25/04/2024

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Togo : De la nécessité d’une organisation et d’une formation politique plus pointues

« Plus que d’un simple « changement »…, le Togo a besoin d’une vraie révolution ». (Parole d’un diplomate occidental en poste à Lomé)
« Changer de destin » François Hollande [Titre d’un livre. Ed. Robert Laffont, Paris, 2012].
« Les choses ne restent pas ce qu’elles sont » Bertolt Brecht [in La Mère]
« Le révolutionnaire doit devenir comme un poisson dans l’eau » Mao Tsé Toung
« L’organisation décide de tout ». Vladimir Ilitch Lénine (in « Que Faire ? »)
« Notre objectif fondamental, primordial, c’est – pour reconstruction – d’arracher la Nation togolaise des crocs prédateurs de la sordide et cynique oligarchie éyadémaognassingbéenne !!! Alors, pour cela, il nous faut nous armer… en conséquence ». Godwin Tété

Les élections législatives que le régime politique suranné RPT/UNIRiste vient d’opérer au Togo, le 25 juillet écoulé ont, de facto, créé dans ce pays une situation politique dialectique : une situation à la fois simplifiée et complexifiée. Simplifiée, parce qu’elle permet de voir – s’il en était encore nécessaire – qui veut quoi, qui fait quoi pour atteindre quel but concret. Complexifiée, parce que ces élections ressortent, à mon humble avis, comme avoir, mieux que jamais, Réinstallé… ledit régime dans son pluridécennal fauteuil.

Alors donc si, d’un côté, et s’agissant de la récurrente… question de savoir quelle(s) est la ou sont les force(s) véritablement progressiste(s) sur laquelle ou lesquelles le Peuple devrait miser pour la libération, la situation apparaît plus claire… que jamais, de l’autre côté, et avec un pouvoir RPT/UNIRiste aussi malencontreusement Renforcé par une certaine « catégorie »… de la spécieuse « opposition » togolaise, le sentier menant à la victoire finale de notre Peuple me semble plus étroit…, plus escarpé…, plus exigeant… que jamais !

Nonobstant, le Sage dit : « Pour les vrais hommes, la difficulté exalte l’action ». Et Benjamin Constant d’ajouter : « Les libertés sont des résistances ». Voilà pourquoi nous, combattants togolais de la liberté, nous nous devons absolument de continuer notre Combat. Voilà la raison pour laquelle nous nous devons d’exalter notre Action, de la transformer en une véritable Lutte révolutionnaire !!!

Ce qui implique que nous recrutions et formions – d’adéquate manière – nos militants révolutionnaires. Ce qui, à son tour, commande une organisation « en béton armé » – pour ainsi parler… À ces égards, nous avons à résoudre aussi, une bonne fois pour toutes –, la récurrente, la quasi oiseuse, la « diversionnelle » « question » des « alliances » et/ou des « coalitions » de la spécieuse « opposition » togolaise. Nous avons, par ailleurs, à prendre en compte le hautement souhaitable rôle de notre Diaspora dans la lutte en vue… Enfin, dans la même veine d’idées, la Communication devrait constamment capter notre meilleure attention…

Certes, nous avons déjà assez fait. Mais j’ai le sentiment que nous avons encore vraisemblablement – pour ne pas dire certainement – beaucoup à faire pour nous hisser réellement au sommet de notre mission. D’où l’utilité, j’ose le croire, du présent article. Commençons donc par l’organisation.

I. DE L’ORGANISATION RÉVOLUTIONNAIRE

D’abord qu’est-ce qu’une révolution ? Une révolution n’est point nécessairement synonyme d’actionnement de la « guillotine ». Bien sûr, l’Histoire des Hommes a connu de terribles, de sanglantes luttes de transformation politico-sociale durant lesquelles « la révolution a dévoré quantité de ses propres… enfants » ! À ce propos, l’un des cas les plus significatifs aura été celui de la Grande Révolution française de 1789. Mais il va sans dire que la même Histoire a enregistré nombre de transformations politico-sociales plus ou moins lisses.., sans « guillotine » aucune. En d’autres termes, par révolution, j’entends ici le renversement total… d’un statu quo politique, économique, social et culturel : un retournement global, radical, du tout au tout, à 360°, et la substitution d’un ordre autre… à ce statu quo. En somme, il s’agit d’un changement d’ère : d’un changement de destin. Ainsi que dirait le Président français François Hollande.

