ABIDJAN, 31 juil (AFP) – 14h36 – L' »union nationale », que le président togolais Gnassingbé Eyadéma a appelée de ses voeux avant et après sa réélection contestée le 1er juin dernier, n’a pas vu le jour au sein du nouveau gouvernement formé mardi, qui ne compte que deux membres de l’opposition.
Il s’agit d’ailleurs de deux membres de l’opposition dite « constructive », représentée à l’assemblée nationale et qui n’avait pas aligné de candidats contre le général Eyadéma à l’élection présidentielle.
Mme Ebina Dorothée Iloudjè, précédemment députée, fait ainsi son entrée au ministère du Tourisme, de l’Artisanat et des Loisirs. Mais le second, Harry Olympio, était déjà une figure connue du précédent gouvernement. Il y détenait le portefeuille des Relations avec le Parlement, qu’il a conservé dans la nouvelle équipe.
« Le nombre de portefeuilles a augmenté, alors qu’aucun membre des principaux partis d’opposition ne figure dans ce gouvernement. C’est une manière de consolider le pouvoir en place », analyse un politologue.
Grand admirateur du général de Gaulle, le président Eyadéma avait pourtant lancé le 18 juin, dans un message télédiffusé, « un appel solennel pour que tous ceux qui sont restés jusqu’ici au bord du chemin prennent leur part de pouvoir ».
« L’unité nationale est la seule voie pour le développement de notre pays. Tout sera possible si nous démontrons chaque jour par nos paroles notre volonté de tourner définitivement le dos à la haine, à l’intolérance et aux luttes intestines », avait-il lancé.
Mais « la situation actuelle ne peut pas permettre à l’opposition de participer à ce gouvernement comme l’aurait souhaité le chef de l’Etat. C’est une situation dans laquelle il n’y a pas de dialogue », estime un diplomate en poste à Lomé.
« Il est nécessaire d’instaurer un vrai dialogue entre toutes les forces politiques, sur la base de règles bien définies », déclare-t-il à l’AFP.
« Il n’y a rien de neuf dans ce gouvernement. Il est aujourd’hui nécessaire d’avoir un consensus avec toute la classe politique, afin de repartir sur de nouvelles bases », a réagi Cornelius Aïdam, vice-président de la Convergence Patriotique Panafricaine (CPP, opposition).
De fait, les opposants « traditionnels » au président Eyadéma ont pour la plupart refusé toute idée de partage du pouvoir avant même que le Premier ministre, Koffi Sama, n’engage des discussions avec les partis politiques.
« Nous ne voulons pas aller à la soupe, nous voulons un changement des méthodes de gouvernement au Togo », avait déclaré depuis des semaines Jean-Pierre Fabre, numéro deux de l’Union des forces du changement (UFC), parti de l’éternel opposant Gilchrist Olympio.
Ennemi juré du président Eyadéma et fils de Sylvanus Olympio, premier président du Togo indépendant assassiné, M. Olympio, avait été empêché de se présenter à l’élection en raison d’une modification du code électoral, qui introduisait une obligation de résidence au Togo dans les douze mois précédant le scrutin alors que Gilchrist Olympio vit en exil à l’étranger depuis des années.
L’UFC avait tout de même investi un candidat, qui avait recueilli 33,68% des suffrages. Mais le général Eyadéma, doyen des chefs d’Etat africains avec 36 ans de pouvoir, a été réélu avec 57,78% des voix.
Gnassingbé Eyadéma avait pu briguer ce nouveau mandat, le troisième depuis 1993, grâce à une modification de la Constitution en décembre dernier, qui jusque-là en limitait le nombre à deux.
La nomination du nouveau gouvernement n’est toutefois pas complètement dépourvue de surprise. Un des fils du général Eyadéma, Faure Gnassingbé, considéré par certains comme son « dauphin » potentiel, y fait son entrée avec pas moins de trois portefeuilles: l’Equipement, les Mines et les Postes et Télécommunications.
More Stories
Togo : Jean-Pierre Fabre dit NIET à Faure Gnassingbé
Ouverture vendredi à Yaoundé d’une réunion des pays de la zone franc
Togo : 35 milliards de francs CFA de bons de trésors vont être émis sur le marché de l’UEMOA