AFP—17/11/076 Le président togolais Faure Gnassingbé poursuivait samedi ses consultations à huis clos pour nommer son Premier ministre, après la démission mercredi de Yawovi Agboyibo qui pourrait toutefois être reconduit à son poste, selon des sources concordantes.
Aucune personnalité n’a pour l’instant été retenue par Faure Gnassingbé, à la tête du Togo depuis la mort en février 2005 de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui fut maître du pays pendant 38 ans.
« Il a une capacité d’écoute très large. Il consulte tout le monde y compris la société civile », a déclaré un responsable de la présidence.
« La probabilité est très forte que Me Agboyibo soit reconduit à son poste au regard du travail qu’il a abattu ces derniers mois à la Primature », a également affirmé à samedi l’AFP l’un des proches de M. Gnassingbé.
« Il serait souhaitable que le président (le) reconduise pour continuer l’harmonie qui règne au sommet de l’Etat depuis quelques temps », a estimé, de son côté, un opposant sous le couvert de l’anonymat.
Interrogé par l’AFP, l’entourage de M. Agboyibo se refusait en revanche à tout commentaire.
Avocat de formation et vieille figure de l’opposition, M. Agboyibo avait été nommé le 16 septembre 2006 par M. Gnassingbé à la suite d’un accord politique signé en août précédent par tous les acteurs politiques pour tenter de mettre fin à des années de crispation et de violence politiques.
Il a démissionné quelques semaines après les législatives du 14 octobre, estimant avoir « rempli » sa mission, celle d’aider la Commission électorale nationale indépendante (Céni) à organiser un scrutin libre et transparent, des qualificatifs repris par l’ensemble des observateurs internationaux, dont ceux de l’Union européenne (UE) et de l’Union africaine (UA).
Selon des observateurs, le Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir) aurait intérêt à maintenir la cohabitation « Faure-Agboyibo » pour « mieux gérer » le Parlement.
« Le RPT a nécessairement besoin du soutien d’un autre parti au Parlement pour l’adoption de certains textes », a souligné un expert électoral.
Les législatives du 14 octobre ont vu la victoire en sièges (50 sur 81) du parti au pouvoir, le RPT, mais avec une forte poussée de l’Union des Forces de changement (UFC) de Gilchrist Olympio et du Comité d’action pour le renouveau (CAR) de Yawovi Agboyibo.
Ensemble l’UFC et le CAR, qui ont enlevé respectivement 27 et 4 sièges, ont totalisé plus de voix que le parti fondé par le défunt Gnassingbé Eyadéma.
L’UFC participait pour la première fois à des législatives depuis 1990.
Si l’on s’en tient à la constitution, M. Gnassingbé devrait nommer son Premier Ministre dans la majorité parlementaire, et donc choisir un membre du RPT qui a obtenu la majorité absolue. Mais la politique d’ouverture menée depuis un an inciterait plutôt à désigner une personnalité de l’opposition.
Dans un message à la nation le 1er novembre, le président a déclaré qu’il tendrait la main à toute la classe politique, « afin qu’ensemble, nous poursuivions dans un esprit d’union et de réconciliation, l’oeuvre de redressement du Togo ».
« Au vu des résultats des législatives et dans un souci d’équité, le +PM+ devrait être désigné au sein de l’UFC, mais le président est libre de faire son choix ailleurs », a souligné le responsable d’une mission d’observation de ces législatives.
Fin octobre, le parti de Gilchrist Olympio – fils de Sylvanus Olympio, premier président du Togo assassiné lors du coup d’Etat de 1963 – a envisagé pour la première fois de participer à un gouvernement d’union nationale « mais pas à n’importe quelles conditions ».
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