28/03/2024

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Togo: le combat continue

Malgré la répression des forces de l’ordre, l’opposition n’abdique pas

Après le scrutin du 4 mars au Togo qui a débouché sur la réélection du président sortant, des partisans de l’opposition se sont rassemblés pour protester contre une procédure électorale jugée illégale. Le leader de l’opposition enchaîne les appels à la contestation tandis que l’Union Européenne pointe le manque de transparence de l’élection.

Par Matthieu Amaré

Le bras de fer se poursuit entre les forces de l’ordre et les manifestants togolais. Suite aux élections contestées du 4 mars dernier, l’Union des forces du changement (UFC) de Jean-Pierre Fabre ainsi que quelques formations de l’opposition avaient appelé la population à protester contre la réélection du président sortant, Faure Gnassingbé. Alors qu’une centaine de personnes se sont rassemblées à travers les rues de Lomé, la capitale du Togo, les forces de l’ordre, mobilisées pour l’occasion, ont aussitôt réprimé la contestation. Depuis les résultats de l’élection présidentielle et des mouvements de protestation qu’ils suscitent, le pouvoir en place a interdit toute manifestation dans les rues de la capitale. Par ailleurs, onze personnes ont été interpellées et une partie du matériel informatique a été saisie dans un des bureaux de l’UFC. «Les forces de l’ordre ont attaqué notre centre de traitement informatique pour prendre nos données, puisque nous avions dit que nous allions communiquer, dans les 24 ou 48 heures, les preuves de fraudes dont nous disposions», a déclaré le secrétaire national à la communication de l’UFC, Eric Dupuy sur le site, «lefigaro.fr». «Ils ont saisi les ordinateurs, les fichiers, les procès verbaux. Ils veulent ainsi nous empêcher de prouver que la victoire de Faure Gnassingbé est bâtie sur des fraudes», a-t-il ajouté.

«Je ne baisserai pas les bras»

Lors des élections présidentielles, le président sortant Faure Gnassingbé aurait reçu 60,9% des voix. Un résultat aussitôt réfuté par l’opposition qui dénonçait, dimanche «une procédure illégale». Il a fallu deux jours d’évaluation à la commission électorale pour annoncer le résultat des votes. Deux jours durant lesquels le comptage des voix aurait été biaisé au moyen de «bourrage d’urnes» et de «faux bulletins» selon Jean-Pierre Fabre. «Je conteste absolument les chiffres publiés car la procédure utilisée par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) est illégale», avait déclaré le candidat à la presse. Révolté et pugnace, il est descendu quelques jours plus tard dans la rue, en compagnie de 200 à 300 partisans, dans une ambiance surchauffée. Résolu à ne pas se laisser faire, le leader de l’opposition avait alors averti le gouvernement de sa détermination: «Nous allons multiplier les manifestations. Je n’ai jamais eu l’idée de faire de la violence mais si on me vole je ne baisserai pas les bras». Toutefois la fermeté du candidat déchu s’est immédiatement heurtée à la répression des forces de l’ordre. A mesure des coups de matraque et de grenades lacrymogènes et, le cortège des sympathisants de Jean-Pierre Fabre s’est très vite dispersé.

L’Europe appelle au calme

De son côté, la diplomatie française a appelé au calme, invitant toutes les parties à régler leurs différends «dans le cadre des procédures légales». Insistant sur le caractère «provisoire» du vote, le Quai d’Orsay, par l’intermédiaire de son porte-parole, s’est refusé à légitimer la victoire de Faure Gnassingbé. L’Union Européenne (UE), qui a financé le scrutin, regrette quant à elle «des mesures insuffisantes de transparence». Dans un rapport préliminaire publié le 6 mars au nom des 130 observateurs européens, l’UE note «la mobilisation des fonctionnaires» en faveur de Faure Gnassingbé et témoigne notamment d’une «distribution de riz à des prix trois à quatre fois inférieurs au prix du marché» par des militants du parti du président sortant.

Le Togo semble donc être une nouvelle fois en proie à une sérieuse vague de violence. Cinq ans après des élections truquées, marquées par 500 morts, à l’issue desquelles le fils du général Gnassingbé Eyadéma, Faure Gnassingbé, avait été intronisé. Déjà.