Cependant, même opéré comme sur des roulettes…, un tel retournement complet de situation – une telle révolution — dans la mesure où il se heurte… nécessairement à de colossaux intérêts matériels et immatériels de certains individus et/ou groupes d’individus – cette révolution dis-je, exige toujours, de la part de ses protagonistes, des efforts colossaux, herculéens !!! Des efforts titanesques qui, avant toute chose, imposent, aux militants révolutionnaires, une organisation de combat… et une formation politique… tout à fait pointues !

Cette organisation se doit d’être globale…, de comporter toutes les dimensions et tous les aspects qu’elle requiert. Elle se doit de combiner… ce qu’elle peut réaliser « à ciel ouvert » et/ou « en plein jour », avec ce qu’elle est obligée de faire « souterrainement » et/ou « nuitamment »… Dans tous les cas, ainsi que l’a enseigné Mao Tsé Toung : « Le révolutionnaire doit devenir comme un poisson dans l’eau ». Étant entendu qu’ici, l’eau, c’est le peuple concerné !

À ce propos, il nous faut étudier, à fond, il nous faut assimiler les leçons des récentes révolutions qui ont réussi… Outre les écrits y relatifs, nous devrions, (pourquoi pas ?), approcher… des principaux dirigeants desdites révolutions – des dirigeants qui seraient encore en vie.

Oui ! Comme l’a si souverainement affirmé Karl von Clausewitz : « La guerre n’est que la poursuite de la politique par d’autres moyens ». Alors, il doit être inversement exact que la politique n’est, elle aussi, qu’une forme de guerre… qui n’ose pas reconnaître son vrai nom. Ainsi donc, une structure politique : un parti politique – appelé à liquider une oligarchie militaro-dictatoriale vieille de presque cinquante ans – se doit d’être charpenté et de fonctionner sur la base d’une discipline stricte, d’une rigueur adamantine. À l’instar d’une armée en rase campagne (!!!). Une telle formation politique a besoin d’accorder à la théorie la place et le rôle qui lui reviennent de droit. Car, « Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire » (V. I. Lénine). Car, « La théorie devient, elle aussi, une force matérielle dès qu’elle pénètre les masses » (Karl Marx). Mais le même Lénine nous a appris que « La pratique est supérieure à la théorie parce qu’elle nous met directement en contact avec la réalité ».

Notre parti politique révolutionnaire se doit d’embrasser la Diaspora togolaise qui, nous dit-on, compterait à présent quasiment deux millions (!) d’âmes… À cet égard, la Communication ressort impérativement CRUCIALE…, si nous tenons à éviter le moindre hiatus éventuel… entre les combattants restés au bercail et ceux qui vivent sous des cieux étrangers.

Dans le même sillon d’idées, nous devrions également rechercher… et nouer des relations de solidarité agissante… avec de possibles partis politiques africains frères. Et ce, sous la bannière du Panafricanisme véritable : celui des peuples… concernés.

Nota Bene : – Par-dessus tout, je suis tenté de croire que le moment est venu pour nous de régler enfin (!) – une bonne fois pour toutes – la récurrente, l’interminable, la pernicieuse… « question » des « alliances » ou des « coalitions » de la spécieuse, de la curieuse, de la masochiste… « opposition » togolaise. Pour mon humble part, je poserais seulement l’interrogation suivante. Si deux personnes (A) et B) se trouvant à Lomé (Togo), se doivent de se rendre respectivement à Cotonou (République du Bénin) et à Accra (Ghana) – strictement dans le même temps – leur serait-il possible de faire chemin ensemble ?! La chose m’apparaît, pour le moins, malaisée, pour ne pas dire qu’il s’agit-là plutôt de la quadrature du cercle !!! À ce sujet, les multiples expériences y afférentes que nous avons faites depuis le soulèvement populaire du 05 octobre 1990, s’avèrent suffisamment édifiantes pour nous autoriser à décider de s’attaquer maintenant radicalement, à bras-le-corps, à cette traumatisante… fastidieuse problématique.

