27/04/2024

Les actualités et informations générales sur le Togo

Togo: L’opposition alerte sur les forfaitures électorales en préparation en 2024

CONFERENCE DE PRESSE
N° 23-080/ANC/ BN-SG

En les dénonçant, encore une fois, l’ANC appelle à éliminer les disparités injustifiées inhérentes au découpage électoral actuel, à redresser les travers des institutions de la Républiques et à mettre fin aux violations systématiques de la Constitution et des lois

Déclaration liminaire

Le Togo est un pays particulier. Un pays étrange. Un Peuple traumatisé y subit depuis plus d’un demi-siècle, la férule d’un régime militaire clanique à façade civile. La tentative de démocratisation amorcée au début des années 1990 sous la pression populaire a fini par rendre l’âme sous les coups de boutoir, les coups de force et coups d’Etat à répétition d’une armée omniprésente.

Depuis l’assassinat du père de l’Indépendance et fondateur de la Nation togolaise, le 13 janvier 1963, le Togo est maintenu emprisonné dans un état comateux, par la mise en œuvre par une minorité, d’une stratégie de la terreur et d’accaparement des richesses du pays. Cette stratégie qui instrumentalise toutes les institutions est conçue et appliquée pour le maintien obstiné du régime RPT/UNIR au pouvoir. Ainsi, le Togo demeure à ce jour, le seul pays d’Afrique de l’Ouest à n’avoir jamais connu d’alternance politique démocratique, ni d’élection libre, transparente et équitable.

Les stratagèmes employés par le pouvoir en place pour perpétuer cette situation sont nombreux et procèdent, notamment, de l’intimidation, de la violence politique, du maintien des populations dans la pauvreté et l’indigence, de l’enrichissement illicite et insolent de la minorité au pouvoir, de la fraude électorale systématique, avec un découpage électoral pervers pour les élections législatives, de la violation permanente de la Constitution et des lois et règlements de la République, de la corruption et du pillage des richesses nationales.

En permanence, on assiste à une interprétation délibérément abusive voire une violation des lois en vigueur, qui sont modifiées expressément lorsque leur application gêne les intérêts du parti au pouvoir. De plus, les institutions chargées de réguler la vie démocratique, en particulier, celles impliquées dans les processus électoraux et référendaires, sont manipulées d’une manière flagrante. Ce sont des institutions affaiblies dès l’origine, en raison de la non-conformité de leur composition, de la procédure de désignation de leurs membres, de leur mode de fonctionnement mais aussi, en raison du non-respect de la durée de leurs mandats. Inféodées au régime RPT/UNIR, elles n’ont aucune crédibilité aux yeux des populations togolaises.

A la veille d’une nouvelle série d’échéances électorales annoncées, l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) veut, à travers la présente déclaration, appeler une fois de plus, l’attention du pouvoir en place, des acteurs politiques et de la société civile concernés ainsi que des populations togolaises sur l’absolue nécessité :

  • de revisiter le découpage électoral en vigueur pour les élections législatives, en vue d’en éliminer, dans l’intérêt de l’équité des élections, les nombreuses disparités criardes et injustes qu’il comporte,
  • de corriger, dans l’intérêt d’élections transparentes et démocratiques, les manquements, les insuffisances voire les tares des institutions impliquées dans les processus électoraux et référendaires, notamment, la Cour Constitutionnelle, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), la Cour Suprême,
  • de mettre fin à la violation permanente de la Constitution et des lois,
  • de mettre en œuvre une gouvernance saine et transparente au Togo.
    C’est l’objet de la présente conférence de presse.

A. LE DECOUPAGE ELECTORAL EN VIGUEUR POUR LES LEGISLATIVES.

  1. Des violations des dispositions constitutionnelles

Au regard des dispositions de l’article 2 alinéa 1, de l’article 4 alinéa 1, et de l’article 5 de la Constitution Togolaise, d’une part, du dernier Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH5), d’autre part, le découpage actuellement en vigueur pour l’élection des députés, constitue une atteinte grave et inacceptable à l’équité et à la régularité des élections.

En effet, l’analyse comparative des résultats du RGPH5 rendus publics le 04 avril 2023, confirme les déséquilibres flagrants de la représentation des populations togolaises à l’Assemblée Nationale.
L’Article 2, alinéa 1 dispose : « La République Togolaise assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race, de sexe, de condition sociale ou de religion’’.

