19/04/2024

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UE-TOGO: Jamais Eyadema ne peut organiser une élection démocratique

Il y a longtemps, les togolais et les togolaises espèrent voir leur pays le Togo émerger de sa crise qui dure depuis bientôt 15 ans. Cette émergence est attendue par tous, classe politique comme la société civile ; émergence caractérisée par la reprise de la coopération de l’UE avec notre pays. Nous rappelons que cette coopération a été suspendue depuis 1993 pour cause de déficit démocratique.

L’UE n’est pas sourde d’oreille, ni n’a le bras trop court pour venir en aide aux togolais. Je voudrais qu’Eyadema et son RPT le sachent très bien avant d’envoyer des milliers de désœuvrés, d’affamés dans les rues de la capitale pour crier et danser. Ce sont par contre le non respect des droits de l’homme, des institutions démocratiques par Lomé II qui font que l’UE a tourné le dos au Togo.

C’est avec satisfaction que nous accueillons la planification de nouvelles activités d’aide de L’UE a notre pays. Ces activités selon l’UE démarreront dès qu’une date pour des élections parlementaires transparentes et démocratiques sera fixée et que les arrangements électoraux nécessaires seront mis en place et convenus par tous les partis au Togo.

Mais notre inquiétude réside toujours dans la capacité du pouvoir en place à organiser des élections libres et transparentes. Car, par le passé, nous avons assisté a tous genres de mascarade électorale et ceci dans le seul but de maintenir Eyadema et son parti, vomis de tous les togolais, au pouvoir.

Plusieurs fois, l’opposition togolaise, les organismes de défense des droits de l’homme et les observateurs internationaux ont dénoncé les irrégularités entachées aux scrutins au Togo. Que ce soit lors des présidentielles 1993, 1998, 2003 et les législatives 1999 ou de la parfaite comédie de 2002. Et pourtant rien n’a été fait jusqu’à ce jour pour améliorer la qualité de ses scrutins.

Il me paraît absurde d’organiser de nouvelles élections démocratiques dignes de ce nom au Togo si toutes les mesures sans négligence d’aucun détail, ne sont prises à l’avance.

Au Togo d’Eyadema, les fraudes électorales se situent à plusieurs niveaux. Raison pour laquelle nous pensons que les acteurs politiques de notre pays, surtout ceux qui seront désignés pour conduire le pays vers ces élections démocratiques tant souhaitées par tous les fils du pays, puissent reconnaître toutes les failles du système électoral qui sont cachées au peuple togolais et que le pouvoir a créé en vue de s’assurer la victoire à tous les coup.

A ce jour, les irrégularités évoquées lors des votations au Togo s’articulent autour du scrutin secret, des décomptes de voix, des intimidations, l’achat des consciences, du vol des urnes, des assassinats des enlèvements, des emprisonnements, etc. Bref nous constatons que généralement, l’accent est mis sur les opérations et les évènements qui surviennent pendant ou après les élections. Jamais un accent sérieux n’a été porté sur les préparatifs de ces scrutins ; l’opposition se contente de dénoncer et de contester la liste électorale et les cartes d’électeurs produites par leur adversaire. Je trouve cela ridicule car, bien que contestées, l’opposition n’a aucun pouvoir ou un droit de regard sur la préparation et la diffusion de ces documents sur l’étendue du territoire national.

Pour mieux préparer l’avenir, parlons du passé

Lors des élections législatives anticipées d’octobre 2002 et malgré la non participation de l’opposition traditionnelle, des irrégularités voulues ont été constatées ça et là.

En effet, des mesures particulières antidémocratiques ont été prises par les autorités togolaises afin de garantir la victoire du RPT au cas ou l’opposition traditionnelle déciderait de se présenter à ces dites élections.

La Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) devenue Comité des 7 magistrats, dirigé par le tristement célèbre juge Abalo Pétchélébia, avait en son sein une cellule informatique sous la commande de SAMBIANI-KONKAJA Pakandame Raphael. Cette cellule était en fait un mécanisme secret mis en place pour conduire à l’élaboration, la création des bases de données, les traitements des données, la programmation et la saisie des données électorales. L’absence remarquée de l’opposition dans cette commission, a donné une latitude au pouvoir de gérer ce mécanisme de fraude.

Les techniques souvent utilisées lors des ces préparatifs consistent à dupliquer le nom des électeurs des régions favorables au régime Eyadema et son parti, la création des bureaux de vote fictifs, le déplacement des électeurs d’un bureau A vers un bureau B voire d’une circonscription électorale à une autre sans une justificative légale. Ces pratiques ont pour conséquence majeure de semer le désordre parmi les électeurs. Ceux-ci ne pourront jamais retrouver leur carte d’électeur. La radiation pure et simple des électeurs des régions supposées favorables à l’opposition était une mission importante. Certains sont même considérés comme des ghanéens (cas des préfectures du golfe, de l’Avé, de Kloto et de Wawa) et donc radié de la liste électorale sur l’ordre du ministre de l’intérieur.

