22 engagements pris par le pouvoir, a adressé au Premier ministre une lettre pour demander la réparation des atteintes graves aux principes de la démocratie, des droits de l’Homme et des libertés fondamentales qui ont causé des torts au parti. L’UFC a notamment demandé l’arrêt des poursuites contre les détenus politiques et leur libération, l’arrêt de toute poursuite judiciaire contre le 3e Vice-président du parti, Patrick Lawson et le Secrétaire général, Jean-Pierre Fabre ; la restitution des passeports et la carte d’identité confisqués, la restitution du titre de voyage de Gilchrist Olympio confisqué le 26 avril par la police à la frontière Togo-Ghana, la restitution des ordinateurs et autres matériels, effets et documents de l’UFC saisis. A cette demande de l’UFC, Koffi Sama a répondu par une lettre dans laquelle il invoque la séparation des pouvoirs et affirme que par conséquent il ne lui appartient pas de trancher les affaires pendantes devant la justice et qu’il ne peut non plus se substituer aux services publics spécialisés chargés de la délivrance des documents d’identité. (…) Dans une nouvelle lettre datée du 7 mai, le parti de Gilchrist Olympio a, en trois points, éclairé le Premier ministre sur les responsabilités qui lui incombent face aux engagements de Bruxelles. L’UFC a rappelé à Koffi Sama que c’est au titre de chef du gouvernement et de coordonnateur de l’action gouvernementale qu’il a pris à Bruxelles, les 22 engagements au nom du gouvernement togolais et que par conséquent il lui revient d’agir auprès des ministres concernés par les atteintes constatées, pour le respect des 22 engagements. Le parti a ensuite affirmé que la séparation des pouvoirs n’a jamais existé au Togo et que le Premier ministre ne peut se servir de cela comme argument, pour se soustraire à l’exécution des 22 engagements. »
Les titres de voyage de Gilchrist Olympio sont encore aux mains des autorités.
«De sources proches des avocats de l’Union des forces de changement (UFC) le juge d’instruction aurait pris une ordonnance qui lève l’interdiction de sortie du territoire de Patrick Lawson et de Jean-Pierre Fabre (…) inculpés pour trouble à l’ordre public l’année dernière. D’après l’ordonnance qui serait pris, le juge ordonne que la carte d’identité nationale et le passeport de Jean Pierre Fabre lui soient remis ainsi que ses trois ordinateurs, ses deux imprimantes et d’autres documents du partis saisis chez lui à la suite d’une perquisition illégale aux alentours de 2 heures du matin le 11 mai 2003. Par ailleurs, le juge refuse que la justice restitue les douilles de balle et les débris de roquette tirée sur le domicile de Jean-Pierre Fabre le 16 août 1998 lors de la prétendue attaque terroriste annoncée par les médias publics. Les titres de voyage du leader de l’Union des forces de changement sont toujours détenus par les autorités du ministère de l’Intérieur, de la sécurité et de la décentralisation. Titres de voyage confisqués par la police de l’immigration à Aflao (…) le 26 avril 2003. D’autre part, l’ordonnance du juge est muette sur le chef d’inculpation de trouble à l’ordre public prononcé contre les deux responsables de l’UFC. (…) C’est à la suite de la seconde lettre de l’UFC au gouvernement que le juge aurait pris l’ordonnance de satisfaire en partie les doléances de ce parti histoire de faire croire que les autorités sont en train de respecter les engagements. »
LE COMBAT DU PEUPLE, N° 447 DU 10 MAI 2004
Agbéyomé Kodjo, la fuite et le retour annoncé
« La semaine dernière, les médias internationaux, en l’occurrence RFI, on fait état de ce que Agbéyomé Kodjo, l’ancien Premier ministre démis d’Eyadéma et qui vit en exil à Paris depuis 2002, a rendu public un communiqué annonçant son retour au Togo pour participer aux obsèques de sa mère.(…) Aujourd’hui, Agbéyomé Kodjo manifeste le désir de rentrer au pays. Et en bon opportuniste, il décide cyniquement de tirer profit du décès de sa mère. Mais fallait-il faire tant de bruits autour d’un retour ?Agbéyomé Kodjo qui se targue aujourd’hui d’être un opposant au régime n’est pas plus opposant que ceux qui étaient en exil avant lui. Mais cela n’empêche pas ceux-ci de rentrer au pays de temps à autre s’ils le désirent. Combien de fois Gilchrist Olympio n’est-il pas venir organiser des meetings à Lomé ?
