LOME (AFP) 24/05/05 7h27–Les Togolais élisent ce dimanche le successeur du président Gnassingbé Eyadéma lors d’un scrutin sous haute tension face aux risques de violences et aux menaces de l’opposition radicale de faire descendre ses partisans dans les rues si elle n’est pas déclarée vainqueur.
La tension politique est montée d’un cran, il y a deux jours, quand le ministre de l’Intérieur François Esso Boko a réclamé, en pleine nuit, la suspension du vote, après une campagne électorale émaillée de violences qui ont fait plusieurs dizaines de blessés.
Il a soutenu que la tenue du scrutin risquait de faire basculer ce petit pays d’Afrique de l’Ouest dans une « guerre civile », au sortir de 38 années de régime du général Eyadéma, décédé le 5 février.
Le ministre a été limogé par le président par intérim Abass Bonfoh, et le scrutin a été maintenu malgré les appels de l’opposition à un report.
Le scrutin se résume en un duel entre Faure Gnassingbé, 39 ans, un des fils du président défunt, représentant le Rassemblement du peuple togolais (RPT, ex-parti unique au pouvoir), et le candidat de la coalition de l’opposition Emmanuel Bob Akitani, 74 ans.
Un troisième candidat est en lice, Harry Olympio, un opposant modéré, alors que l’homme d’affaires Nicolas Lawson a retiré sa candidature après les déclarations du ministre de l’Intérieur.
L’armée avait « confié » le pouvoir à Faure Gnassingbé dès le décès du président Eyadéma. L’opposition et une large partie de la communauté internationale avaient dénoncé un coup d’Etat et M. Gnassingbé avait dû se retirer face aux pressions.
L’opposition a accusé le RPT d’organiser par des « fraudes massives » l’élection de M. Gnassingbé et la perpétuation de « l’ancien système » du général Eyadéma.
Elle a affirmé que le scrutin serait « nul » et un de ses responsables a annoncé que les militants de l’opposition descendront dans les rues si Faure Gnassingbé était déclaré vainqueur.
L’élection se déroule au scrutin majoritaire à un tour. Quelque 3,5 millions d’électeurs sont appelés aux urnes, et plus de 5.000 bureaux de vote seront ouverts de 06H30 à 17H00 (locales et GMT).
Le Togo, ancienne colonie allemande puis française, a connu dans les années 90 un processus de démocratisation chaotique ayant fait des centaines de morts.
En juin 2003, le président Eyadéma avait été réélu avec 57,78% des voix lors d’une élection dénoncée par l’opposition radicale dont le candidat était déjà Emmanuel Bob Akitani qui avait recueilli 33,68% des suffrages.
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