ABIDJAN, 24 oct (AFP) – 12h30 – Les Togolais sont appelés aux urnes dimanche pour élire un nouveau parlement, lors d’un scrutin déjà reporté deux fois en trois ans et marqué par l’absence des grands partis d’opposition.
Les quelque 2,9 millions d’électeurs inscrits devaient théoriquement voter le 14 octobre 2001, puis le 10 mars 2002 pour choisir leurs futurs 81 députés. Mais ce scrutin, de moins en moins « anticipé », selon le vocable employé dans les accords conclus en juillet 1999 entre le pouvoir et l’opposition, n’a pas eu lieu, les deux camps se renvoyant mutuellement la responsabilité de ce blocage.
Pour mettre fin à dix ans de tension politique, le pouvoir et l’opposition avaient conclu l’Accord Cadre de Lomé (ACL) qui prévoyait des élections législatives anticipées et l’abandon du pouvoir par le président Gnassingbé Eyadéma à l’issue du scrutin présidentiel de 2003, conformément à la Constitution.
Au-delà des divergences politiques, le pouvoir, au sein duquel d’importantes querelles internes se sont fait jour cette année, est usé, tout comme l’opposition « traditionnelle » qui est passablement désunie malgré un effort de cohésion.
A cela s’ajoute un facteur personnel essentiel, l’opposition entre le président Gnassingbé Eyadéma et son opposant de toujours Gilchrist Olympio, qui vit en exil. Son père, Sylvanus Olympio, fut Président de la République et mourut assassiné.
Finalement le pouvoir, dominé par le Rassemblement du Peuple Togolaisfondé par Gnassingbé Eyadéma), seul parti à présenter un candidat dans toutes les circonscriptions, a sauté le pas et décidé de convoquer les électeurs.
Mais en l’absence des principales formations de l’opposition, le scrutin risque fort d’être taxé de mascarade, tant par l’opposition que par la communauté internationale, notamment l’Union Européenne qui conditionne toute reprise de son aide financière à des « des élections démocratiques ».
Le général Eyadéma, au pouvoir depuis 35 ans, a dissous l’assemblée nationale le 10 octobre et déploré le désistement des grands partis d’opposition. « Dans toute démocratie, seules les élections permettent au peuple de s’exprimer librement, afin de sanctionner au besoin les dirigeants et leaders politiques qui aspirent à parler en son nom », a-t-il dit à quelques journalistes.
Sans parler formellement de boycott, l’Union des Forces du Changementde Gilchrist Olympio, la Convergence Patriotique Panafricaine (CPP, fusion de quatre partis) d’Edem Kodjo, le Front (coalition de quatre partis) de Yawovi Agboyibo et le Parti pour la Démocratie et le Renouveau (PDR) de Zarifou Ayéva, ont décidé de bouder la consultation. Ils contestent notamment le remplacement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) par un comité de sept magistrats nommés directement par la Cour constitutionnelle.
Ce comité a validé les candidatures de quinze formations politiques et huit candidats indépendants.
« C’est clair que sans le code électoral consensuel élaboré, nous n’allons pas aux élections législatives anticipées. Nous ne sommes pas concernés par ces élections organisées par les magistrats », a estimé récemment le secrétaire général de l’UFC, Jean-Pierre Fabre.
« Les leaders des partis de l’opposition traditionnelle sont à court d’idées novatrices et il faut qu’ils se retirent »,a répliqué à l’AFP Harry Olympio, président du Rassemblement pour le Soutien de la Démocratie et du Développement (RSDD), qui présente 9 candidats.
« Avec l’entrée des candidats RSDD à l’Assemblée nationale, les populations découvriront l’autre manière de faire de la politique », a estimé cet ancien ministre des Droits de l’Homme.
Quel que soit le résultat du scrutin de dimanche, ces élections devraient donner le coup d’envoi de grandes manoeuvres politiques, avec en ligne de mire l’élection présidentielle de 2003 dans un pays où la majeure partie de la population n’a pas connu d’autre dirigeant que le général Eyadéma depuis l’indépendance
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