24/04/2024

Les actualités et informations générales sur le Togo

Togo: Plus de 30000 personnes dans les rues pour exiger le rétablissement du scrutin à deux tours

Plus de 30000 personnes dans les rues de Lomé pour exiger le rétablissement du scrutin uninominal majoritaire à deux tours et dénoncer le tripatouillage du fichier électoral par le RPT.

« Pas de scrutin à deux tours, pas d’élection en 2010 ». Voilà le message de l’Union des Forces de Changement (UFC) qui a organisé, avec le soutien des forces démocratiques du Togo, une marche pacifique ce samedi 28 novembre 2009 à Lomé. Les premiers responsables des partis politiques qui se sont déplacés ont été unanimes : « il faut le rétablissement du scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour une présidentielle juste, transparente et sans violence en 2010. »

Nombreux sont les partis politiques, représentés à leur plus haut niveau, qui ont pris part à cette marche de protestation :
– Maitre Dodji Apévon, Président National du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR)
– Aimé Tchabouré Gogué, Président d’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI)
– Kofi Yamgnan, Président de Sursaut Togo
– Maître Abi Tchéssa, Président du Parti Socialiste pour le Renouveau (PSR)
– Claude Améganvi, Président du Parti des Travailleurs
– Fulbert Attisso, Président du Mouvement Citoyen pour l’Alternance (MCA).

Plus de 30 000 Togolaises et Togolais ont marché pendant plus de deux heures, ce samedi 28 novembre 2009, à travers les rues de Lomé, du Château d’eau de Bè au stade Oscar Anthony (Terrainvi), pour exiger le rétablissement du scrutin uninominal majoritaire à deux tours et dénoncer le tripatouillage du fichier électoral par le régime RPT.

Tour à tour, les leaders des forces démocratiques ont insisté sur la nécessité d’un scrutin uninominal majoritaire à deux tours en 2010 pour une élection présidentielle transparente, juste et sans violence.

Fulbert Attisso, Président de MCA, après avoir exposé l’objectif principal de son association : « préserver les résultats sortis des urnes », a souligné que l’alternance est obligatoire en 2010. Il a précisé que le RPT n’a jamais gagné d’élection dans ce pays et que le père comme le fils Gnassingbé se sont toujours maintenus au pouvoir par la fraude et la violence. Il a poursuivi en indiquant que : « Dans tous les pays démocratiques du monde, il faut un premier tour pour que chaque citoyen puisse s’exprimer en votant pour le candidat de son choix. Puis au deuxième tour, soutenir le candidat le mieux placé pour la défense de ses aspirations. ». Il a appelé les jeunes, au-delà des appartenances politiques à rejoindre le MCA pour s’opposer au hold-up électoral du RPT.

« L’alternance en 2010 ». C’est ce qu’a réclamé Claude Ameganvi du Parti des Travailleurs qui, dans son intervention a appelé les Togolais à ne plus se laisser voler la victoire tout en soulignant que « 43ans, ça suffit ! ». Il a également appelé les populations togolaises à la mobilisation pour défendre le scrutin uninominal majoritaire à deux tours qu’elles se sont librement donné par référendum en 1992. Mode de scrutin qu’il juge suffisamment démocratique et répondant aux réalités du Togo. « Si vous entendez, dans les prochains jours, qu’il y a une marche pour exiger le retour scrutin à deux tours, sortez encore plus nombreux car en multipliant les manifestations, c’est sûr qu’ils (RPT ndlr) vont céder » a-t-il lancé à la foule tout en ajoutant « on va les chasser!».

« Dans un pays comme le Togo où il y a plus de quatre vingt (80) partis politiques, on ne peut pas imaginer de choisir un président pour cinq (5) ans, à un seul tour… en supposant que tous les partis présentent chacun un candidat, le président peut être élu parce qu’il est arrivé en tête avec 15% des voix. Cela voudra dire qu’il y a 85% des togolais qui ne veulent pas de lui. Alors comment peut-il gouverner ?» a déclaré Kofi Yamgnane. Le Président de Sursaut Togo a poursuivi son intervention en appelant le RPT à prendre solennellement trois engagements fondamentaux devant le peuple togolais et la communauté internationale : « aucun togolais ne doit être assassiné, contraint à l’exil, poursuivi, intimidé pendant le processus électoral…. aucune coupure d’électricité le jour du scrutin … aucune interruption ou coupure de téléphone pendant le processus électoral»

