Au village de Lassa, à environ 410 km au nord-est de Lomé, tout le monde sait que Yawa Kpatcha est une femme de bonne famille: la petite cicatrice qu’elle porte sous l’oreille gauche en témoigne, elle a passé avec succès l’Akpéma, le rite d’initiation des jeunes filles au mariage.
Chaque année, au mois de juillet, plusieurs centaines d’adolescentes âgées de 16 à 18 ans subissent comme elle cette épreuve traditionnelle ainsi qu’un test de virginité. C’est le passage obligé en pays Kabyè, ethnie du nord du Togo, pour prendre place dans la communauté des femmes.
A l’instar des jeunes hommes qui doivent s’affronter publiquement dans des luttes initiatiques pour passer à l’âge adulte (les Evala), les femmes Kabyè doivent elles aussi prouver leur maturité, mais au cours d’une cérémonie des plus secrètes.
« Quelques jours avant les cérémonies, on avait toutes noué à la hanche un petit foulard, et porté un soutien-gorge de couleur noire pour ne pas attirer l’attention des hommes. Nous recevions chaque jour quelques conseils pratiques de la part de nos parents et de certaines personnes proches de la famille », raconte une initiée sous couvert d’anonymat.
« Le jour dit, toutes nues, nous nous sommes rendues en file indienne au lieu sacré situé à une dizaine de kilomètres, dans une petite forêt où nous attendait déjà le chef traditionnel, maître de cérémonie. C’est à cet endroit que nous avons subi les épreuves. C’est tout », a-t-elle expliqué, se refusant à donner le moindre détail.
Une semaine avant les rites, l’Akpénou (future initiée) est entourée des amies qui l’assistent dans ses tâches quotidiennes. Elle est surveillée par certaines filles, les Kagbaya (protectrices), qui ont pour mission de la protéger dans ses déplacements.
« C’est une cérémonie qui prépare psychologiquement la fille au mariage. Deux étapes fondamentales sont à franchir: la scarification à l’oreille et les sacrifices. Les filles qui ont accompli l’acte sexuel, ne serait-ce qu’une seule fois, ne doivent pas se présenter », explique Blanzoua Kao, chercheur à l’Université du Bénin au Togo.
« Sur les lieux, elles sont soumises à plusieurs épreuves, mais la plus importante est celle de la pierre de virginité. La fille, face au chef traditionnel, doit s’asseoir sur cette pierre un certain nombre de fois », ajoute le chercheur.
Selon M. Kao, lorsqu’une fille s’entête à passer ce rite malgré « son état d’impureté », toutes les personnes présentes sur les lieux sont pourchassées par des abeilles.
« Et dans certains cas, c’est la fille qui saigne, ou bien un serpent qui passe entre ses jambes », conclut-il, sans lever le mystère.
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