26/04/2024

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Otto Pfister: «Je devais réagir»

Otto Pfister dirigera bien le Togo jusqu’au bout de l’aventure, même s’il a été attaqué personnellement. Le coach allemand revient sur les événements qui ont agité le vol des Eperviers ces derniers jours.

Il est parti. Puis revenu deux jours plus tard. Cette fois, et il l’a promis, sa place il ne la lâchera plus. Il accompagnera bien le Togo jusqu’au bout de sa première aventure mondiale. Et même si Assogbavi Komlan, le secrétaire général de la Fédération togolaise, s’est publiquement, mais surtout bassement, exprimé contre lui. Otto Pfister est certainement l’un des personnages dont on a le plus parlé depuis le début de la Coupe du monde. Aujourd’hui, c’est lui qui veut parler.

– Otto Pfister, le secrétaire général de la Fédération togolaise a déclaré que vous avez trahi le peuple togolais en abandonnant l’équipe. Il vous a même accusé d’être alcoolique!

Otto Pfister : J’ai vraiment été choqué d’apprendre ça. C’est une attaque sérieuse contre moi, surtout que je fais partie de ces gens qui ne boivent pas d’alcool. Et même pas une bière! Il est clair que je ne vais pas laisser ma réputation être salie de la sorte. Et au terme de ce Mondial, je vais engager une action en justice après consultation de la FIFA. Et s’il le faut, je prendrai un avocat privé.

– Quels enseignements avez-vous tiré de la défaite togolaise devant la Corée du Sud lors du premier match?

Otto Pfister : Quand une équipe ne s’entraîne pas pendant trois jours, il est évident qu’il y a une conséquence. Et aujourd’hui, les responsables de ces «problèmes» doivent aussi être considérés comme les responsables de cette défaite.

– Justement, le problème des primes est-il maintenant réglé?

Otto Pfister : A ce que je sais, une solution a été trouvée. En tout cas, les joueurs s’entraînent tout à fait normalement maintenant.

Quelle est cette solution?

Otto Pfister : Pas de commentaire!

– Pourquoi aviez-vous décidé de quitter votre poste, en fin de semaine dernière et à quatre jours du premier match de votre équipe?

Otto Pfister : L’équipe ne voulait pas s’entraîner, alors elle n’avait pas besoin d’un entraîneur! Vous savez, j’ai un contrat. Et je le respecte aussi longtemps que toutes les conditions sont remplies. Des infrastructures maximales doivent être garanties. Et comme ce n’était pas le cas, j’ai dû réagir. Si je ne l’avais pas fait, les joueurs ne s’entraîneraient toujours pas à l’heure actuelle! C’était le seul moyen pour forcer la Fédération à trouver une solution en ce qui concerne les primes.

– Au moment de signer votre contrat, après la dernière Coupe d’Afrique des Nations, vous aviez déclaré que vous aviez tout connu en Afrique…

Otto Pfister : C’est vrai que ce n’est pas ma première expérience en Afrique (n.d.l.r: il y travaille depuis près de 30 ans!). Mais je n’ai pas l’habitude d’entrer dans les problèmes politiques et d’argent comme il y en a là.

– Et lundi, le Togo affronte la Suisse…

Otto Pfister : Et c’est déjà notre dernière chance. Mais vous savez, je connais bien la Suisse puisque j’y habite et que mon épouse est Suissesse. Je connais également son équipe nationale et ses joueurs-clé. Je l’ai vu jouer à plusieurs reprises et son système de jeu n’a pas de secret pour moi. Nous allons encore visionner la cassette de son match contre la France. Et là, ce sera mon rôle de trouver la tactique adaptée.

– Qu’en pensez-vous?

Otto Pfister : C’est une belle équipe, avec beaucoup de jeunes éléments. La preuve que le travail avec la jeunesse est bien accompli. Pour moi, la Suisse est une des meilleures équipes du tournoi.

Privé de deux joueurs-clés

Lundi, face à la Suisse, le Togo devra se passer de deux éléments importants, titulaires lors du premier match face à la Corée du Sud: le capitaine Jean-Paul Abalo, expulsé mardi, et Ludovic Assemoassa, qui avait dû céder sa place sur blessure après une «réception violente sur un genou légèrement fléchi». «Il souffre d’une rupture complète du ligament rotulaire droit, précise le Dr Joachim Schubert. Il a été opéré mercredi à Francfort et ne rejouera pas avant huit mois.» Une blessure qui résulte, selon le médecin allemand, d’un mauvais traitement subi à Murcie, son club en Espagne. «Il souffrait déjà de ce genou. Et les médecins ont décidé de lui injecter des doses de cortisone, ce qui ne se fait normalement jamais! Cela a eu pour résultat d’affaiblir encore davantage son tendon. Et ce qui lui est arrivé devait se produire à un moment où à un autre.»

A relever encore que les Togolais ont eu une visite surprise un peu matinale hier matin. «J’ai été réveillé à 6h par les médecins de la FIFA pour un contrôle dopage inopiné sur quatre joueurs», raconte le Dr Schubert, précisant encore «que l’un d’eux n’a pas pu se soulager avant quatre bonne heures»! A la question du résultat des analyses, le toubib allemand n’a pas manqué de plaisanter, malgré le peu d’heures de sommeil. «Vous pensez bien que j’avais pris le soin de nettoyer leur sang avant!»

Propos receuillis de Wangen par Daniel Burkhalter