03/10/2023

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Togo: Gnassingbé sous forte pression africaine et internationale

ABUJA (AFP) – 18/02/2005–Sous forte pression africaine et internationale pour rétablir l’ordre constitutionnel sous peine de sanctions, le président investi togolais Faure Gnassingbé a rencontré jeudi à Abuja le président nigérian Olusegun Obasanjo, qui a réitéré l’exigence d’élections « libres et transparentes ».

Selon des officiels nigérians, Faure Gnassingbé et sa délégation ont tenté de justifier leur position, mais le président Obasanjo « tout en disant comprendre la situation, ne leur a laissé aucun doute sur la position de la CEDEAO et de l’Union africaine face à une prise de pouvoir non constitutionnelle ».

Le chef d’état nigérian, président en exercice de l’Union Africaine, « leur a fermement conseillé de revenir dans le cadre de la Constitution et d’organiser des élections libres, justes et transparentes », a ajouté la porte-parole d’Obasanjo, Remi Oyo. « C’est une réunion de famille dans une situation où il faut se rencontrer pour faire ce qu’il faut, de la façon qu’il faut et quand il le faut », avait dit M. Obasanjo, en accueillant M. Gnassingbé à sa résidence avant une réunion à huis clos. Mais au delà de ces formules de façade, le président Obasanjo avait donné le ton dès mardi: « tolérance zéro » pour les juntes militaires.

« Il (Obasanjo) a le soutien total de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest) et de l’Union africaine et obtiendra le plein appui des Nations unies pour trouver une solution », avait déclaré Femi Fani-Kayode, conseiller de M. Obasanjo pour les affaires publiques. Côté officiel togolais, on avait affirmé jeudi matin à Lomé que M. Gnassingbé se rendait à Abuja pour une « concertation » dans le cadre « des négociations entamées par la CEDEAO » sur la succession à la présidence du Togo. La délégation togolaise n’a de son côté fait aucune déclaration.

Tant la CEDEAO que l’UA ont qualifié de « coup d’Etat » l’accession du pouvoir de Faure Gnassingbé. Sous peine de sanctions, l’organisation sous-régionale exige le respect de la Constitution prévoyant, en cas de décès du chef de l’Etat, un intérim du président de l’Assemblée nationale et l’organisation d’une élection présidentielle dans les 60 jours. Le président Eyadéma est décédé le 5 février à l’âge de 69 ans après 38 ans sans partage à la tête du Togo.

Son fils Faure Gnassingbé, 39 ans, désigné par l’armée pour lui succéder, a été investi deux jours plus tard, après que son accession au pouvoir eut été avalisée par les députés grâce à une modification express de la Constitution et la destitution du président de l’Assemblée, qui se trouve au Bénin.

Une délégation de la CEDEAO, conduite par la ministre nigérienne des Affaires étrangères Aïchatou Mindaoudou, était venue négocier mardi à Lomé avec le nouveau pouvoir. Mme Mindaoudou avait qualifié la rencontre de « très fructueuse et très encourageante » mais rien n’avait filtré. Faure Gnassingbé devait quant à lui s’adresser aux Togolais mercredi soir à la radio et la télévision pour « présenter à ses concitoyens l’état de la situation », mais ne l’avait finalement pas fait.

Ce contretemps laisse à penser qu’un accord est finalement plus difficile à trouver pour une sortie de crise que ne l’avaient laissé espérer ces diverses déclarations optimistes. Parallèlement, les obsèques d’une des trois personnes tuées le 12 février par les forces de sécurité togolaises lors d’une manifestation contre l’arrivée au pouvoir de Faure Gnassingbé ont eu lieu dans le calme jeudi à Lomé dans le quartier de Bè, un des fiefs de l’opposition, en présence de quelque 300 personnes et de représentants de partis d’opposition.

Aucune force de sécurité n’était visible aux alentours du cimetière où s’était rassemblée la petite foule, alors que dans le reste de la capitale des militaires, gendarmes et policiers étaient discrètement installés aux carrefours et avenues importants.