18/04/2024

Les actualités et informations générales sur le Togo

Togo : la neutralité de l’UE conforte la junte militaire togolaise

Par Gaëtan TETE

Le vin est tiré. Mais les populations du Togo sont-elles obligées de boire ce vin aigre concocté de façon diabolique par la junte militaro-fasciste, vestige du système éyadémiesque ? A cette question, il n’y a que le peuple souverain lui-même qui peut répondre. Et il y répond déjà à travers ce NON retentissant adressé à Baby Gnass, après la mascarade électorale du 24 avril dernier. En effet, en guise d’élection, ce fut une parodie : les notes d’informations confidentielles des représentants de l’UE ont révélé l’existence de 900 000 électeurs fictifs dans le nord, fief d’Eyadéma (les morts et les enfants de douze ans ont voté pour le candidat Faure Gnassingbé.) ; sans compter les vols d’urnes par les militaires dans plusieurs bureaux où l’opposition a fait le plein des voix.

FAURE N’EST QUE LE PRESIDENT ELU DE LA CEDEAO ET DE LA FRANÇAFRIQUE

Aujourd’hui, il faut se mettre à l’évidence : l’opposition avait raison, (elle qui a par le passé, été échaudée par de véritables hold-up électoraux sous le règne de Papa Gnass) et était demeurée vigilante. Elle a longtemps tiré la sonnette d’alarme, et averti les autorités de la Cedeao sur les fraudes monstres qui se préparaient, et a plusieurs fois demandé un report, pour plus de transparence. Mais la France de Chirac et ses alliés composés de chefs d’Etats africains de la Cedeao et de l’Union africaine, pour des raisons économico-politico-mafieuses avaient choisi leur camp : celui de la dictature et du mépris des droits de l’Homme.
En somme, en matière de fraudes massives, les experts envoyés par l’Elysée au fils de l’ami personnel de Chirac ont amélioré le dispositif de fraudes à grande échelle des années Eyadéma : ils y ont adjoint entre autres, la rupture de lignes téléphoniques avant, pendant et après le scrutin, le déploiement de l’armée dans tout le pays, le convoyage de troupes de militants RPT armés de pistolets et de gourdins cloutés venues de Kara (ville natale des Gnassingbé.) A un journaliste de RFI, l’un des supporter du RPT déclarait naïvement : « Ici nous sommes tous de Kara, et là-bas nous avons l’habitude pendant les fêtes traditionnelles, de danser avec des flèches, des pistolets et des gourdins… » 390 000 électeurs ont été sciemment privés de vote à Lomé et dans le sud favorable à la coalition de l’opposition (refus de délivrance de cartes d’électeurs, bulletins déclarés nuls, etc.)

« Finalement, Faure n’est à ce jour que le président élu de la CEDEAO et de la Françafrique, et non celui du Togo. », disait à propos un observateur de la scène politique togolaise. En effet, bien malins seront les conseillers français de Baby Gnass, s’ils trouvent réponse à la question : « Comment gouverner un peuple de cinq millions d’âmes, lorsque conformément au cas Faure, on a obtenu à peine 10% des voix en données réelles à l’élection présidentielle ? » Le proverbe dit : « On peut amener le bœuf à l’abreuvoir, mais on ne peut pas le forcer à boire. »

QUE FAIRE ?

Après cet énième coup d’Etat de la part du système des généraux RPT, il convient à l’opposition de se ressaisir. Cette opposition savait d’ailleurs, que la vraie bataille s’engagerait après la proclamation des résultats officiels. Elle était consciente du complot internationalement fomenté contre le peuple togolais en quête de liberté. Depuis l’annonce de la mort, le 5 février, du dictateur Eyadéma, les leaders de l’opposition vraie ont donné un bel exemple d’abnégation. Ils sont restés unis et ont dans l’ensemble, bien coordonné leurs actions. Les populations du Togo, éprises de liberté, exigent la poursuite d’une concertation permanente entre les chefs de l’opposition. La communication doit devenir effective entre les leaders des partis démocratiques et la LTDH, les représentants des Eglises, l’Ordre des avocats, le CTR (Comité togolais de résistance), le CRDT (Conseil de la résistance démocratique du Togo), Initiative 150 ; toute la société civile, etc., etc.
Les populations qui n’acceptent pas le fait accompli de l’élection frauduleuse de Faure Gnassingbé, attendent un message de réconfort et de remobilisation ; des directives clairement exprimées de la part du Président élu, Bob Akitani. Elles souhaitent la formation d’un gouvernement par le vrai vainqueur : Akitani Bob. Ce gouvernement doit être le moteur de la lutte de libération des togolais et un ambassadeur de part le monde et auprès des diverses organisations internationales.

LES TOGOLAIS NE DOIVENT POINT SE LEURRER.

Jacques Chirac qui était, selon des sources dignes de foi, en relation téléphonique permanente avec les instances de la Cedeao, l’a été aussi avec celles de l’UA et de l’UE. Une concertation aurait eu lieu entre Chirac et le Secrétaire général de l’ONU, le très francophile Kofi Anan. Ce dernier, selon certaines sources, devrait son élection et sa réélection à la tête des Nations-Unies à l’appui de la France, raison pour laquelle, il serait très à l’écoute des recommandations de Jacques Chirac…
Indubitablement, cela n’est guère étonnant de voir toutes ces grandes et respectueuses organisations internationales (UA, UE, ONU), se cacher derrière une organisation sous-régionale à caractère économique et sans grands moyens, en l’occurrence la Cedeao, pour régler un si épineux différend que représente le problème togolais.
Bien conseillée par Chirac, l’UE aussi a failli à sa mission, sinon comment expliquer la mise en veilleuse des dispositions de l’article 9 de l’Accord de Cotonou, dont Eyadéma s’efforçait de tenir compte avant sa mort ? Après les fraudes massives, l’Union européenne n’a envisagé aucune sanction, nonobstant les notes d’informations confidentielles de ses représentants sur le terrain. Ceux-ci ont révélé entre autres, l’existence de 900 000 électeurs fictifs dans le nord, fief des Gnassingbé.
Ce faisant, et ne faisant rien, l’UE prend fait et cause pour la dictature des généraux, car : « Qui ne dit mot, consent. » Si la population française, fille de la Révolution de 1789, savait que c’est, entre autres, pour une politique étrangère qui soutient les dictatures, qu’elle est invitée à adopter le 29 mai prochain, la Constitution européenne, elle voterait plutôt NON.

En résumé, aujourd’hui un constat s’impose : l’opposition togolaise n’est pas respectée, parce qu’elle ne dispose pas d’armement….Si elle en disposait, les militaires et les milices du RPT réfléchiraient à deux fois, avant de tirer à bout portant sur de pauvres innocents et de casser à coups de gourdins, méthodiquement, bras et jambes de la jeunesse, à qui de surcroît les généraux, les juges constitutionnels inféodés, et les caciques du RPT ont dépouillé de leur victoire électorale.

La rédaction letogolais.com