L’Articles 4 alinéa 1 dispose : «La souveraineté appartient au peuple. Il l’exerce par ses représentants et par voie de référendum. Aucune section du peuple, aucun corps de l’Etat ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice.»

L’Article 5 dispose : «Le suffrage est universel, égal et secret. Il peut être direct ou indirect. Sont électeurs dans les conditions fixées par la loi, tous les nationaux togolais des deux sexes, âgés de dix-huit (18) ans révolus et jouissant de leurs droits civils et politiques.»
L’Article 11 dispose : « Tous les êtres humains sont égaux en dignité et en droit.
L’homme et la femme sont égaux devant la loi.

Nul ne peut être favorisé ou désavantagé en raison de son origine familiale, ethnique ou régionale, de sa situation économique ou sociale, de ses convictions politiques, religieuses, philosophiques ou autres. »

Le découpage électoral actuellement en vigueur pour les élections législatives, n’assure nullement aux Togolais, ni l’égalité des droits, ni l’égalité du suffrage ni même l’égalité en dignité. Il avantage ou désavantage les communautés nationales suivant les intérêts du régime en place. Il est une violation grave des dispositions constitutionnelles précitées.

  1. De nombreuses disparités et incohérences

D’après les résultats du RGPH5, la population résidente au Togo s’établit à 8 095 498. La répartition de cette population par région au regard de la distribution des sièges de député à l’Assemblée nationale, est présentée par les tableaux I, II et III ci-dessous ainsi que les trois graphiques respectivement attachés (cf. page 11, 12 et 13).

A la lecture de ces tableaux, on constate que :

  • la Région Maritime, avec 3 534 991 habitants représentant 44% de la population, est dotée de 25 sièges, soit 27,5% des députés, ce qui donne 1 député pour 141 399 habitants.
  • La Région des Plateaux avec 1 635 946 habitants représentant 20% de la population se voit attribuer également 25 sièges soit 27,5% des députés, ce qui donne 1 député pour 65 419 habitants.

Ainsi, la Région des Plateaux avec moins de la moitié de la population de la Région Maritime a le même nombre de députés que cette dernière.

  • la Région de la Kara avec 985 512 habitants soit 12% de la population globale a 17 sièges de députés à l’Assemblée Nationale, soit 1 député pour 57 971 habitants, pendant que la Région des Savanes avec 1 143 520 habitants soit 14% de la population n’a que 12 sièges de députés, soit 1 député pour 95 293 habitants.
  • la Région Centrale avec 795 529 habitants représentant 10% de la population totale a également 12 sièges soit 13% des députés soit 1 député pour 66 294 habitants, tout comme la région des Savanes largement plus peuplée.

Rien ne justifie de telles disparités qui affichent clairement une discrimination grave et inacceptable entre les régions, entre les Togolaises et les Togolais. Au demeurant, le découpage électoral actuellement en vigueur consacre la pratique anticonstitutionnelle et antidémocratique de l’inégalité des suffrages, au lieu de veiller à ce que les populations togolaises, dans les régions et préfectures, soient représentées de manière équitable à l’assemblée nationale.

De plus, le découpage électoral actuellement en vigueur est d’autant plus injuste que certaines préfectures peuvent ne pas être représentées à l’Assemblée nationale, en raison du positionnement de leurs candidats sur les listes parce que, ayant été agrégées à d’autres préfectures pour constituer une seule et même circonscription électorale. C’est le cas des couples de préfectures suivants : Agoè Nyivé et Golfe, Bas-Mono et Lacs, Kpélé et Kloto, Akébou et Wawa, Anié et Ogou, Mô et Sotouboua, Oti-Sud et Oti, Cinkassé et Tône, Kpendjal-Ouest et Kpendjal.

En outre, les Préfectures de Danyi et d’Assoli, les deux plus petites préfectures du pays ont chacune deux (02) sièges de député à l’Assemblée Nationale tandis que d’autres préfectures plus grandes et plus peuplées peuvent n’avoir aucun siège de député.

La lecture des tableaux et des graphiques fait également ressortir que les Régions Centrale, de la Kara et des Savanes qui totalisent 2 924 561 habitants représentant 36% de la population sont dotés de 41 sièges soit 45% des députés ; alors que les Régions Maritime et des Plateaux qui totalisent 5 170 937 habitants se voient attribuer seulement 50 sièges soit 55% des députés (Tableau II, Graphique II). On se rend alors compte que, 01 député dans les Régions Centrale, Kara et Savanes représente 71 331 habitants et que dans les Régions Maritime et Plateaux 01 député représente 103 119 habitants.

