28/03/2024

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Togo: Il y a 16 ans…le soulèvement populaire du 5 octobre

5 octobre 1990 5 octobre 2006

Rendons hommage à tous les martyrs tués au cours de ces 16 ans !
Et exigeons que justice leur soit rendue pour que cesse l’impunité !
Il y a 16 ans, le 5 octobre 1990, le peuple togolais se soulevait spontanément, à partir de sa jeunesse, pour mettre fin au régime RPTiste du dictateur Etienne GNASSINGBE Eyadéma.

Le puissant torrent révolutionnaire du 5 octobre 1990 balayait tout sur son passage car, mouvement venu de très loin, il plongeait ses racines dans le profond rejet des régimes qui se sont succédé au Togo depuis que le cours normal de son histoire a été brutalement interrompu, le 13 janvier 1963, avec l’assassinat du premier président démocratiquement élu, Sylvanus OLYMPIO. S’étendant très rapidement sur toute l’étendue du territoire national comme du feu sur une traînée de poudre, ce sont toutes les institutions du régime dictatorial RPT auxquelles il s’attaquait à commencer par les symboles du régime et ses forces de répression.

Ce mouvement s’exprima à l’occasion de la parodie de procès de deux démocrates : Hilaire LOGO Dossouvi et de DOGLO Agbélenko, militants de la Convention démocratique des peuples africains (CDPA). Ils avaient été sauvagement torturés sur les ordres du Directeur général de la Police nationale d’alors, Pitalouna LAOKPESSI, ancien ministre dans le gouvernement de Faure Essozimna GNASSINGBE qui vient juste de céder la place au Colonel Atcha TITIKPINA, l’ancien dirigeant du Régiment commando de la Garde présidentielle (RCGP) qui dirigea la féroce répression qui fit plus de 1 000 morts tout au long de l’année 2005, après la disparition d’Eyadéma.
Jusqu’à ce 5 octobre 1990 prévalait au Togo depuis 23 ans, un régime fondé sur le règne de la terreur et de l’arbitraire organisé depuis les sommets de l’Etat à travers l’assassinat massif de pauvres citoyens dont le seul tort était de contester le régime d’oppression, de corruption, de gabegie, de vol, de misère, de famine, de pillage et de ruine mis en place sous la férule sanglante de la dictature d’Eyadéma.

Un mouvement noyé dans un bain de sang depuis 16 ans !

Depuis son éclatement, le mouvement du 5 octobre 1990, qui se poursuit jusqu’à ce jour, n’a cessé d’être noyé dans un bain de sang par le régime RPT dirigé par le clan des GNASSINGBE père et fils. Les dates suivantes marquent l’évolution de cette spirale de violence sanglante où les forces de répression (armée, gendarmerie et police) tuent en toute impunité en faisant souvent disparaître les corps :