Non ! L’Histoire de l’Humanité ne connaît guère (!!!) de révolution réussie du fait d’un conglomérat de crabes, de crevettes, de tilapias, de cobras, de capitaines, de silures, de tortues, de vipères, de pythons, de lézards, d’escargots, que sais-je encore ? Je suis donc porté à penser que nous devrions avoir assez confiance en nous-mêmes, et assez de courage pour pouvoir expliquer aux Togolais – tout à fait franchement et ouvertement, qu’une révolution ne réussit, en fin de compte, qu’incarnée par une minorité relative d’hommes et de femmes trempés comme l’acier, aguerris, dévoués corps et âme à la Cause sacrée !!! En somme, une révolution ne triomphe que portée par des hommes et des femmes « véritables » – ainsi que parlerait Boris Polévoï.

Oui ! Nous avons besoin d’arriver à identifier qui veut… quoi…, qui fait… quoi… pour quel objectif réel !!! Nous avons besoin de savoir avec qui… nous pouvons cheminer… ensemble !!! Et ce, au travers de « faits » concrets et non pas seulement de « dires » du bout des lèvres. Assurément ! « Avant de nous unir et pour nous unir, il nous faut nous démarquer délibérément » (V. I. Lénine).

J’ai encore dit. La véhémence du ton du discours n’est que le reflet de la sartrienne nausée que m’inspire la piteuse… situation politique, économique, sociale et culturelle dans laquelle patauge la Terre de nos Aïeux depuis bien des lustres déjà. Cette véhémence n’est que l’émanation de l’incommensurable compassion que j’éprouve à l’endroit du brave petit Peuple togolais qui attend, de notre part, plus que les performances politiques – au mieux – insuffisantes… que nous lui offrons depuis belle lurette déjà !

* * *

À la limite, la formation politique des militants révolutionnaires n’est, elle aussi, qu’une dimension de l’organisation révolutionnaire. Néanmoins, et eu égard au caractère capital… de son importance, il sied de lui consacrer un chapitre spécial, si succinct soit celui-ci.

II. DE LA FORMATION POLITIQUE DES COMBATTANTS DE LA LIBERTÉ

Nos militants – surtout les jeunes – doivent recevoir une formation intellectuelle, politique, civique et pratique appropriée. À cet effet, je suggère la mise sur pied d’une « École du Parti », aussi rudimentaire soit-elle (!). Et, dans le cadre de cette école, une bibliothèque essentielle, si embryonnaire et squelettique soit-elle, elle aussi, serait souhaitable. Il va sans dire que les « instructeurs » ne seraient que des plus anciens militants du parti et/ou ceux qui ont eu le privilège d’avoir fait des études académiques poussées.

La formation en vue devrait combiner intimement la théorie et la pratique. Les sujet et/ou thèmes à considérer seront déterminés par les premiers responsables du parti, de concert avec les novices concernés eux-mêmes (!). Des exposés et débats y relatifs ont montré (ailleurs) leur remarquable efficacité en la matière.

Il s’avère fort nécessaire que les Commissions sectorielles permanentes d’études déjà constituées se mettent concrètement au travail, et servent ainsi de cadres par excellence de formation de nos jeunes combattants… De la sorte, ces derniers ne tarderont pas à incarner la « crème »… de notre société. Et, admirés et respectés, ils entraîneront tout naturellement le reste de nos populations à se joindre aux rangs… de notre parti ou, du moins, à adopter celui-ci comme son parti… Si ce n’est pas déjà chose faite.

En outre, il convient que la formation politique… du militant révolutionnaire intègre les dimensions souterraines… du combat révolutionnaire…
Dans le but de la réalisation de ce qui précède, une commission ad hoc me semble envisageable. Elle proposerait, pour adoption par le parti en tant que tel, les voies et les moyens les mieux indiqués pour atteindre l’objectif visé.

Il va de soi que ce n’est là qu’un canevas… conceptuel, le reste étant une affaire de VOLONTÉ POLITIQUE FERME ! Il en est assurément ainsi : « Là où il y a une volonté, il y a un chemin » (Général Charles de Gaulle). Concluons donc.

