24/04/2024

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Auteur et metteur en scène togolais Rodrigue Norman : «Un jeu littéral»

La Comédie Française présente une semaine consacrée aux auteurs contemporains africains du 5 au 10 juillet. A l’occasion d’Écriture d’Afrique, Rodrigue Norman met en scène le texte de Koulsy Lamko, Ndo kela ou l’initiation avortée, un hommage au président du Burkina Faso, Thomas Sankara assassiné en 1987. Sous forme de parabole villageoise il conte l’histoire du jeune révolutionnaire. Auteur et metteur en scène togolais de 25 ans Rodrigue Norman débute l’écriture par des poésie puis des nouvelles.

Propos recueillis par Sarah Fassi 02 juillet 2005

LE FIGARO. – Comment avez-vous débuté dans le théâtre ?

Rodrigue NORMAN. – J’ai démarré en 1995 dans une troupe de théâtre amateur à Lomé. Après deux ans, j’ai fondé ma propre compagnie avec deux autres personnes, les «3C». Depuis je dirige cette troupe qui est de plus en plus reconnue en Afrique par les autres troupes professionnelles. Depuis 2003 nous sommes venus régulièrement en Europe pour présenter notre travail.

Vous avez travaillé en Afrique mais aussi en Europe, quelle différence voyez-vous entre ces deux théâtres ?

En Europe les comédiens vivent de leur art alors qu’en Afrique le théâtre n’est pas considéré comme un métier, de nombreux tabous persistent et le théâtre restent une activité secondaire. De plus en Afrique il n’existe pas d’école qui forme au théâtre sauf peut-être au Sénégal, en Côte d’Ivoire ou au Maroc, alors que la formation est un passage obligé en Europe.

Au niveau de l’esthétique le jeu africain est «littéral», les comédiens jouent avec leur corps, leurs tripes, en Europe il existe une réflexion sur la pratique théâtrale.

Lorsqu’on vous a proposé de mettre en scène Ndo Kela, de Koulsy Lamko comment avez-vous réagit ?

J’avais une réelle envie de mettre en scène cette pièce, Ndo kela est un classique africain, non pas parce qu’il est inscrit au programme scolaire mais par sa description des caractéristiques de l’Afrique rurale, rustique, traditionnelle. De plus j’avais déjà joué dans cette pièce et je connaissais donc bien le texte.

Comment avez-vous procédé pour l’adaptation du texte au théâtre ?

J’ai d’abord un grand respect pour le texte original et mon souhait était donc de ne pas altérer son sens. Cependant la pièce est trop longue, j’ai alors rencontré l’auteur et je lui ai proposé de couper ensemble des morceaux, il m’a laissé une liberté totale de coupe. J’ai retravaillé le texte avec le dramaturge Kouam Tawa. Ndo Kela est un conte dit par un patriarche à une communauté villageoise, la principale modification est que le texte sera conté par une communauté villageoise à un public avoué.

De plus la pièce est jouée à vue, les coulisses sont visibles, ce qui rend la pièce ludique.

Écriture d’Afrique sera également l’occasion de découvrir trois lectures spectacles, Blue-S-Cat de Koffi Kwahulé, La Danse du Pharaon de Marcel Zang et La mort vient chercher chaussures de Dieudonné Niangouna. La programmation intégrera également l’inauguration de l’exposition monographique Portrait latents du photographe Nabil Boutros. Rens. Théâtre du Vieux-Colombier : 01.44.39.87.00. www.comedie-francaise.fr