26/04/2024

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Mascarade électorale au Togo: mode d’emploi

Malgré l’absence d’enjeu dans un scrutin où le RPT était le seul et unique parti politique en lice, le régime du général Eyadema a pourtant recouru à une fraude massive. L’objectif était de faire gagner ses députés et d’assurer des sièges aux candidats des autres groupuscules, ses complices dans cette vaste supercherie. Il voulait, à tout prix, éviter de donner l’image d’une assemblée monocolore RPT et feindre une pluralité avec les quelques sièges octroyés aux hommes liges du pouvoir, ces «collabos».

Selon le journal Crocodile paru jeudi matin, des candidats du RPT dans les circonscriptions D’Agou et de Wawa ont été lésés au profit des candidats de la Juvento. Le candidat de la Juvento Léon Pape Koffi Feda a officiellement recueilli 82,36% des voix contre 10,36% pour le RPT Kpakpoté Laté. En réalité, c’est Kpakpoté qui l’a emporté avec 82,34% pour des 17615 votants. De même dans la deuxième circonscription de Wawa, selon les sources indépendantes, le RPT Trokpo Kodjo gagne haut la main avec 79,43% contre la Juvento Mme Iloudjé Ebina. Officiellement c’est cette dernière qui va l’emporter au finish avec 53,47% des voix. Le RPT a vraiment besoin d’un plus petit que lui. C’est une charité qui n’est toutefois pas bien ordonnée.

Dans d’autres préfectures, comme l’Ogou, l’Avé et Tchaoudjo et Kara, la stratégie a consisté uniquement à bourrer les urnes dans des zones où les candidats RPT étaient les seuls représentés. Dans l’Ogou, les jeunes d’une obscure association des Jeunes chargeurs de sacs de céréales de l’Ogou (AJSCO), ont retiré des cartes d’électeurs disponibles pour effectuer de multiples opérations dans les bureaux de vote en faveur de Fombo Loumonvi Sodzadan. Dans la même préfecture, Koffi Sama, le Premier Ministre est crédité de 100% des voix, alors que selon de sources officieuses et sûres, il manquait le décompte de toutes les urnes.

A Sokode, circonscription où concourt le ministre de la défense, le général Seyi Mémène, les urnes et les bulletins de vote se sont retrouvés à Mandouri dans la préfecture de Kpendjal, à plus de 200 km des bureaux de vote. On ne sait pas par quels artifices comptables et juridiques le Comité des 7 magistrats a pu faire le décompte des voix dans ces circonscriptions.

A Lomé où fut coopté le « collabo » Harry Olympio, le matin à 10 heures, des cartes d’électeurs furent distribuée aux passants pour aller voter, moyennant argent. Ce dernier, à l’annonce des résultat, se félicitait d’une victoire sans précédent dans les annales de l’histoire du Togo et de l’avènement de la démocratie dans le pays. En fait avec la cooptation des ses 3 députés, son parti, le RSDD, devient la deuxième force politique du régime Eyadéma. Et dans la foulée il en appelle à la modification de la constitution pour maintenir le président Eyadéma au pouvoir après 2003. Ce qui est constitutionnellement impossible.

Il est très facile de deviner pourquoi Eyadéma et le RPT se donnent autant de mal pour frauder des élections dont ils sont les seuls candidats et uniques organisateurs. Ils voulaient éviter à tout prix de subir cette cinglante défaite du 27 octobre 2002 que vient de leur infliger le peuple togolais : 90% d’abstention selon les enquêtes et les estimations de la CFD ( Coalition des forces démocratiques). L’unique objectif est de se créer les conditions pour ne jamais mettre fin à la dictature.

Les observateurs complaisants invités par les autorités togolaises se garderaient bien de contredire leurs hôtes généreux face à un tel désaveu. Outre la réaction publiée le lendemain des élection par la diplomatie américaine, que dire des grands silences des Etats et des institutions internationales face à cette tragédie que vit le peuple togolais. Entre la brutalité d’Eyadéma et la non-violence de la population togolaise auraient-ils maintenu leur choix. La real politic a ses règles que le peuple togolais ne saurait admettre.

La rédaction