Cette situation avait été dénoncée dans le rapport STROUX/THIRIET de l’Union Européenne en 1997, en ces termes : ‘’La répartition des sièges entre circonscriptions aboutit à des variations très importantes dans le coefficient de représentativité des sièges au détriment, principalement, des circonscriptions du Sud et tout particulièrement de la ville de Lomé et de son « hinterland » (préfecture du Golfe)… ‘’

Il est tout aussi inacceptable que la Région de la Kara (985 512 habitants) qui a pratiquement la même population que la préfecture d’Agoè-Nyivé (882 695 habitants) ait 17 sièges de députés pendant que les préfectures d’Agoè-Nyivé et du Golfe réunis (2 188 376 habitants) n’aient que 10 sièges de députés (Tableau III, Graphique III).

Plus grave encore, Agoè-Nyivé n’est même pas une circonscription électorale et peut donc ne pas avoir de députés à l’Assemblée Nationale suivant l’alignement des candidats sur les différentes listes et le score obtenu par liste, comme relevé plus haut.
L’ANC dénonce encore une fois ces disparités et ces incohérences grossières délibérément conçues pour dévoyer les élections législatives au profit du système RPT/UNIR.

L’ANC exige que le Togo s’affranchisse du carcan des mauvaises pratiques électorales en respectant enfin les recommandations internationales, notamment celles du Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies dans ses commentaires sur l’article 25 du Pacte International sur les Libertés Civiles et Politiques : “Le principe d’une personne, un vote doit s’appliquer et, dans le cadre du système électoral de chacun des Etats, le vote d’un électeur doit être égal au vote d’un autre. La délimitation des circonscriptions électorales et la méthode d’allocation des sièges ne doivent pas aboutir à une distorsion de la distribution des électeurs…”.

B. LES INSTITUTIONS IMPLIQUEES DANS LES PROCESSUS ELECTORAUX

1) La Cour Constitutionnelle
L’article 100, alinéa 1 de la Constitution Togolaise dispose : « la Cour Constitutionnelle est composée de neuf (09) membres de probité reconnue, désignés pour un mandat de six (06) ans renouvelable une seule fois ».

Le dernier renouvellement de la Cour Constitutionnelle, qui a eu lieu le 14 décembre 2019, a mis en place une Cour composée de 07 membres, en violation flagrante de cette disposition.
De plus, au moment de ce renouvellement, deux juges de cette Cour, M. Aboudou ASSOUMA et M. Kouami AMADOS-DJOKO avaient déjà effectué plus de deux mandats en tant que membres de la haute juridiction. Ils avaient donc été désignés en violation flagrante de la Constitution.
L’ANC et son Président National, M Jean-Pierre FABRE, avaient dénoncé ces violations et exigé le respect de la Constitution dans la désignation des membres de la Cour, en saisissant la Cour Constitutionnelle elle-même ainsi que la Cour de Justice de la CEDEAO. En vain.

Ainsi, M. Jean-Pierre FABRE, candidat à l’élection présidentielle de février 2020, a introduit auprès de la Cour de Justice de la CEDEAO, deux requêtes :

  • le 3 février 2020, une première requête pour récuser les deux juges de la Cour Constitutionnelle Togolaise, Aboudou ASSOUMA et Kouami AMADOS-DJOKO, désignés en violation de la Constitution togolaise, en ce qui concerne la limitation à deux des mandats des membres de l’institution ;
  • le 7 février 2020, une seconde requête, pour annuler l’article 158 de la Constitution, dont la procédure d’adoption par l’Assemblée nationale est arbitraire donc illégale et, subséquemment, pour invalider la candidature de M. Faure GNASSINGBE.
    Ces requêtes ont fait l’objet d’un rejet, au motif que le requérant n’a pas apporté la preuve de préjudices directs et personnels.
    Par ailleurs, la loi portant organisation et fonctionnement de la Cour Constitutionnelle, stipule, en son article 8, alinéa 1 : « En cas de décès, de démission volontaire, de démission d’office ou d’empêchement définitif d’un membre de la Cour Constitutionnelle, il est pourvu à son remplacement dans les trente (30) jours ». Le Président de la Cour Constitutionnelle, feu Aboudou ASSOUMA, est décédé le 26 Mai 2023. A ce jour, près de 6 mois (soit 180 jours) après, il n’est pas pourvu à son remplacement. Ce qui constitue une violation flagrante de la loi organique précitée.