Si Agbéyomé à des choses à se reprocher, cela ne regarde que lui et sa conscience. En tout cas, il n’est pas le premier à publier un document sur les dérives du pouvoir en place. Maurice Dahuku Péré, ancien président de l’Assemblée nationale, ancien dignitaire du RPT, aujourd’hui, chef de file des rénovateurs l’a fait avant lui. Mais parce qu’il ne se reprochait rien, il n’a pas cru devoir s’exiler. Plus d’une fois, il a été entendu par la gendarmerie et la justice. Cela ne l’a pas contraint à la fuite. La bonne preuve que l’ancien Premier ministre ne devait avoir aucune inquiétude sur le plan politique, c’est que, même après avoir publié son brûlot, il avait passé des jours à Lomé avant de rentrer en clandestinité pour prendre la fuite plus tard. Il y a donc autre chose que le fait politique qui a déterminé Agbéyomé à prendre la tangente après la publication de son brûlot. Il faut donc éviter l’amalgame et faire le distinguo entre les affaires politiques et les affaires relevant d’autres domaines.(…) Les inquiétudes d’Agbéyomé Kodjo seraient plutôt afférentes à sa gestion au Port autonome de Lomé où des malversations et autres anomalies auraient été découvertes après son départ. Une procédure serait même en cours pour tirer l’affaire au clair. Si ces informations s’avèrent exactes, il y a lieu d’en conclure que ce qu’on peut appeler « l’affaire Agbéyomé » n’a rien à voir avec la politique et encore moins les engagement pris par le gouvernement togolais à l’ouverture des consultations UE-Togo à Bruxelles. »
FORUM DE LA SEMAINE, N° 03 DU 13 MAI 2004
Agbéyomé Kodjo donne les raisons de son retour manqué
«Le 3 mai l’ancien Premier ministre togolais Agbéyomé Kodjo en exil en France annonçait son intention de rentrer au pays pour y assister aux obsèques de sa mère décédée le 11 avril dernier. Il fondait sa démarche sur l’engagement pris par le gouvernement togolais le 14 avril 2004, de créer un environnement de paix, de liberté, de justice et de sécurité pour tous pour l’enracinement de la démocratie au Togo. Il n’a pas pu effectuer le déplacement à cause du refus formel des autorités togolaises, malgré les interventions de plusieurs pays amis du Togo et fut ainsi privé de rendre ses derniers devoirs à sa mère comme il en fut privé lors du décès de son père en début d’année. Cette attitude des autorités togolaises exprime à suffisance leur mépris pour la tradition et leur hostilité à asseoir les principes de l’Etat de droit au Togo où le règne de l’arbitraire continue de prospérer, faisant des Togolais des sujets du prince. M. Kodjo prend la communauté internationale à témoin sur la persistance des dérives autocratiques au Togo et lui demande de demeurer vigilante pour ne pas se laisser abuser par un régime qui excelle dans l’art de la diversion, le mensonge et la manipulation. La mise en application des 22 engagements signés à Bruxelles est à l’épreuve de la vérité et nous serons très attentifs aux résultats de la première évaluation par l’Union européenne en juin prochain.
Fait à Paris, ce 11 mai 2004 Agbéyomé Kodjo Ancien Premier-ministre du Togo »
Motion d’Information, n° 269 du 10 mai 2004
Crise au sein de la NDP : Qui de Gilbert Atsu et Yidi Komla est président de la NDP ?