CONCLUSION

Au point de la traversée du fleuve existentiel où je me trouve à présent…, je pourrais m’amuser à narrer ici, en guise de conclusion, quelques anecdotes tirées de ma propre maigrichonne vie, aux fins de démontrer la véracité de l’importance et des avantages certains d’une organisation et d’une formation politiques idoines de tous combattants révolutionnaires. Mais j’ai choisi plutôt de livrer au lecteur la plume d’un authentique vétéran qui plus que bien s’y connaissait en la matière. Qui nous a quittés en 2006, à 90 (quatre-vingt-dix) ans. Lisons Peter Gingold :
« À ce stade de la discussion se pose souvent la question de ce que chacun peut faire. À cela, je réponds : Seul, tu n’arriveras guère à faire quelque chose. Ce que j’ai appris de plus important dans l’action politique, c’est que sans organisation, sans structure, on n’arrive à rien. Ma survie, la survie de ma femme, de mon enfant, tout, je les dois uniquement au fait que je faisais partie d’une organisation. Au final, toutes les conquêtes démocratiques et sociales sont le résultat d’un combat organisé, et avant tout celui du mouvement ouvrier. Dans la clandestinité, alors que c’était une question de vie ou de mort, comment aurais-je pu trouver une planque, obtenir de faux papiers et me nourrir si je n’avais dû compter que sur moi-même, alors que je ne pouvais exercer aucune activité ? Comment aurais-je pu trouver une cachette sûre pour mon enfant ? Tout cela, je le dois au fait d’appartenir à une organisation, ce qui m’a apporté une relative sécurité. Non, cela ne peut pas marcher si on ne fait pas partie d’un groupe. J’insiste expressément sur ce point, parce que je sais que les jeunes d’aujourd’hui sont réticents à s’engager dans des organisations structurées. Ils préfèrent se joindre de façon spontanée à l’initiative d’un groupe d’action, dont il restera peut-être un petit noyau, mais qui se dissoudra assez vite. Je suis très favorable à la spontanéité, elle est extrêmement importante. Mais il y va aussi de la continuité de la lutte, et c’est là tout l’enjeu de l’organisation politique. » [Cf. op. cit. dans la bibliographie ci-après, pp. 171-172].

Oui ! Au soir… de ma chétive vie intégralement consacrée au Combat pluriséculaire des peuples négro-africains tendant à recouvrer leur légitime place sous le Soleil, je me sens à même de confirmer – suite à Vladimir Ilitch Oulianov alias Lénine – que « L’organisation décide de tout » !!!

ABLODÉ ! ABLODÉ ! ABLODÉ NOGO !

BIBLIOGRAPHIE ESSENTIELLE

• CABRAL Amilcar, La pratique révolutionnaire. Ed. Maspéro, Paris, 1975.
• DUVERGER Maurice, Introduction à la politique. Ed. Gallimard, Paris, 1964.
• GINGOLD Peter, Jamais résignés ! Parcours d’un Résistant du XXe siècle. Ed. L’Harmattan, Paris, 2013.
• HESSEL Stéphane, Engagez-vous ! Ed. de l’Aube, 2011.
• LANGLOIS Denis, Le nouveau guide du militant. Ed. Seuil, Paris, 1979.
• LÉNINE Vladimir Ilitch, Que Faire ?. Ed. Seuil, Paris, 1960.
• MACHIAVEL Nicolas, Le Prince. Ed. Cérès, Tunis, 1994.
• OSTROVSKY Nicolas, Et l’acier fut trempé. Ed. de Moscou, 1983.
• POLÉVOÏ Boris, Un homme véritable. Ed. de Moscou, 1963.
• ROYAL Ségolène, Cette belle idée du courage. Ed. Grasset, Paris, 2013.
• SERGE Victor, Ce que tout révolutionnaire doit savoir. Ed. Maspéro, Paris, 1970.
• SHARP Gene, De la dictature à la démocratie. Ed. L’Harmattan, Paris, 2009.
• SOPHOCLE, Antigone. Ed. Belles Lettres, Paris, 1991.
• TÉTÉ Godwin, (i) Des principes fondamentaux du militantisme. Ed. Haho, Lomé (Togo), 2004.
(ii) Histoire du Togo – La Palpitante Quête de l’Ablodé (1940-1960). Ed. NM7, Paris, 2000.
(iii) Sylvanus Olympio – Père de la Nation togolaise. Ed. L’Harmattan, Paris, 2008.
(iv) Histoire du Togo – La longue nuit de terreur (1963-2003). Ed. A. J. Presse, Paris, 2006.
(v) Togo – La vraie/fausse question nord-sud. Ed. Haho, Lomé (Togo), 2007.
(vi) Autopsie du développement pernicieux. Le cas du Togo (1963-2013). Ed. L’Harmattan, Paris, 2013.
• WILLARD Marcel, La défense accuse. Ed. Sociales, Paris, 1955.
• ZAPOTOVSKY Antonin, De nouveaux combattants se lèveront. Ed. de Prague, 1957.

Paris, le 28 septembre 2013
Godwin Tété