30/11/2023

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Togo: L’opposition veut le départ de Faure Gnassingbé

Le maintien au pouvoir du président investi Faure Gnassingbé, malgré l’annonce de l’organisation d’une élection présidentielle au Togo, n’a satisfait ni la communauté internationale ni l’opposition, qui a massivement défilé samedi à Lomé contre le « coup d’Etat » à la tête du pays.

Président en exercice de l’Union africaine (UA) et principale puissance régionale, le président nigérian Olusegun Obasanjo a dès samedi qualifié « d’inacceptable » cette décision, menaçant le Togo de sanctions imminentes.

Remi Oyo, la porte-parole de M. Obasanjo, a affirmé qu’une délégation togolaise avait exposé samedi à M. Obasanjo la position de leur pays.

« Ils sont de nouveau venus pour répéter au président (Obasanjo) ce qu’ils avaient décidé de faire au Togo, des décisions qui sont en contradiction avec ce que les autorités de la CEDEAO leur ont demandé de faire. Le président Obasanjo leur a dit que c’était inacceptable », a affirmé Mme Oyo.

La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) mène des négociations avec Lomé et menace le Togo de sanctions, pouvant aller jusqu’à l’exclusion, s’il ne revient pas à l’ordre constitutionnel qui prévalait avant le décès du président Gnassingbé Eyadéma le 5 février.

Dès ce décès, Faure Gnassingbé, un de ses fils, a été désigné par l’armée pour lui succéder et a été investi le 7 février, après que son accession au pouvoir eut été avalisée par les députés grâce à une modification express de la Constitution.

La Constitution togolaise prévoyait, en cas de décès du chef de l’Etat, un intérim du président de l’Assemblée nationale et l’organisation d’une élection présidentielle dans les 60 jours.

Vendredi soir, M. Gnassingbé a annoncé son intention d’organiser un tel scrutin dans le délai prévu, mais a précisé qu’il entendait rester à la tête de l’Etat pendant l’intérim.

Jeudi, il s’était rendu à Abuja pour rencontrer M. Obasanjo, l’un des plus fermes et des plus virulents critiques du « coup d’Etat » qui a suivi la mort du général Eyadéma.

M. Obasanjo « tout en disant comprendre la situation » avait « fermement conseillé » à Faure Gnassingbé « de revenir dans le cadre de la Constitution », selon Mme Oyo.

Le président de la Commission de l’UA Alpha Oumar Konaré a lui aussi stigmatisé la décision de Faure Gnassingbé « de se maintenir au pouvoir », demandant à nouveau « le retour à la légalité constitutionnelle ».

Le président sud-africain Thabo Mbeki, qui avait dénoncé « une mascarade anticonstitutionnelle », a pour sa part accueilli « favorablement » l’annonce de l’organisation d’une élection présidentielle.

L’opposition togolaise, profitant de la levée de l’interdiction des manifestations décidée vendredi par les autorités, a réclamé massivement le départ du président investi en faisant défiler dans Lomé plus de 25.000 personnes, lors de la plus importante manifestation organisée depuis le décès du président Eyadéma.

Elle a annoncé qu’elle organiserait une nouvelle marche mercredi, puis tous les samedi, jusqu’au départ de M. Gnassingbé.

Aucun incident particulier n’a été signalé sur le parcours des manifestants dans la capitale où un important mais discret dispositif policier et militaire avait été déployé.

Lors du rassemblement du 12 février 3 personnes avaient été tuées, selon un bilan officiel, quatre selon l’opposition.

Plusieurs milliers de personnes, 12.000 selon la police, se sont aussi rassemblées samedi à la résidence présidentielle à Lomé pour apporter leur soutien à Faure Gnassingbé et présenter leurs condoléances pour le décès de son père.