L’ancien Premier ministre togolais Agbéyomé Kodjo, limogé le 27 juin par le président Gnassingbé Eyadéma et qui se trouve aujourd’hui à Paris, est dans le collimateur des autorités de Lomé qui envisagent de lancer une commission rogatoire contre lui.
Selon de bonnes sources, les autorités togolaises envisagent désormais de lancer une commission rogatoire contre M. Kodjo.
Il y a quelques jours, le gouvernement de Lomé a déjà diffusé un document de 23 pages dans lequel il réfute point par point les accusations et dénonciations que l’ancien chef du gouvernement avait portées contre le régime du président et la famille de ce dernier.
« Il dénonce, puis s’enfuit, oubliant que les peuples ne suivent jamais les poltrons… Pourquoi tout ce cinéma? Parce que le prétendu +Zorro+ de la politique togolaise a été limogé de ses fonctions de Premier ministre », lit-on en préambule du texte.
Agbéyomé Kodjo a toujours affirmé ne pas avoir été limogé mais avoir au contraire pris la décision de démissionner. « J’ai pris le maquis et je prépare ma riposte », avait-il affirmé à l’AFP par téléphone le 2 juillet en refusant alors d’indiquer l’endroit d’où il appelait.
Selon le document du gouvernement, Agbéyomé Kodjo est d’origine béninoise, ce qu’il a « soigneusement caché ». Le texte affirme également que c’est un ancien domestique, « instable, déloyal, comploteur, opportuniste, caractériel, putschiste ».
Dans le travail de démolition de celui qui fut notamment Premier ministre, président de l’Assemblée nationale, directeur du port de Lomé, ministre de l’Intérieur, le président Eyadéma a signé le 18 juillet un décret excluant M. Kodjo de l’Ordre du Mono, la plus haute distinction togolaise, ainsi que des ordres nationaux qui lui ont été conférés.
« Un chef qui trahit n’a droit qu’au poteau », lit-on encore dans le réquisitoire gouvernemental qui accuse l’ex-chef de gouvernement d’avoir « pillé les entreprises dont il a eu la gestion ». Agbéyomé Kodjo avait pour sa part accusé le président et ses proches de « siphonner » l’argent public.
Quelques jours après son brûlot, la Commission anti-corruption était montée au créneau pour réfuter les affirmations de l’ex-Premier ministre et le procureur de la république avait porté plainte pour « allégations mensongères portant atteinte à l’honneur et la considération du chef de l’Etat ».
Au soir de son limogeage, Agbéyomé Kodjo avait diffusé un document de 14 pages d’une rare violence, rédigé depuis deux mois, contre le chef de l’Etat et sa famille, accusés pêle-mêle de corruption, détournement, torture…
Kodjo appelait ni plus ni moins qu’à « renvoyer aux oubliettes de l’histoire le régime obscurantiste d’Eyadéma ».
Commentaire récent du président Eyadéma: « Je ne vais pas faire de polémique et donner d’importance à ce qui n’en a pas. Je ne vais pas me ridiculiser. Ce garçon est bête, avec une lettre majuscule ».
Rappelant que M. Kodjo avait lui-même suggéré une réforme de la Constitution afin de permettre au président Eyadéma, au pouvoir depuis 35 ans, de se représenter pour un troisième mandat en 2003, ce qu’interdit jusqu’à présent l’article 59, la « mise au point » du gouvernement insiste par ailleurs sur le « légalisme » du chef de l’Etat et sur son « respect scrupuleux de la constitution ».
« Je ne veux pas parler de 2003. Je ne veux plus qu’on en parle. L’article (de la constitution) est là », a-t-il martelé début juillet, confiant la tâche d’organiser les élections législatives, prévues depuis juillet 1999 et déjà reportées deux fois, à son nouveau Premier ministre et secrétaire général du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT, au pouvoir), Koffi Sama.
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