28/03/2024

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Togo: La stratégie de « GNASS »

Côte pile, face à l’Union européenne, Gnassingbé Eyadéma joue les urnes. Côte face, il mise tout sur sa propre progéniture. Un homme à facettes.

Gnassingbé Eyadéma a pris, fin mai à Lomé, 22 engagements qui vont du respect des droits de l’homme à la révision du code électoral, pour renouer avec l’Union européenne, qui avait interrompu sa coopération après les violences politiques de 1993. Encore bravo.

En fait, « Gnass », comme disent ses proches, est le metteur en scène d’un autre film… Au centre de ce dispositif, son fils, Faure Gnassingbé, 38 ans, ministre des mines, de l’équipement et des télécommunications. Depuis la disgrâce de Moussa Barqué, Faure Gnassingbé est devenu le conseiller financier de son père. Outre les phosphates, la téléphonie, la prospection pétrolière, « Faure » gère également le dossier des privatisations et suit les intérêts de la famille au sein des entreprises « privatisées » comme les Brasseries du Bénin, Lydia Ludic (jeux) et Wacem (ciment) installées dans la zone franche de Lomé, dirigée par son frère Kpatcha Gnassingbé, président de Sotoco (coton).

Chef du « clan des progressistes » au RPT, parti présidentiel, composé des ministres Akila-Esso Boko (intérieur) et Katari Foli-Bazi (justice), « Faure » se positionne pour la succession de son père. Il compte pour cela sur le président de l ‘Assemblée nationale, Fambaré Natchaba, un musulman du Nord, considéré comme le stratège politique du régime, et sur des hommes comme Pitang Tchalla, le volubile ministre de la communication, et le secrétaire général du RPT Dama Dramani, d’ethnie bassari de Tchamba (Nord) et demi-frère de Lami, une des épouses du chef de l’Etat.

Au niveau de l’armée, clef de voûte du système, Eyadéma s’est un peu éloigné de certains de ses compagnons de route comme les généraux Sizing Walla et Seyi Mémène, pour faire confiance à des officiers qui lui doivent toute leur carrière. Parmi ceux-ci, Assani Tidjani, le ministre de la défense, Zacharie Nandja, chef d’Etat-major des armées, Bediabadjaa Ali, commandant de la gendarmerie. Patron de la Garde présidentielle, le colonel Titikpina, un natif de Bassar (Kara), est aussi un homme clé du régime, ainsi que le commandant Kadanga, kabyé de Pyan, qui a remplacé le fils aîné du « chef », Ernest Gnassingbé, atteint d’une hémiplégie. Kadanga est à la tête du très stratégique camp Béret Rouge de Landja dans le Nord. Il est marié à Babanam Gnassingbé, une des filles du président. Un plus …

Le système de « Gnass » repose d’autre part sur un « collège de sages » chargé de coopter des cadres ou de discuter avec des opposants « conviviaux ». A 77 ans, Alex Mivedor, Grand chancelier des ordres, veille (souvent sans succès) sur les ressortissants minas de sa ville natale d’Aneho, l’un des bastions de l’opposition. Président des chefs traditionnels du Togo, Agokoli, assisté de Voulley, « suivent » les carrières de leurs « frères » éwés. Voulley sert du reste de passerelle entre le pouvoir et Edem Kodjo, pressenti de nouveau comme premier ministre d’un énième gouvernement de transition. D’ethnie bassari, Yagninim Bitokotipou et Dogo Koudjolou (ancien ministre du plan) sont chargés de ramener les fils égarés du Nord dans le giron présidentiel… Bon courage à tutti !

[La lettre du Continent-> http://www.africaintelligence.fr/lc-/default.asp]

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[Eyadéma: le fléau togolais->https://www.letogolais.com/article.html?nid=19]