« Entre le président de la Nouvelle dynamique populaire (NDP) Gilbert Atsu et son porte-parole Justin Komla Yidi, le torchon brûle et la présidence se dispute à travers une guerre de communiqués. C’est le vendredi dernier que le porte-parole a rendu public un communiqué suspendant le président de sa fonction. Le jour même, une radio de la place a diffusé la réaction du conseiller politique de la NDP qui portait un démenti radical à la destitution de Gilbert Atsu. Un communiqué s’en est suivi démettant Yidi Komla de sa fonction de porte-parole et l’excluant définitivement de la Nouvelle dynamique populaire. Les raisons internes de cette tempête interne au sommet de la NDP sont relatives à la rencontre du chef de l’Etat à Lomé II du Conseil des étudiants de l’Université de Lomé après les violences du vendredi 30 avril 2004. Selon le porte-parole, Gilbert Atsu jouerait un grand rôle dans cette initiative par le biais de Harry Olympio qui a réussi à introduire les étudiants au chef de l’Etat. Gilbert Atsu de son côté ne reconnaît point avoir joué un rôle aussi primordiale dans cette affaire. »
LE REGARD, N° 386 DU 11 MAI 2004
Crise à l’Université de Lomé : Lomé 2 tente de casser le mouvement des étudiants
« Que vient chercher les politiciens dans une affaire qui ne regarde que les étudiants ? La question se pose quand on sait que c’est Harry Olympio « démarcheur de dissidents » qui a emmené les étudiants à Lomé 2. Harry Olympio déclare à qui veut l’entendre que c’est Atsu Gilbert, président de la NDP qui lui a introduit le Groupe des 5 qui aurait sollicité son concours en vue de rencontrer le chef de l’Etat. Joint au téléphone, le leader du Groupe des 5, Jean Paul Oumolou ne reconnaît pas avoir demandé à rencontrer Harry Olympio. Il a laissé entendre que c’est Harry lui-même qui a voulu les rencontrer par l’intermédiaire de Atsu Gilbert. Il dément par ailleurs, l’information selon laquelle des responsables politiques seraient derrière le mouvement.
A Lomé 2, le chef de l’Etat était entouré pour la circonstance de Natchaba, Koffi Sama et d’autres ministres.. Comme d’habitude, le maître des lieux a dispensé aux étudiants son sempiternel cours magistral sur l’histoire du Togo de 1960 à ce jour. Prenant la parole tour à tour après le Timonier, les collaborateurs de ce dernier ont vilipendé les étudiants qu’ils ont accusés de semer le désordre et d’être à la solde de l’opposition. Les étudiants ont donc été sermonnés. Après quoi, on leur a servi à manger (brochettes) et à boire (champagne). Pour finir, on leur a offert une somme de trois millions de F CFA. Chaque visiteur étudiant a donc quitté Lomé 2 avec 140 000 F CFA en poche. Mais avant d’arriver à Lomé 2, les représentants des étudiants se sont entendus pour décider de ne faire ou lire aucune déclaration.
A Lomé 2, ils auraient été contraints de rédiger une déclaration visant à présenter des excuses pour s’être laissés manipuler par « ceux qui ne veulent pas la reprise de la coopération ». Ainsi donc, le but la rencontre de Lomé 2 n’était pas d’engager des discussions sur les problèmes auxquels sont confrontés les étudiants. Il s’est agi de voir dans quelle mesure on pourrait les « acheter » et se servir d’eux comme une arme politique contre l’opposition et par voie de conséquence, les discréditer aux yeux des étudiants aux fins de briser l’élan de solidarité et de mobilisation au sein de la masse estudiantine. »
LA DEPECHE, N° 237 DU 12 MAI 2004
Communiqué LTDH : « On ne règle pas les problèmes estudiantins à coups de matraques »
« Depuis quatre ou cinq ans, les Togolais et la Ligue togolaise des droits de l’Homme constatent avec amertume et indignation que le pouvoir en place utilise systématiquement la violence pour empêcher la tenue des assemblées générales des étudiants de l’Université de Lomé. Ce recours systématique à la violence occasionne chaque fois de nombreux blessés plus ou moins graves qui accroissent les problèmes déjà insolubles des parents qui arrivent très difficilement à subvenir aux besoins vitaux de leurs enfants inscrits à l’Université. Les descentes musclés des forces de l’ordre sur le campus en font un lieu d’insécurité pour tous ceux qui y travaillent ainsi que pour les visiteurs occasionnels. Outre les étudiants battus parfois jusqu’au sang, des membres du personnel, des vendeurs, des journalistes dans l’exercice de leur fonction et des gens de passage sont soumis sans distinction à des traitements inhumains et dégradants par les forces de l’ordre.
Face à ces brutalités policières qui n’honorent pas notre pays et ceux qui y recourent abusivement contre les étudiants, la Ligue togolaise des droits de l’Homme invite le gouvernement et plus particulièrement le ministre de l’Enseignement supérieur à :
– s’ouvrir au dialogue avec les étudiants à travers leurs organisations représentatives ;
– régler leurs problèmes financiers, de transport et de restauration ;
– cesser tout recours à la violence aveugle pour empêcher la tenue des assemblées générales des organisations estudiantines ;
– libérer tous les étudiants détenus.