En ce qui concerne les décomptes de voix, la stratégie utilisée est encore plus efficace et plus horrible. Nous ne parlons pas de ce qui est connu et qui se passe dans les bureaux de vote. Pendant la nuit électorale (très animée par la TVT), la cellule informatique reçoit les procès verbaux des bureaux de vote par fax. Nous avions mis en place un système intègre malgré les consignes reçues de la part de M. Sambiani, de manière à ce qu’un seul procès verbal soit enregistré par bureau de vote. A notre grand étonnement, plusieurs fax de procès verbal parvenaient au service technique pour le compte d’un seul bureau de vote. La technique est donc invitée à modifier les sources du programme afin que le procès verbal qui est en faveur du RPT ou de l’un des partis pirates soit retenu. Encore une fois nous regrettons l’absence des délégués de l’opposition à ce niveau. Cette pratique mafieuse est souvent à la base des diversions des résultats détenus par la CENI et ceux de l’opposition.

Normalement, du moment où l’opposition a renoncé à sa participation aux élections, le RPT devrait, en agissant intelligemment désamorcer sa fraude organisée. Mais ce n’était pas le cas. Les résultats produits par la technique donnaient 100% des sièges au RPT. Ne pouvant pas publier ces résultats, et pour faire bonne figure, notre tristement célèbre et ivrogne Pétchélébia accorde 8 sièges gracieusement à quelques partis tel que le RSDD de la marionnette Harry Octavianus Olympio. Quelques jours plus tard, M. Sambiani sur l’ordre de Monsieur le juge Pétchélébia demande la modification de la base de données afin que cette dernière corresponde aux résultats proclamés sur les médias. Cette opération nous a pris quelques jours de travail laborieux. Pour cette gestion antidémocratique des élections, Eyadema nommera respectivement en guise de remerciement le juge Abalo Pétchélébia, président de la cour d’appel de Lomé, le chef de l’escadron Akila Esso Boko, précédemment chef de sécurité pour les élections, Ministre de l’intérieur et de la décentralisation, l’inique SAMBIANI-KONKAJA Pakandame Raphael membre de CENI.

En 2003, cette stratégie mafieuse sera rééditée, voire améliorée vu l’annonce de la coalition de l’opposition face à Eyadema. Mais bien avant, les consultations électorales il faut faire une nouvelle révision de la liste électorale. Dès février 2003, tout le matériel informatique de la CENI ayant servi aux élections d’octobre 2002 a été discrètement déporté des locaux de la CENI au sein du SLM (Service de Location Mobilière), sis non loin de Cerfer. Nous rappelons que M Sambiani est le DG du SLM. Là, ont été réalisés le gonflage du fichier électoral et aussi la radiation de plus de 10000 électeurs favorables au parti UFC des préfectures de Doufelgou, de Bassar, de l’Oti , de la Binah, de la Kozah et de Tône ; bref toutes les manipulations frauduleuses pré électorales ont été effectuées là, sous la supervision du DG de la SLM.

Tout a été géré avec une opacité agressive

A mon humble avis, afin que les futures consultations électorales puissent avoir un sérieux impact sur la vie politique dans notre pays, les futurs membres de la commission électorale nationale indépendante devraient également se pencher sérieusement sur ces détails.

Pour se faire,

Je propose :

– La destruction complète de la liste électorale actuelle.
– un nouveau recensement national des futurs électeurs.
– la participation effective de l’opposition à la conception de la nouvelle liste électorale, notamment dans la conception des bases de données informatiques.
– qu’une équipe technique internationale et indépendante ayant de l’expérience en matière électorale puisse s’occuper du traitement des données informatique sous la supervision de l’UE ou de l’ONU.
– la production technique des documents électoraux (liste électorale, cartes d’électeurs) par une société indépendante sous la supervision de l’UE
– que les candidats, les partis politiques et les futurs observateurs nationaux comme internationaux puissent avoir également accès aux données informatiques.
– une force internationale pour le suivi et la distribution du matériel du scrutin (urnes, liste d’électeurs, cartes d’électeurs…).
– Que les individus reconnus coupables de fraude et de manipulation des données électorales soient écartés définitivement de la gestion et de l’organisation des élections au Togo.

Nous remercions tous ceux qui, pour un avenir meilleur de tous les fils de notre pays, prendrons des dispositions qui s’imposent afin que ces choses ne se reproduisent plus jamais sur la terre de nos aïeux.

Vigilance ! vigilance ! ! !

A.A.K. BIAKU
Ancien membre de la cellule informatique de la CENI
aakbiaku@yahoo.com