Aujourd’hui, l’effectif de la composition de la Cour Constitutionnelle est seulement de 06 membres au lieu de 09 membres prévus par la Constitution.
03 sièges sont donc vacants dont 02 à pourvoir par le Sénat. Or, le 05 septembre 2023, la présidente de l’Assemblée nationale a lancé un appel à candidature pour élire deux (02) membres de la Cour Constitutionnelle. On s’interroge sur la pertinence de cet appel.

Il apparaît ainsi, que pour la composition et l’installation de la Cour Constitutionnelle togolaise, le pouvoir RPT/UNIR, dans ces turpitudes, vient d’engager une procédure opaque qui ne semble reposer sur aucune disposition légale ou constitutionnelle en vigueur.
Il est déplorable que la Cour Constitutionnelle, qui est la plus haute juridiction de l’Etat, l’organe régulateur des institutions de la République, chargé de la régularité des consultations électorales, référendaires et des contentieux électoraux, soit au cœur des graves violations de ses propres règles de fonctionnement ainsi que de la Constitution dont elle est chargée garantir la bonne application.
L’ANC appelle le gouvernement à organiser, un débat sain et constructif sur la Cour Constitutionnelle en vue d’arrêter consensuellement des modalités pratiques pour la recomposition et l’installation de la nouvelle Cour Constitutionnelle.

2) La HAAC

La loi organique N°2004-021 du 15 décembre 2004 a consacré la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC). Cette loi a été modifiée respectivement en 2009, 2013, 2018 et 2021.
L’article 6 nouveau issu de la dernière modification dispose : « la HAAC comprend neuf (09) membres dont trois(03) désignés par le Président de la République et six (06) élus par l’Assemblée Nationale… ».

L’article 8 alinéa 1 de cette loi organique dispose ; « le mandat de la HAAC est de cinq (05) ans renouvelable une fois ».

Tout comme pour la Cour Constitutionnelle, la loi organique relative à la HAAC fait l’objet de multiples violations en ce qui concerne, notamment, l’effectif de sa composition, le remplacement de ses membres et le renouvellement de leurs mandats.

En effet, après une démission, l’effectif actuel de la composition de la HAAC est de 08 membres au lieu de 09 prévus par la loi. De plus, ayant prêté serment depuis le 09 juin 2016, ils sont toujours en place alors que leur mandat a expiré depuis 2021.

Un an après la fin de ce mandat, la Présidente de l’Assemblée nationale a lancé, le19 janvier 2022, un appel à candidature ‘’pour le renouvellement des 06 membres de la HAAC, au titre des membres à élire par l’Assemblée nationale’’. Ce processus semble être gelé envers et contre la loi.
Par ailleurs, le Président de la République n’a pas encore, lui non plus, désigné les trois (03) membres dont la nomination lui incombe conformément à la loi.
L’ANC appelle le gouvernement à rechercher un consensus autour des modalités pratiques pour la mise en place rapide du renouvellement de la HAAC.

3) La CENI

Les membres de la CENI actuelle ont été élus le 24 mars 2022, pour un mandat d’un (01) an renouvelable, conformément à l’article 19 du Code Electoral. Ce mandat a expiré en mars 2023 et une nouvelle CENI aurait dû être installée depuis plus de 8 mois.

Pourquoi, le gouvernement ne procède-t-il pas au renouvellement de la CENI, conformément à l’article 19 alinéa 1 susvisé ? Quelle est alors la validité et la crédibilité des actes que pose une CENI non conforme à la loi et donc illégale ? A qui ces actes peuvent-ils être opposables ?
Comment comprendre qu’après que le chef de l’Etat eut annoncé dès le 31 décembre 2021 puis confirmé le 27 avril 2022 que les élections régionales et les élections législatives se tiendront cette année 2023, la CENI, mise en place en mars 2022, ne soit pas en mesure, après plus d’un an d’exercice, d’établir et de publier le chronogramme des élections ?