• Plus de 500 morts en 1990, lors de la répression du soulèvement populaire sur toute l’étendue du territoire national où il s’est très rapidement étendu, de novembre à décembre, avec la grève des conducteurs de véhicules de transport en commun ;
• Plus de 1 000 morts en 1991, lors de la répression du mouvement des étudiants de l’Université du Bénin qui se sont mis en grève le 12 mars 1991 pour dénoncer la politique liquidatrice et régressive du régime RPT ; de la terrible répression de la marche des femmes, les 15 et 16 mars 1991, par laquelle celles-ci protestaient contre la répression des marches pacifiques des étudiants, leurs enfants ; des massacres de la Lagune de Bè, le 10 avril 1991, où l’armée togolaise a tué 28 citoyens innocents parmi lesquels une femme enceinte et une autre portant un bébé au dos puis jeté leurs corps dans cette lagune ; des tueries perpétrées dans tout le Togo lors de la grève générale illimitée de juin 1991 exigeant la démission d’Etienne GNASSINGBE Eyadéma ; des tueries lors des multiples coups de force des Forces armées togolaises, sur ordre d’Eyadéma, contre les institutions de la transition mises en place au lendemain de la Conférence nationale de juillet-août 1991 ;
• Plus de 1 000 morts en 1992, lors de la répression des manifestations qui se sont multipliées dans tout le pays pour protester contre l’attentat de Soudou où de valeureux démocrates comme Marc ATIDEPE, OURO Atchankpa Zakari, MOUSSA Mama Touré, Sama TCHADJOBO Alasa ont été tués le 5 mai 1992 ; pour protester contre l’assassinat de Tavio Ayawo AMORIN, décédé le 29 juillet à l’Hôpital St Antoine de Paris où il a été évacué, des suites des graves blessures qui lui ont été faites lors de l’attentat dont il été victime à Lomé, le 23 juillet 1992 et qui a été exécuté par un commando de policiers et de militaires commandités par Eyadéma ;
• Plus de 1 500 morts en 1993, lors des massacres de Fréau Jardin et de Bè, les 25 et 30/31 janvier 1993, lors de la deuxième grève générale illimitée lancée en novembre 1991 par le Collectif des syndicats indépendants (CSI) pour protester contre la prise en otage des membres du HCR, répression d’une rare barbarie qui a poussé à l’exode de plusieurs centaines de milliers de Togolais dans les pays voisins et lors de la mascarade d’élection présidentielle organisée au mois de septembre où nombre de citoyens ont été lâchement assassinés par les forces armées aux ordres d’Eyadéma au cours de la campagne électorale et des manifestations de protestation contre les fraudes massives qui ont eu lieur lors du scrutin ;
• Plus de 500 morts en 1994, surtout lors de la mascarade d’élections législatives organisées au mois de février ;
• Plus de 500 morts en 1998, lors de la répression sanglante qui s’est déchaînée au cours de la campagne de l’élection présidentielle du 21 juin et des manifestations de protestation contre les fraudes massives qui ont eu lieur lors du scrutin ;
• Plus de 500 morts en 2003, lors de la répression sanglante qui s’est déchaînée au cours de la campagne de l’élection présidentielle de juin et des manifestations de protestation contre les fraudes massives qui ont eu lieur lors du scrutin ;
• Plus de 300 morts en 2004, lors du guet-apens tendu aux manifestants qui se sont rendus à Lomé II pour une marche de soutien à Eyadéma le 20 novembre ;
• Plus de 1 000 morts en 2005, lors de la répression sanglante qui s’est déchaînée contre les manifestations populaires qui ont eu lieu suite au décès du dictateur Etienne GNASSINGE Eyadéma et s’est tout particulièrement intensifiée dans tout le pays au cours de la campagne de l’élection présidentielle du 24 avril ainsi qu’après la proclamation de résultats frauduleux.
Au total, c’est plus de 6 800 morts, victimes de la répression sanglante organisée par le régime RPT qu’il y a eu au Togo depuis le soulèvement populaire du 5 octobre 1990 !
Plus de 6 800 morts : n’est-ce pas trop pour un petit Togo de 5 millions d’habitants ?

A l’occasion de la commémoration de ce 16ème anniversaire du Soulèvement populaire du 5 octobre 1990, le Parti des travailleurs tient à rendre hommage à la mémoire de ces milliers de martyrs qui ont versé leur sang sur la terre de nos aïeux et appelle tout le peuple togolais à exiger avec lui que justice leur soit rendue à travers la recherche, le jugement et le châtiment des auteurs, responsables et commanditaires de tous ces crimes afin de mettre fin au règne de l’impunité au Togo.

Malgré sa trahison, Octobre 1990 vit dans la conscience des masses togolaises !

En raison même de sa barbarie, la répression sanglante dans laquelle le régime RPT n’a cessé de noyer, depuis 16 ans, l’aspiration à la liberté qu’exprime fortement le peuple togolais fait vivre le soulèvement populaire du 5 octobre 1990 et l’irrémédiable tournant qu’il a opéré dans la situation togolaise au plus profond de la conscience des masses togolaises.

Un peut plus tôt, un peu plus tard, cette aspiration à la liberté triomphera victorieusement !

