26/04/2024

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Denké Kossi Wazo : un des meilleurs libero du football togolais

La tour de contrôle de la sélection togolaise

Par Ekoué Satchivi

Un des meilleurs libero de l’histoire du football togolais. Joueur audacieux et très athlétique, « Oiseau » a porté les couleurs des Aiglons de Lomé et de la sélection togolaise. Pour décrire sa façon de jouer et son art de subtiliser le ballon à l’attaquant adverse, les chroniqueurs sportifs ont toujours su trouver les meilleurs superlatifs. A l’époque où évoluait l’excellent défenseur, les meilleurs joueurs togolais étaient empêchés de s’expatrier. Très rusé, il a conçu la meilleure des astuces pour débarquer en France avant d’évoluer à la Berrichonne de Châteauroux.

Il s’était essayé au handball lorsqu’il était au Collège de la ville d’Agbodrafo, puis au CES Mgr Jean- Marie Cessou à Lomé. Chemin faisant, Denké Kossi qui est né en 1958 au quartier Aguiar-Komé à Lomé, va découvrir les joies du football. Grâce à son application sur le terrain et sa vision du jeu, il est positionné en défense centrale avant de se métamorphoser en véritable patron pour l’équipe du Lycée technique d’Adidogomé, victorieuse en 1977- 78 de la Coupe de l’ONU face à son adversaire du Lycée de Sokodé. Le frêle joueur de cette mémorable finale disputée au Stade du cimetière à Lomé, s’est distingué le meilleur des vingt deux acteurs. Acclamé par le public, il se fera appeler « Oiseau », un surnom qu’il va ajouter à sa pièce d’état-civil.

Dans les rangs des Aiglons de Lomé, le libero de plus d’1 m80, aussi excellent en jeu de tête va gagner en maturité. Très appliqué en séances d’entraînement que pendant les matches, Denké Wazo a contribué au rayonnement de cette formation née de l’actualisation en janvier 1978 de la réforme sportive au Togo. Sous la direction du duo d’entraîneurs émérites que furent Oscar Komla Anthony et Aguiar Koffi Firmin, les Aiglons ont volé haut sur le plan national . L’équipe de la zone commerciale, s’étant appropriée de nombreux trophées au Togo et participé à plusieurs éditions de la Coupe UFOA. Pour mémoire, une demi-finale perdue face à une formation nigériane.

« Toujours plus haut », était le slogan des Aiglons, véritable repaire de talentueux joueurs. Les plus connus ont pour noms Gonçalves Ahlonko « A jeter », Eza Laté Lawson, Dohou Adébi, Efoé Mensah, Akpéko Charles « Tchalé », Parbey Koffi, Tay Glory, da Silveira Adjévi « Emile », Sapa Kossi, Adamah Amagli, Messan Kpadénou, Kuma Isidore Péwinapati, Adégnon Kossi Poclain, Sassouvi Efoé , Cosmas Comlan Anthony, Kodjo Gnagnon, Edorh Ayéwoanou… Et Denké Kossi qui portait le brassard de capitaine. Le Stade du cimetière à Lomé, était le domaine de définition de cette équipe aux couleurs bleu-blanc avec ses nombreux fans.

En 1979, avec Ibrahim Karim, ancien joueur de la Modèle de Lomé aux commandes de la sélection togolaise, le capitaine Denké Kossi Wazo et ses coéquipiers ramenèrent d’ Abidjan le trophée des 20 ans du Conseil de l’Entente. La prestation de la sélection togolaise avait laissé d’inoubliables souvenirs aux habitants des bords de la lagune Ebrié. La technique particulière du longiligne libero togolais de diriger la défense et ses mille et un moyens de contrer toute offensive adverse conduiront, feu Boubacar Kanté, le célèbre commentateur guinéen qui officiait à l’époque à Abidjan, à lui coller le qualificatif de « tour de contrôle de la défense togolaise » Très apprécié un peu partout sur le continent, Wazo avait toutes les ressources nécessaires pour évoluer à un niveau supérieur.

Quelques années plus tard, il participe à la Can 84 en terre ivoirienne. La sélection togolaise coachée par l’Allemand Goêller, ne parvint pas à combler les attentes du public sportif. Mais Wazo allait de nouveau épater le public sportif plus. Des recruteurs d’oiseaux rares étaient prêts à l’engager. Plus particulièrement le Bénino- ivoirien Simplice Zinsou prompt à avoir le valeureux joueur sous le maillot de l’ Africa Sports d’Abidjan.