L’ADDI, par la voix de son Président, Aimé Tchaboré Gogué, s’est inscrit également dans l’exigence du scrutin à deux tours. Il dit ne pas concevoir que les premiers responsables du RPT parlent de victoire même avec un scrutin à cinq tours alors qu’ils n’en acceptent pas deux. « Deux tours nous suffisent largement. C’est ce que nous réclamons!» a t-il répondu. Il s’est félicité de la mobilisation de l’opposition et des togolais à l’appel de l’Union des Forces de Changement. Il a demandé aux partis politiques de transcender leurs divergences pour affronter le pouvoir RPT. C’est le vœu le plus cher de la diaspora togolaise, a-t-il précisé.

« Aucunement les textes de la CEDEAO n’interdisent de modifier une constitution lorsqu’y a un consensus national pour le faire ». a déclaré Me Abi Tchessa, Président du PSR, répondant à l’argument éculé du RPT arguant qu’à six mois des élections, on ne peut plus toucher à la constitution. Pour Abi Tchessa , il est inconcevable que de tels propos puissent être avancés par le pouvoir alors qu’en signant l’Accord Politique Global (APG) on (Rpt ndlr) n’ a pas dit qu’il y a des textes de la CEDEAO en contradiction avec l’APG. Pour lui, rien ne doit empêcher le retour au scrutin à deux tours. Il a conclu en déclarant : « le pouvoir n’appartient pas à un groupe, ni à un clan, mais plutôt au peuple togolais ».

Dans son intervention, tout en précisant ne pas vouloir reprendre mot pour mot tout ce qui a été dit, Me Apévon Dodji, Président national du CAR, a rappelé que l’opposition togolaise a toujours réclamé le retour au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Cette réclamation, a-t-il poursuivi, fait partie des points inscrits dans l’APG signé le 26 août 2006. Il a précisé que ce mode de scrutin est partie intégrante des réformes constitutionnelles à mettre en œuvre avant la présidentielle de 2010. Me Apévon a ensuite indiqué : « Même au cours de toutes nos discussions à Ouagadougou avec le Facilitateur, Président du Faso, Blaise Compaoré nous avons toujours insisté sur ce point … Le Facilitateur, tout récemment nous a demandé de repartir et qu’il allait nous convoquer dans les dix (10) prochains jours » avant de s’étonner du mutisme du facilitateur.

L’Union des Forces de Changement a clôturé cette manifestation par les interventions de son Secrétaire Général, Jean-Pierre Fabre, et son Premier Vice-président, Patrick Lawson. Tous deux ont remercié les leaders des partis politiques qui ont bien voulu prendre part à cette journée de protestation. Comme tous les intervenants, ils ont émis le vœu de poursuivre ensemble le mouvement jusqu’à l’obtention du scrutin uninominal majoritaire à deux tours.

Jean-Pierre Fabre a longuement expliqué pourquoi nous devons nous battre pour exiger et obtenir ce scrutin à deux tours. Il a sévèrement condamné l’irresponsabilité de ce pouvoir qui ne connaît que la fraude et la violence pour se maintenir au pouvoir. Il a poursuivi en déclarant qu’il n’y aura pas d’élection présidentielle au Togo sans les deux tours : « Nous ne disons pas que nous allons boycotter l’élection…mais qu’il n’y aura pas d’élection…. Cela suffit ! le RPT, minoritaire dans ce pays ne peut continuer à nous imposer ses quatre volontés». Pour terminer Jean-Pierre Fabre a précisé que la victoire passe également par une vigilance accrue de nos militants dans les bureaux de vote.

Le premier Vice-président de l’UFC, Patrick Lawson, pour sa part, a précisé que la falsification du fichier électoral est la base des fraudes électorales du RPT, d’où la nécessité de l’audit du fichier électoral : « Aujourd’hui nous ne sommes pas en mesure de témoigner de la fiabilité du fichier électoral, même les experts qui sont passé à tour de rôle doutent que ce fichier électoral n’ait été manipulé ». Patrick Lawson a ensuite longuement insisté sur les risques réels liés à la présidentielle de 2010 et la nécessité d’une observation militaire internationale pour une élection apaisée. Il a ensuite exhorté les populations à aller se faire inscrire massivement dès l’ouverture du recensement électoral afin de prendre par au changement dans notre pays.

Par Eric Dupuy
Responsable de la communication de l’UFC