GENEVE, 23 juin (AFP) – 12h36 – Huit ONG ont dénoncé lundi « un coup de force électoral » lors de l’élection présidentielle au Togo le 1er juin, suivie, selon elles, d’une répression qui a fait trois morts, lors d’affrontements entre civils et forces de sécurité.
« Le jour du scrutin et après la proclamation des résultats, de violents affrontements ont opposé les forces de sécurité aux populations civiles à Lomé et dans les localités de Tsévie, Gbatope et Djagble », indiquent ces ONG dans un communiqué publié à Genève.
« L’armée a fait usage de matraques, de gaz lacrymogènes et de balles réelles. Trois personnes ont été tuées tandis que de nombreux blessés graves ont été signalés dans les hôpitaux », ajoutent-elles.
Selon ces huit ONG parmi lesquelles l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et Franciscans International, basées à Genève, ainsi que la Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme (FIDH) et le Secours catholique/Caritas France, plusieurs manifestants ont été arrêtés et « seraient détenus dans des commissariats de police où ils sont régulièrement molestés et torturés ».
Pour la troisième fois depuis 1993, le général Gnassingbé Eyadéma, 67 ans dont 36 au pouvoir, a été investi vendredi dernier président du Togo pour cinq ans, au terme de l’élection du 1er juin, contestée par l’opposition.
« L’une des conséquences directes de ce coup de force électoral est la tension perceptible au Togo depuis la proclamation des résultats, faisant craindre la persistance voire l’accentuation des violations des droits de l’homme », soulignent les huit ONG.
« Selon nos informations, des militaires soupçonnés d’avoir voté pour l’opposition ont été mis aux arrêts au lendemain du scrutin », notent-elles.
En outre, selon elles, des militaires sillonnent le pays et commettent des exactions.
« D’importants mouvements de populations sont signalés actuellement dans le pays et à proximité des frontières. Plusieurs centaines de personnes ont déjà fui pour se réfugier au Ghana, au Bénin et au Burkina Faso », affirment-elles.
Pour ces ONG, « la transparence et l’équité du scrutin avaient été sérieusement compromises durant les derniers mois qui ont précédé cette échéance ».
L’Union européenne et les Nations unies ont ainsi décidé de ne pas envoyer d’observateurs au Togo, « refusant de cautionner cette mascarade électorale », ont souligné les ONG.
Dès février 2003, elles affirment avoir recensé de nombreuses arrestations parmi l’opposition. « Certains, comme Marc Palanga et Mazama Takassa, membres de l’Union des Forces de Changement (UFC), sont toujours arbitrairement détenus et subissent des actes de tortures », ajoutent-elles.
Les ONG dénoncent aussi pendant la campagne les entraves à la libre circulation et à la libre expression des candidats de l’opposition, la confiscation des médias d’Etat au profit du seul parti au pouvoir, les pressions et intimidations sur les journalistes et défenseurs des droits de l’homme.
« Dans ce contexte, nous nous étonnons que le président de la République française ait été le tout premier à envoyer un télégramme de félicitations au général Eyadéma, sans même attendre l’approbation des résultats par la Cour constitutionnelle togolaise », regrettent les ONG.
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