Au demeurant, il convient de relever que le compromis obtenu en 2018, sous l’égide de la CEDEAO, pour une composition paritaire de la CENI, avec un président neutre n’a jamais connu un début d’application. Si bien que dans sa composition actuelle la CENI sortante est demeurée largement déséquilibrée en faveur du pouvoir RPT/UNIR avec, de surcroît, comme président, un ancien député du RPT/UNIR à l’Assemblée Nationale, actuellement Secrétaire Exécutif-Adjoint du parti UNIR, M. Yabré Dago qui, pour les besoins de la cause, a sans honte, revêtu la peau de président d’une association de la société civile. Voilà comment le système RPT/UNIR met en place un président ‘’neutre’’ à la CENI.

On comprend dès lors que sous la présidence du Secrétaire Exécutif-Adjoint du parti UNIR, la CENI est entièrement acquise à l’agenda du gouvernement qui est à la manœuvre dans la préparation des prochains scrutins.

On comprend aussi pourquoi le recensement électoral lancé avec une kyrielle de disfonctionnements, est demeurée inachevée dans la zone 1, malgré les protestations et les revendications légitimes de la plupart des acteurs politiques et de la société civile, qui n’ont de cesse d’exiger la reprise et le parachèvement de ce recensement dans la région la plus peuplée du pays. C’est pour la défense du même intérêt partisan que le gouvernement et la CENI s’obstinent à refuser d’accéder à ces exigences, violant ainsi, de manière flagrante, à la fois la Constitution et le Code Electoral.

L’ANC n’a cessé de multiplier les courriers adressés au président de la CENI, au Ministre chargé de l’Administration Territoriale et même au chef de l’Etat, pour pointer du doigt les insuffisances inhérentes aux processus électoraux au Togo, rappeler l’absolue nécessité de la mise en œuvre des réformes électorales en attente et régler les questions liées à la composition et au fonctionnement des institutions impliquées dans les processus électoraux. En vain. Si bien que :

  • la composition de la CENI continue d’assurer au pouvoir en place comme toujours, une majorité confortable pour manipuler cette institution à sa guise ;
  • la double vérification que permettent la biométrie intégrale et l’authentification des bulletins de vote par signatures, acceptées par la CNAP ont été rejetées par le gouvernement, ce qui illustre le manque total de volonté du pouvoir en place d’assainir le cadre électoral de notre pays ;
  • les audiences foraines décidées de façon consensuelle par la CNAP pour l’établissement des pièces d’identité aux Togolais qui n’en disposent pas, ne sont pas mises en œuvre par le gouvernement du RPT/UNIR ;
  • l’accès au fichier électoral ;
  • la question du découpage électoral reste entière ;
  • etc.

Voilà autant de questions autour desquelles l’ANC appelle le gouvernement et les acteurs politiques à se concerter en vue d’améliorer la qualité des scrutins dans notre pays, d’éviter que les institutions chargées des élections au Togo ne s’emploient à verrouiller le processus en amont comme en aval et délibérément au profit exclusif du pouvoir en place.

En somme, veiller à ce que les élections au Togo deviennent une compétition saine, équitable, transparente et sans aucune forme de violence. Et non une formalité destinée à garantir la victoire certaine du RPT/UNIR.

4) La Cour Suprême

Les dernières élections municipales, qui sont les premières du genre depuis plus de trente ans, ont révélé que cette juridiction ne semble pas préparée et outillée pour le traitement efficace et le règlement satisfaisant des contentieux électoraux relevant de son ressort avant, pendant et après le scrutin.

De plus la Cour Suprême traine certaines insuffisances qui retardent considérablement le traitement des requêtes de remplacement des conseillers municipaux pour cause de démission ou de décès. Ses procédures sont mal connues par les autorités de tutelles des collectivités territoriales.

5) L‘Assemblée nationale

Les Togolais se demandent si l’Assemblée Nationale est véritablement la Représentation nationale de par les actes qu’elle pose, surtout le vote des lois scélérates qui renforcent la dictature et le régime d’exception dans notre pays. Les députés de la législature en cours issue des législatives du 20 décembre 2018, se sont bien singularisés par le vote des cavaliers législatifs au mépris des principes du droit parlementaire.

En effet, en 2019, lors de l’adoption du projet de loi modificative de la Constitution, les députés individuellement ont proposé et fait adopter par l’Assemblée Nationale des articles non prévus dans le projet de loi gouvernemental qui ne concernait que les articles 59, 60 et 100 de la Constitution. Il s’agit par exemple de l’article 158 de la Constitution ainsi modifiée pour permettre à Faure Gnassingbé de briguer un quatrième mandat alors que ce mandat ne peut être renouvelé qu’une seule fois.

