29/03/2024

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Togo: Hommage à Gerson Kadzo GU-KONU

LE PARCOURS DE GERSON KADZO GU-KONU

Le 26 novembre 2006, un culte d’action de grâce est organisé en mémoire de Gerson GU-KONU, l’un de ceux qui se sont battus dès avant 1950 pour l’indépendance du Togo, puis contre le régime de dictature militaire institué dans le pays après le coup d’Etat militaire du 13 janvier 1963. Le texte ci-dessous relate brièvement la biographie de ce patriote togolais et de ce défenseur inébranlable des Droits de l’Homme sur le continent.

Gerson GU-KONU est né en 1932 à Kuma-Adame, « Cercle de Klouto ». Il a fait ses études primaires à Kpalime. Il a poursuivi des études secondaires jusqu’en 1949 au Collège moderne de Lomé (dit Petit Dakar à l’époque). Il a commencé sa vie professionnelle comme instituteur de la Mission Evangélique, d’abord à Kpalime, ensuite à Lomé (Rue d’Alsace, puis Ahanokope) jusqu’en 1954 avant de revenir à Kpalime où il poursuivra l’enseignement au Collège Espoir jusqu’en 1956. Il s’engagera déjà dès 1955 dans « Les Volontaires au Travail », une organisation non gouvernementale qu’il créera lui-même, et dont l’objectif est d’organiser la population afin qu’elle se mette en mesure de réaliser dans les villages et les villes du « Cercle de Klouto » des travaux d’intérêt général au bénéfice de la population. Il créera dans cette organisation une section appelée « Hahosuku Habobo » (Ecole populaire) pour donner des cours du soir à des adultes (hommes et femmes) qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école, et qui désirent apprendre à lire et à écrire.

Les volontaires au travail iront ainsi construire dans plusieurs villages de Klouto, surtout des écoles et des dispensaires, ensemble avec la population du village concerné et en collaboration avec des jeunes venus surtout de France, d’Angleterre et de Hollande et du Ghana. En même temps, « Hahosuku Habobo » donnait, le soir, des cours d’alphabétisation aux adultes des deux sexes qui le souhaitent. Pendant qu’il organisait ce travail communautaire volontaire, Gerson GU-KONU participait activement à la lutte anticoloniale, en utilisant le mouvement pour organiser la sensibilisation et la mobilisation politiques, d’abord comme membre de la JUVENTO dont il organisait les comités des villages dans le « Cercle de Klouto » (aujourd’hui le Grand Kloto) sur le mot d’ordre de « Woatsadua, Ablodee » !

Plus tard, il devient membre du Comité de l’Union Togolaise (CUT), parti nationaliste dont le premier dirigeant était Sylvanus Olympio, la JUVENTO étant encore considérée à l’époque comme la jeunesse du CUT. Gerson GU-KONU devient ainsi un des représentants les plus connus du CUT dans le « Cercle de Klouto », où il a continué à animer les comités villageois de la JUVENTO et du CUT, toujours sur le thème de « Ablodee, Woatsadua » ! Il deviendra ainsi le plus jeune des députés de la première Assemblée nationale constituée après la victoire des nationalistes aux élections d’avril 1958. Dans cette Assemblée, il travaillera en étroite collaboration avec d’autres députés comme le docteur Marc Atidepe, le docteur Fiadjoe, Mrs Kolor, Sankaredja, Namoro Karamoko…
Au lendemain du coup d’Etat militaire du 13 janvier 1963, Gerson GU-KONU réunira un groupe d’amis, femmes et hommes de la Circonscription de Klouto pour prendre le maquis et organiser la résistance contre la junte qui venait de prendre le pouvoir à Lomé avec la complicité et l’aide active d’agents du gouvernement français de l’époque. Ce groupe prendra les armes dès le lendemain du coup d’Etat et s’organisera pour barrer la route au détachement militaire envoyé de Lomé par les putschistes pour mater la résistance à Kpalime. Il sera ainsi arrêté quelques jours plus tard avec plusieurs de ses amis, torturé, enfin jugé et condamné à 5 ans de prison. Il ne sera libéré que le 13 janvier 1968.

Ne pouvant plus continuer de vivre dans le pays, il partira en exil et finira par atterrir à Paris, où il commencera à travailler au Service Civil International (SCI) comme l’un des animateurs de cette organisation. Puis il s’engagera dans la Section française d’Amnesty International, dont il sera le premier coordinateur jusqu’en 1971, date à laquelle il sera appelé à Londres pour devenir l’un des membres du bureau central d’Amnesty International.
Il est alors chargé à Londres d’organiser des sections d’Amnesty en Afrique. Pendant 24 ans, il sillonnera ainsi une fois par an le Continent africain, d’Algérie en Afrique du Sud, de Côte d’Ivoire en Tanzanie, d’Ethiopie au Ghana, Burkina Fasso à Kinshasa, du Bénin au Kenya …

C’est à Londres que Gerson GU-KONU prendra sa retraite en 1995. Il reviendra alors vivre en Afrique, partageant son temps entre Ho (Ghana), Lomé (Togo) et son village natal, Akata près de la ville de Kpalime. Gerson GU-KONU a donc consacré sa vie entière aux autres, à défendre les victimes des violations des droits de l’homme, à lutter contre les violations des droits de l’Homme, à chercher à amener les gouvernements du Continent à respecter les droits de l’homme.

C’est en sa qualité de défenseur des droits de l’homme, et avec la volonté de contribuer à mettre un terme aux régimes dictatoriaux en Afrique et ailleurs, qu’il s’est activement impliqué, dès 1987, dans la création de CDPA-BT en tant que parti d’opposition au régime de dictature institué au Togo depuis 1963.
Qu’il reçoive l’hommage de tous les membres et de tous les sympathisants de ce parti d’opposition à la dictature.

Paris, le 26 novembre 2006
Pour la CDPA-BT section de France
Emmanuel BOCCOVI