C’est alors le lieu de faire un constat : ceux-là mêmes qui ont pris la direction de ce mouvement n’ont cessé de le trahir.
Comment peut-on comprendre autrement en effet que ceux qui, se réclamant de l’opposition démocratique et parlent au nom du peuple, finissent pourtant par accepter de constituer des gouvernements d’union nationale avec le régime RPT qui l’assassine après que :

— Joseph Kokou KOFFIGOH, celui-là même qui avait dirigé, en sa double qualité de président de la Ligue togolaise des droits de l’Homme (LTDH) et bâtonnier de l’ordre des avocats les manifestations de protestation chez Eyadéma, le 5 octobre 1990, avant d’être désigné comme président du comité de la grève générale illimitée jusqu’à la démission d’Eyadéma appelée en juin 1991 par le COD/FOD ait tourné casaque après avoir été désigné comme Premier ministre de la transition par la Conférence nationale en août 1991 pour passer dans le camp du RPT depuis décembre 1991 où il avait été désigné par Eyadéma comme premier ministre du gouvernement d’union nationale ?

— Yao AGBOYIBOR, celui-là même dont les étudiants en grève au cours du mois de mars 1991 ont fait leur porte-parole dans les négociations sur leurs revendications avec le régime RPT avant de se porter à la tête du FAR et d’animer le COD/FOD et les différentes coalitions de l’opposition démocratique qui se sont constituées depuis lors ait accepté, le 16 septembre dernier, de se faire nommer à son tour comme premier ministre avec d’autres militants de son parti, le CAR, nommés par la suite comme ministres par Faure Essozimna GNASSINGBE, le commanditaire du génocide de 2005 qui a occasionné plus de 1 000 morts au Togo à la suite du décès d’Eyadéma ?

— Léopold Messan GNININVI, celui-là même qui dirige la CDPA, le parti qui a été le catalyseur du déclenchement du Soulèvement populaire du 5 octobre 1990 ait accepté de se faire nommer, le 20 septembre dernier, avec d’autres de ses camarades, comme ministres du gouvernement de Faure Essozimna GNASSINGBE, celui-là même qui, commanditaire du génocide de 2005, a occasionné plus de 1 000 morts au Togo à la suite du décès d’Eyadéma ? Une année auparavant, n’avait-il pas nommé comme ministre de ce même gouvernement qu’il quittait au moment où y entraient les responsables de la CDPA, Pitalouna LAOKPESSI, le Directeur général de la Police nationale qui, en septembre-octobre 1990, avait sauvagement torturé leurs propres camarades LOGO Dossouvi et Doglo AGBELENKO ?

Comment caractériser autrement que de trahison de la mémoire de ceux qui ont été assassinés en 2005 par le régime RPT au profit de l’installation au pouvoir de Faure Essozimna GNASSINGBE et de légitimation de son pouvoir assassin, l’évolution qui a mis en place l’actuel gouvernement d’union nationale ? Cherche-t-on ainsi à décourager la poursuite du combat de résistance du peuple togolais qui, de jour en jour, mesure le fossé qui s’élargit entre ses aspirations à la liberté, à la démocratie et la réalité des ambitions personnelles de ceux qui, jusqu’alors, se sont présentés à lui comme ses représentants ?

Face à une telle situation, le peuple togolais n’est-il pas placé devant d’autre alternative que de renouer avec le mouvement d’octobre 1990, en prenant directement en main son sort pour régler, par lui-même, à travers des organes de sa propre création (comités de quartiers, de villes, de villages, etc.) les problèmes qui lui sont posés à travers la continuelle dégradation de ses conditions d’existence sous l’effet des mesures aggravant la misère, le chômage, la famine, la ruine de l’Ecole et de la Santé, mesures dictées pour piller notre pays par les grandes puissances et leurs institutions que sont le FMI, la Banque mondiale, l’OMC, l’Union européenne, l’Union africaine, la CEDEAO ?

En s’organisant ainsi en toute indépendance, en réalisant ainsi son unité le peuple togolais pourra garantir que les mouvements qu’il engagera à l’avenir pourront aller vers la victoire en évitant d’être détournés de leur objectif : la fin du régime RPT et d’être trahis comme celui d’octobre 1990 lorsqu’on sait surtout que les lois de l’histoire sont plus fortes que tous les appareils politiques traîtres.

Mobilisons-nous, organisons-nous, entretenons la flamme du 5 octobre 1990 car, comme le disait Sylvanus OLYMPIO :

« La nuit est longue, mais le jour vient ! »

Lomé, le 04 octobre 2006
Pour le Parti des travailleurs,
le Secrétaire chargé de la coordination
Claude AMEGANVI