Après la compétition, Denké Wazo, Lawson Placca Handel, son ami de l’Entente 2 de Lomé, partent discrètement pour la grande métropole ivoirienne. Très sûrs d’eux-mêmes d’y trouver l’occasion de voir du nouveau et de donner une dimension à leur carrière sportive. Dans le coulisses de leur hôtel, ils y croisèrent Charles Zoumaro Gnofame, ancien DG du Garage central et administratif et tout-puissant patron de la Fédération togolaise de football dans les années 80. Le temps d’un éclair, eux qui pensaient échapper à l’officier et dirigeant sportif, seront rapatriés à Lomé. Employé à l’aéroport de Lomé, Denké Kossi Wazo d’en démord pas. Il trouvera la formule appropriée pour aller plus loin.

Ne voulant pas être un joueur casanier, Denké Kossi Wazo réussit à gagner la France. Grâce aux conseils d’Ibrahim Karim, il amorce en juin 1984 une carrière semi- professionnelle sous les couleurs de la Berrichonne de Châteauroux, un club de seconde division. Au terme d’une morne saison, la formation castelroussine est contrainte d’ évoluer en division inférieure. L’ancien capitaine des Aiglons de Lomé et de la sélection togolaise, reste tout de même dans l’Indre. Au grand regret de ses premiers dirigeants, il signe pour le club rival, le FC Bourges. Après lui, Djogou Akoulassi Tao, ancien joueur de Gomido de Kpalimé et du CO Agaza de Lomé et Saadou Boukari d’Ifodjé d’Atakpamé vont évoluer dans le club castelroussin à partir de la saison 1985- 86…

Denké Kossi Wazo a de la bougeotte. Très vite, il « fuit » le club berruyer et fait un aller-retour entre la France et la Suisse. L’ancien international togolais évoluera à Décize, dans l’arrondissement de Nevers, puis dans un club de division d’honneur, avant de ranger ses crampons vers la fin des années 80. Sollicité par la Fédération togolaise de football, il mène une malheureuse expérience de conseiller technique lors de la participation du Togo à la CAN 98 au Burkina. Pour sa reconversion, l’ancienne « tour de contrôle de la sélection togolaise » n’est pas resté en dehors des études de gestion effectuées au Lycée technique de Lomé. Après avoir plané de 1978 à 1988 sur le football togolais, Denké Kossi Wazo est devenu depuis 1994, comptable au sein d’une usine de mécanique à Châteauroux.

Victime d’un problème artériel, Wazo présenté comme le digne « héritier » de Hounkpati Hermann Ressort, son aîné de la Modèle et de la sélection togolaise, s’est vu amputer la jambe droite. Depuis l’année 2000, il « ne peut plus s’occuper de football » et scrute à distance l’univers du sport-roi. Connu pour son franc-parler, l’ancien joueur des Aiglons évoque sans détours, son parcours sportif.

Fier de sa personne, Wazo témoigne avoir été le premier joueur togolais des années 80, à évoluer à l’étranger. Selon lui, il s’agit d’une longue histoire. Mais aujourd’hui, reconnaît l’ancien capitaine des Aiglons, les dirigeants sportifs togolais ont saisi le bien fondé de laisser partir les joueurs, car cela leur donne l’opportunité de se mesurer aux autres, d’acquérir de nouvelles expériences.

Tout aussi heureux de la qualification historique du Togo pour une première participation au Mondial de football, l’ancien capitaine du Onze national, se souvient d’une tournée effectuée par l’équipe de France en Afrique. En 1984, notre sélection fut la seule sur le continent à battre la sélection française amateurs. Je m’en souviens dit-il Wazo : Lors d’une montée en attaque, j’ai servi la balle à Sapa Kossi qui sans se faire prier, est allé brûler la politesse au portier français. Un but à zéro, pour cette rencontre internationale amicale disputée en nocturne au Stade omnisports de Lomé.

L’ancien capitaine aux soixante-dix sélections, n’a pas eu une véritable carrière sportive sur le plan international. En 2000, il s’était vu décerner à Lomé, le titre de « joueur du siècle » du Togo. Un choix qui n’est pas resté sans critique. Pour des témoins avertis de l’histoire du football togolais, Wazo a rendu d’énormes services au football togolais, mais avant lui, il y a d’illustres artistes du cuir rond (ndrl : Edmond Afangbédji de l’Etoile Filante, Djibril Karimou de l’As Monaco, Moèvi Gilbert de l’Essor de Lomé et de Bordeaux, Edmond Apéti Kaolo…)

Par Ekoué Satchivi