C. METTRE FIN A TOUTES LES VIOLATIONS DE LA CONSTITUTION ET DES LOIS.

Il est notoire que le régime RPT/UNIR cherche aujourd’hui à ripoliner son image par un activisme forcené, en multipliant des sommets internationaux au Togo, en multipliant des déplacements à l’extérieur et en envoyant le Ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey dans tous les coins du monde, soutenir des positions vertueuses et des bonnes pratiques aux antipodes de l’oppression et de l’asservissement qu’il inflige aux populations togolaises.

Les observateurs avisés savent que c’est un régime autocrate qui bafoue les droits humains, la Constitution et les lois de la République. Un régime familier des enlèvements, des disparitions forcées, des assassinats et de tous les crimes politiques et économiques pour lesquels une impunité totale est assurée aux auteurs.

  • La constitution et les lois de la République sont quotidiennement violées. Le Chef de l’Etat qui est « garant du respect de la constitution » (art 58 de la constitution), est le premier à la fouler aux pieds, notamment en violant l’article 74 qui lui fait obligation de « s’adresser une fois par an au Parlement sur l’état de la Nation ».
    Les violations de la constitution et des lois sont nombreuses et quasi-quotidiennes. Ainsi, la création du District Autonome du Grand Lomé (DAGL) qui est une collectivité territoriale est dirigée par un gouverneur nommé par le Chef de l’état et par un conseil du district composé pour moitié de conseillers élus par les communes du Grand Lomé et pour moitié de personnalités nommées par le Président de la République, en violation de la Constitution qui stipule en son article 141 alinéa 4 : « Les collectivités territoriales s’administrent librement par des conseils élus au suffrage universels, dans les conditions prévues par la loi. ».
    La volonté du régime de maintenir, coûte que coûte, les collectivités locales dans la même situation que les délégations spéciales avec un semblant d’autonomie, amène l’administration territoriale à remettre en cause la loi sur la décentralisation, en la tripatouillant dans tous les sens, notamment en ce qui concerne l’adressage des rues, la construction et la gestions des marchés. C’est aussi le cas de préfets qui
    signent des « Décisions » de reconnaissances de chefs de quartiers en lieu et place d’arrêtés de reconnaissances par les municipalités, en violation de l’article 14 de la loi relative à la chefferie traditionnelle.
  • Les assassinats qui jalonnent l’histoire de notre pays sont nombreux et ont profondément traumatisé nos populations. Nous retiendrons pour mémoire la douloureuse période du COVID 19, parce que récente, endeuillée par l’assassinat de paisibles citoyens togolais perpétrés par les forces de l’ordre et de sécurité, pour des motifs ridicules de confinement et de couvre-feu !
  • Les crimes politiques répondent à la nécessité de la conservation absolue du pouvoir entre les mains d’une famille, d’un clan. Ainsi, on dénombre de nombreux assassinats de responsables et militants politiques, des attaques avec des armes de guerre de domiciles de responsables politiques, des restrictions de libertés publiques et politiques, etc.
  • Les crimes économiques dans notre pays annihilent l’émergence d’une classe moyenne et creuse un fossé de plus en plus grand entre les riches et les pauvres. Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres s’enlisent inexorablement dans la misère. Il est connu de tous et c’est Faure Gnassingbé qui l’a, lui-même, confirmé, qu’il y a au Togo, une minorité qui accapare toutes les richesses du pays.

Ces fossoyeurs de l’économie nationale continuent leurs basses besognes au-devant de l’actualité, en toute impunité.
Rien n’est irréversible. Le Togo ne peut pas se développer si les populations togolaises ne se lèvent pas pour mettre fin au système RPT/UNIR afin que notre pays regagne les rangs des nations épanouies. Voilà pourquoi l’ANC réitère son appel à la mobilisation générale autour de la vision des pères de l’indépendance et fondateurs de la nation togolaise pour la reconquête de la dignité, de l’indépendance et de la souveraineté de notre pays, pour la construction d’un Etat de droit respectueux des droits et libertés des citoyens pour un retour aux bonnes pratiques de gouvernance qui garantissent une croissance saine et un développement partagé.

Fait à Lomé, le 08 novembre 2023
Pour le Bureau National de l’ANC Le Président National
SIGNE Jean-Pierre FABRE


ALLIANCE NATIONALE POUR LE CHANGEMENT A. N. C.
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