25/04/2024

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Togo : La question des inondations saisonnières du littoral

« Un problème bien posé est à moitié résolu » Francis Bacon
« On ne commande à la nature qu’en lui obéissant » Francis Bacon

Depuis un certain temps, l’inondation saisonnière, due à des pluies exceptionnellement abondantes, semble prendre l’allure d’un phénomène récurrent. Elle aggrave, pour les simples gens de chez nous, une situation socio-économique depuis longtemps déjà très misérabiliste. Elle occasionne des pertes de vies humaines. Elle rend, pour ces simples gens, l’existence quotidienne tout à fait insupportable. Elle risque de finir par déboucher sur une épidémie d’une ampleur incommensurable, entraînant une mortalité massive pour notre pays qui n’est déjà pas assez peuplé.

Alors que faire ? À ce propos, commençons par bien poser le problème. Le fait est que l’espace géographique entre le bord de l’Atlantique et le plateau de Tokoin est une zone essentiellement lagunaire (!!!). J’ai grandi au milieu de mes tantes paternelles qui, à l’époque, entre 1934 et 1944, étaient déjà très âgées. Elles ne tarissaient guère de raconter des histoires des jours immémoriaux. C’est ainsi que j’ai appris d’elles que, jadis, on allait de Kéta (Ghana) à Lagos (Nigeria) en barque, par la lagune dont il ne reste aujourd’hui que des vestiges. Cela est corroboré par le Professeur d’histoire Divine Edem Kobla Amenumey dans son ouvrage « The Ewe in Pre-Colonial Times » (= « Les Éwé aux Temps Pré-Coloniaux ») que je viens tout juste de traduire en français. Par ailleurs, mon frère aîné Mâté Abraham Tété (1904-1984) m’a raconté que, gamins, lui-même et ses camarades d’enfance allaient se baigner dans la lagune qui occupait le site de l’actuelle succursale de l’UTB (Union Togolaise de Banque) à Nyékonakpoè (Lomé). Laquelle lagune, me dit mon fofo, aura été asséchée par les Allemands. Tant et si vrai qu’en 1962, à la faveur de pluies diluviennes, je verrai moi-même l’eau reprendre son droit à cet endroit ! Et il a fallu de puissantes pompes motorisés pour l’en déloger !

Que dis-je ? En vérité, toute la bande de terre entre le rivage de la mer et le plateau de Tokoin, depuis le Ghana jusqu’au Nigeria, est un espace naturellement lagunaire (!!!). Si donc nous tenons à vivre dans cet écosystème, il va falloir – il aurait fallu depuis notre indépendance – procéder à de très sérieux travaux d’aménagement (!!!). À ce sujet, je crois savoir que les Hollandais, par exemple, s’y connaissent parfaitement, eux qui ont eu à se battre des siècles durant contre l’eau pour s’assurer un coin sous le Soleil.

Je prends donc la liberté d’interpeller les responsables gouvernementaux, les ingénieurs hydrauliciens de la Terre de nos Aïeux, afin qu’ils veuillent bien se pencher, une bonne fois pour toutes, sur la question vitale que sont devenues les inondations saisonnières récurrentes à Lomé, au Togo en général. Je me permets d’interpeller le Peuple togolais lui-même pour qu’il pousse à la roue… dans ce sens. Je nous interpelle. Instamment !

Paris, le 15 novembre 2010

Godwin Tété
Ancien fonctionnaire international des Nations-Unies