AFP, New York,29/04/05 – Jan Egeland, secrétaire général adjoint de l’Onu aux affaires humanitaires, a exprimé vendredi son inquiétude devant la situation au Togo où, a-t-il dit, les civils sont victimes de « violence indiscriminée » et où existe « un risque de dérapage ».
« Tous les voyants sont au rouge actuellement dans nos antennes humanitaires, a-t-il dit dans un entretien avec l’AFP. « Il y a beaucoup de violence et un risque de dérapage (…) Nous avons été contraints d’évacuer la plupart de notre personnel international vers le Bénin et les autres pays voisins », a-t-il ajouté.
« Nous croisons les doigts pour les efforts de la CEDEAO » (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest), a-t-il poursuivi, estimant qu’il s’agit d’un problème politique qui peut encore être résolu si chacun retrouve son « calme ».
Selon le coordinateur de la coalition de l’opposition togolaise, Yawovi Agboyibo, « une centaine » de personnes ont été tuées dans « la répression » des manifestations depuis l’élection présidentielle du 24 avril et plus de 300 ont été blessées. Il n’existe à ce jour aucun bilan de source indépendante.
Le Togo connaît de graves troubles depuis l’annonce mardi de la victoire de Faure Gnassingbé, candidat du Rassemblement du peuple Togolais (RPT, ancien parti unique, au pouvoir) et fils de l’ancien dirigeant Eyadema, avec 60,22% des voix à cette élection.
Ces résultats provisoires, qui doivent être encore confirmés par la Cour constitutionnelle, sont violemment contestés par les partisans d’Emmanuel Bob Akitani, le candidat de la coalition de l’opposition. Celui-ci s’est autoproclamé vainqueur de l’élection mercredi avant d’en demander l’invalidation.
Une délégation conjointe de l’UA et de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) est attendue samedi à Lomé pour tenter de trouver une issue à la crise.
Selon M. Egeland, le Haut commissariat de l’Onu aux réfugiés (HCR) a déjà enregistré près de 6.000 réfugiés togolais au Bénin voisin, tandis que d’autres ont trouvé asile au Ghana.
« Un autre conflit armé en Afrique de l’Ouest serait une catastrophe », a averti M. Egeland, rappelant tous ceux qui ont secoué la région ces dernières années: Libéria, Sierra Leone, Guinée, Côte d’Ivoire. « Nous avons vu comment ces conflits sont interconnectés, avec les milices, les armes, les réfugiés qui se répandent d’un pays à l’autre en passant et repassant les frontières ».
« Les jeunes sans emploi et armés sont la plaie de l’Afrique de l’Ouest », a-t-il dit.
« Nous faisons des préparatifs pour apporter une aide humanitaire en cas de besoin », a-t-il précisé.
Enfin, M. Egeland a déploré que le monde ne soit « pas assez averti des crises régionales en Afrique ». « Nous sommes constamment sous-financés dans de nombreux pays d’Afrique comme la Côte d’Ivoire ou la Guinée, a-t-il indiqué, précisant qu’il allait rencontrer les pays donateurs la semaine prochaine à New York et les appeler à faire davantage.
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