LOME, 27 oct (AFP) – 15h05 – Les Togolais votaient dimanche dans le calme pour renouveler leurs 81 députés, ce qu’ils auraient dû faire depuis près de deux ans, mais la consultation, boudée aujourd’hui par l’opposition traditionnelle, avait été reportée deux fois.
Les quelque 2,9 millions d’électeurs inscrits devaient théoriquement voter le 14 octobre 2001, puis le 10 mars 2002 pour renouveler l’actuel parlement, entièrement dominé par le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) du président Gnassingbé Eyadéma. A chaque report, le pouvoir et l’opposition s’étaient rejeté la responsabilité du blocage.
Environ 5.000 bureaux de vote ont ouvert leurs portes, souvent dans des écoles, à partir de 06h30 (locales et GMT). Toutefois, dans certains bureaux, les responsables n’avaient pas encore commencé à installer le matériel électoral 45 minutes après l’horaire prévu, a constaté l’AFP. Ici il manquait des tampons encreurs, là des stylos bille.
Au lycée Tokoin, dans la 4ème circonscription de Lomé, il n’y avait pas foule à 09h00. « Il faut attendre la fin de la messe », explique un assesseur accablé de chaleur. Face à lui, dans une urne vitrée et scellée par deux petits cadenas, une trentaine de bulletins tapissent le fond de la boîte.
Même scène à l’école catholique Kokétimé, dans la 1ère circonscription de la capitale. De 08h00 à 09h00, une vingtaine d’électeurs avaient voté sur 597 inscrits.
Si à Lomé, considérée comme plus favorable à l’opposition que le reste du pays, les électeurs ne semblaient pas se bousculer, des informations recueillies par l’AFP font en revanche état d’une certaine affluence à l’intérieur du Togo, notamment à Kara, dans le nord, le fief du président Eyadéma, arrivé au pouvoir en 1967 à la faveur d’un coup d’état.
A cet égard, plus que la composition du futur parlement, qui sera probablement encore contrôlé par le RPT, seul parti à présenter un candidat dans toutes les circonscriptions, c’est le taux de participation qui sera le baromètre déterminant du poids réel de l’opposition.
On devrait avoir lundi les premiers résultats partiels de ce scrutin qualifié par avance de « mascarade » par les dix partis de l’opposition traditionnelle qui ont formé une « Coalition des Forces Démocratiques », un jour seulement avant la consultation.
Cette coalition regroupe notamment l’Union des forces du changementde Gilchrist Olympio, le Comité d’action du renouveau (CAR) de Yaowi Agboyibo, et la Convergence patriotique panafricaine (CPP) de l’ancien Premier ministre Edem Kodjo.
« Cette opposition s’est mise dans une logique de conquête du pouvoir. Elle a eu des occasions ratées, et aujourd’hui elle fait du surplace, elle régresse même. Il faut renouveler la classe politique », déclare à l’AFP Harry Olympio, un ancien ministre aujourd’hui à la tête du Rassemblement pour le soutien à la démocratie et au développement (RSDD), qui présente 9 candidats.
Harry Olympio est clair: il souhaite que le président Eyadéma, au pouvoir depuis 35 ans, soit reconduit à la tête du pays lors de l’élection présidentielle de 2003.
« Je suis partisan d’une alternance pacifique et maîtrisée. Qu’on le veuille ou pas, cet homme joue un rôle stabilisateur ».
D’après l’article 59 de la constitution, le président Eyadéma ne peut théoriquement se représenter après avoir effectué deux mandats successifs de cinq ans. Il a affirmé en juillet 2001 son intention de quitter le pouvoir en
« Regardez ce qui se passe en Côte d’Ivoire, en Centrafrique! Si Eyadéma s’en va, c’est ce qui nous attend. Et pourtant je n’aime pas le RPT, et pourtant je suis d’ethnie ewé du sud » (le président est de l’ethnie kabié du nord, ndlr), assure un petit marchand de rue à l’ombre d’un arbre.
Pour mettre fin à dix ans de tension politique, le pouvoir et l’opposition avaient conclu l’Accord-cadre de Lomé (ACL) qui prévoyait des élections législatives anticipées et l’abandon du pouvoir par le président Eyadéma en
« Finalement, la seule chose qui unit ces partis d’opposition et qui leur tient lieu de programme c’est le départ de Gnassingbé Eyadéma et la fin de l’Etat RPT », juge un homme politique togolais sous couvert d’anonymat.
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