La LTDH tient à rappeler au gouvernement que les vingt-deux engagements qu’il a pris devant l’Union européenne et le peuple Togolais sont des engagements à adhérer à des mœurs démocratiques. Il ne saurait, par conséquent, se cacher derrière des règlements intérieurs de l’Université de Lomé pour utiliser des méthodes des barbares contre les futurs cadres de la nation. Persister dans ces errements constituerait une violation flagrante et inadmissible desdits engagements rendu public le 14 avril 2004.
La LTDH demande à la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) d’ouvrir une enquête sur les événements du 30 avril 2004 sur le campus pour rétablir les faits, situer les responsabilités et basiler le chemin vers l’apaisement et le dialogue.
Fait à Lomé, le 03 mai 2004
Le Président Adoté Ghandi Akwei »
CROCODILE, N° 675 DU 13 MAI 2004
Etat calamiteux des travailleurs togolais : L’UNSIT monte au créneau
« Face à la misère criarde, à la situation désastreuse et minable dans laquelle vivent les travailleurs togolais, l’UNSIT a rendu publique une déclaration le 17 avril dernier. Cette déclaration en neuf points est revenu longuement sur la paupérisation de la situation misérable du travailleur togolais, situation qui fragilise et qui rend vulnérable les ménages. S’agissant des arriérés, la déclaration mentionne que certains travailleurs togolais cumulent variablement 40 voire 47 mois d’arriérés de salaire. Dans la rubrique Allocation familiale, des travailleurs n’ont plus touché, il y a 148 mois. Les étudiants aussi cumulent de nombreux arriérés de bourse et aides scolaires et sont de surcroît l’objet de répression par les forces de l’ordre. Quant aux enseignants spécifiquement, l’UNSIT dénonce les traitements peu catholiques que subissent les enseignants du privé confessionnel, abusivement sous payés et surexploités. Dans la rubrique Education l’UNSIT ne passe sous silence la création d’un sous corps d’enseignants appelés « enseignants volontaires » que leurs employeurs « payent » difficilement d’ailleurs à 5 000 et 10 000 F par mois. Et « si un décret a été enfin pris pour réhabiliter le statut de la Société nationale Togopharma, il est sans effet pour nombre de travailleurs de ce service qui sont partis sans droit à la retraite ou qui ont été compressés »
Tout cela, affaiblit dramatiquement la capacité du citoyen togolais à satisfaire les besoins élémentaires en matière de santé, d’alimentation, de logement, d’éducation etc. Pire, « le gouvernement prend des décisions administratives qui grèvent davantage encore le coût de la vie ! Des denrées et services de première nécessité augmenté parfois de 100 % constate l’UNSIT qui ajoute : « les conséquences désastreuses que cette situation d’ensemble a sur les conditions de vie quotidienne des travailleurs et des populations ne sont que trop connues : la dégradation de la santé publique par l’augmentation de la mortalité, la multiplication et l’aggravation des maladies »
Alors, l’UNSIT interpelle de nouveau le gouvernement et les employeurs pour que des légitimes revendications des travailleurs …en ce qui concerne l’urgence absolue de paiement des arriérés de salaires, des pensions de retraite etc. Les conditions générales de la négociation collective soient rétablies et que la plate-forme revendicative d’avril 2001 soit enfin prise en considération »
Enfin un appel pressant et militant est lancé aux travailleurs et à leurs organisations pour une mobilisation générale coordonnée en vue d’une mobilisation de la défense effective des intérêts des travailleurs et des travailleuses du Togo »
TOGO-PRESSE, N° 6778 DU 13 MAI 2004
Le Premier ministre a reçu les responsables des six centrales syndicales
« Les premiers responsables des six centrales syndicales du pays ont été reçus hier à la primature par le chef du gouvernement, Koffi Sama. Il s’agit des dirigeants de la Confédération générale des cadres du Togo (CGCT), de la Confédération nationale des travailleurs du Togo (CNTT), de la Confédération syndicale des travailleurs du Togo (CSTT), du Groupe des syndicats autonomes (GSA), de l’Union générale des syndicats libres (UGSL) et de l’Union nationale des syndicats indépendants du Togo (UNSIT). Cette rencontre s’inscrit dans le contexte de l’ouverture prochaine de négociations entre syndicats, gouvernement et patronat en vue d’échanger sur des points essentielles pour une amélioration des conditions de vie des travailleurs togolais. Ces points essentiels concernent les salaires et les privatisations mais également les indemnités de départ à la retraite »
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