26/04/2024

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Togo : Les inconséquences des forces alternatives togolaises

Il s’agit ici d’une réaction à l’article du 30 décembre 2006 : [Les inconséquences de l’Union européenne->https://www.letogolais.com/article.html?nid=2983]. Félicitations à la rédaction de « Le togolais.com » pour un article qui éclaire sur les conséquences du prétendu « accord global de Ouagadougou ». Il appartient néanmoins d’apporter quelques compléments d’analyse. En effet, ce qui apparaît comme des « inconséquences de l’Union européenne sur le Togo » relève plus d’une inconséquence de l’opposition togolaise de s’organiser en réseau en respectant les identités des apports et des expertises. A force de chercher à ce que chacun fasse « allégeance » à chacun, les nombreuses « forces alternatives » n’arrivent pas à se constituer en organisation crédible, structurée et démocratique permettant aux partenaires de développement soutenant la démocratie, les droits de l’homme et les libertés au Togo de les soutenir.

C’est un excellent résumé de la situation qui permet de comprendre comment le Togo, la bonne gouvernance, la démocratie et les droits de l’homme se marchandent entre les principaux responsables du conseil des ministres de l’Union européenne. Mais c’est peut-être cela aussi la « real politic ».

Il faut toutefois se réjouir qu’il y a encore des pays de l’Union européenne notamment l’Autriche, l’Allemagne, la Finlande et bien d’autres qui tiennent à ce que le respect de la démocratie, la liberté et la bonne gouvernance ne soit plus modulé selon le bon vouloir de quelques responsables politiques africains, souvent en mal de légitimité suite à des utilisations dolosives de l’armée et des institutions républicaines.

Cependant, il n’est pas tout à fait exact de dire que le parti de l’opposition « Union des forces du changement » – UFC a aussi simplement accepté de ne pas inscrire dans le prétendu arrangement politique appelé « accord global » ses propres revendications, ainsi que celles des réseaux de la société civile qui souhaitent plus de liberté au Togo.

Il n’est pas exact non plus de dire que l’UFC et d’autres représentants de la Diaspora présents à Ouagadougou se sont contentés de « déclarations de bonne intention » ou d’un « gentleman agreement ». En effet, l’arbre ne doit pas cacher la forêt, en l’occurrence une manipulation subtile a été introduite.

En fait, il faut savoir comment ont fonctionné les pressions des chefs d’Etat africains sur les protagonistes du soi disant « Dialogue inter-togolais de Ouagadougou », surtout lorsqu’on sait que l’information et les décisions ne se prenaient pas simplement à Ouagadougou mais aussi en réseautage avec la France, le Gabon et le Nigeria. La visite éclair du Président du Burkina Faso à Libreville juste avant le texte final peut servir de début d’explication à un « accord » qui, semble-t-il a été édulcoré avec beaucoup d’oralité au lieu et place de l’écriture alors que les signatures avaient déjà été obtenues. Comment en parler en public sans « embarrasser » certains hauts responsables africains et perdre du coup le lien de communication qui permet l’espoir… ?

Le Président de l’UFC aurait compris dès le début la supercherie et a refusé de participer personnellement et d’engager sa signature sur des documents qui font l’objet de modifications intempestives. Par ailleurs, il faut plutôt se poser la question de savoir si la parole de certains chefs d’Etat africains de la zone peut encore rester crédible sur la résolution du cas Togo. En refusant les deux approches proposées par l’Union africaine et les Nations Unies d’aller chercher un facilitateur en dehors de l’Afrique de l’Ouest, les protagonistes (gouvernement et opposition) se retrouvent à travailler avec des personnalités qui sont souvent juge et parti. La neutralité d’un facilitateur ou d’un médiateur doit être revisitée si l’on souhaite faire progresser ce dossier dans la transparence et dans la paix. Le rôle des forces armées togolaises ne peut être négligé même si le silence des cimetières fait office de « non-intervention officielle ».

Le vrai problème de ce dossier est la propension des autorités dirigeantes africaines à n’organiser la gouvernance que sur la base d’un statu quo où la démocratie, les droits humains, la liberté des citoyens se conjuguent selon une version africaine bien édulcorée eu égard à la version originale. Il faut reconnaître que le choix des dirigeants tant dans les partis au pouvoir que dans ceux de l’opposition ne se fait pas toujours de manière libre et démocratique.

Si le conseil de l’Union européenne est conséquente avec elle-même, elle se doit de réclamer :

1. un chronogramme détaillé de l’organisation des élections législatives à venir (la date de juin reste à confirmer),
2. une lettre des finances pour 2007 qui ne fera pas l’objet d’amendements intempestives, et surtout
3. faire accepter la venue d’un nombre suffisant de forces d’interposition pour la paix et la démocratie comme ce fut le cas en République démocratique du Congo, avant, pendant et après les élections au Togo. En effet, la sécurité des personnes et des urnes ne peut être laissée à ceux qui par le passé ont démontré que la décision finale n’est pas celle des urnes mais celle dont « ils se réclament ».

Continuer à refuser à la Diaspora togolaise de voter et de se faire représenter lors des prochaines élections alors qu’elle constitue plus d’un million d’âmes ne présage pas de vrais changements. Continuer à usurper les postes des chefs des rois choisis selon la tradition et les remplacer par des « agents à la solde de l’Etat » ne permet pas de croire véritablement à une amélioration des pratiques sur le terrain. Au contraire, ce sont les bases de la stabilité dans les zones décentralisées qui sont mis en cause. Cela ne peut que favoriser l’impunité surtout que même les responsables de la mort d’un diplomate étranger (en l’occurrence allemand) et de plusieurs togolais se promènent librement dans ce « Togo » dit « nouveau ».

Les chefs traditionnels doivent retrouver leur droit et rappeler à la conscience des citoyens togolais l’importance de la démocratie ancestrale, celle qui a été mise en sommeil depuis l’esclavage et la colonisation. Que 2007 apporte paix, sécurité, démocratie et respect des droits humains au Togo.

Afrology Think Tank
Groupe de réflexion, d’action et d’influence
30 décembre 2006

LIRE EGALEMENT:
[Togo: Les inconséquences de l’Union européenne->https://www.letogolais.com/article.html?nid=2983].