La tentation de la dictature héréditaire au Togo :
Autopsie de l’échec annoncé d’ un coup d’Etat militaire débile !
I/La tentation du Putsch permanent et le précédant de la succession Héréditaire
Quelques heures seulement après l’annonce du décès brutal du Président de la République Gnassingbé Eyadema le samedi 05 février 2005, les 5 millions de togolais éberlués découvrent celui qui décide de présider à leur destin : Faure Gnassingbé Président autoproclamé du Togo entouré des tristement célèbres généraux apparatchiks des FAT.
A la télévision, certains ont pu imaginer qu’il s’agissait d’un film d’horreur qui devait s’interrompre en changeant de chaîne. Ils découvrent qu’ il ne s’agissait pas d’une fiction mais d’une réalité qu’ils devraient subir à vie en attendant le prochain successeur, peut-être le petit fils si la tradition de Putschiste héréditaire est bien respectée au Togo.
Le scénario est à peine croyable : La succession au sommet de l’Etat s’est réglée entre Gnassingbé en conseil de famille, puis dans une minuscule salle mal éclairée avec l’armée en dépit du bon sens et au mépris des règles constitutionnelles ;au nez et à la barbe des Togolais et de la communauté internationale. Circulez ! il n’y a rien à voir !
1-L’héritage assumé de la dictature militaire
La brutalité et la concomitance des évènements montrent que le scénario était préparé de longue date et exécuté dans la pure tradition des Putschistes attitrés de l’armée. On se rappelle l’irruption brutale des FAT à la télévision durant la Conférence Nationale Souveraine et du coup de force perpétré contre le Gouvernement Koffigoh 1 durant la transition. Le pouvoir d’Eyadema laissé en héritage à son fils reposait sur trois piliers :
Le premier c’est la violence d’Etat. C’est du machiavélisme pur et dur jusqu’à la négation de la vie humaine qui a finalement peu de prix. L’exemple des uns massacrés lors des manifestations de contestation servira aux autres. Peut-on s’étonner du peu d’enthousiasme affiché par la population meurtrie par 42 années de dictature qui se résigne à observer des journées villes mortes ?
La propagande est le second fondement du pouvoir en place. Les médias d’Etat verrouillés incarnent la démagogie , la désinformation et le mensonge systématique avec pour objectif principal l’abrutissement des masses populaires.
La corruption, troisième pilier du pouvoir, est la règle de fonctionnement à tous les échelons de la République y compris pour acheter le silence assourdissant des adversaires politiques.
A priori rien n’ a changé depuis le Samedi 05 février 2005 pour l’armée et le RPT. Gnassingbé remplace Gnassingbé, le prénom importe peu finalement.
Au fond, les déclarations de Faure Gnassingbé sont sans ambiguïté : il poursuivra la politique de son père, politique marquée par des coups d’Etat permanents contre les institutions , les assassinats ciblés des citoyens, la torture, le népotisme, la violence extrême et le viol des consciences collectives et nationales.
Il n’y a pas une seule famille au Togo qui n’ait été victime de l’arbitraire du pouvoir assassin du RPT Parti-Etat, parti sanglant dont les méthodes sont dénoncés par ses plus hauts responsables aujourd’hui en rupture de ban volontaire ou contraints par l’ignominie des pratiques d’un autre age.
Les plus sanguinaires agents de répression s’étonnent qu’il n’y ait pas déjà eu depuis le début des évènements n’est-ce pas, un massacre de la population civile pour dissuader à l’avenir ceux qui croient et qui persistent à croire que la liberté et la démocratie sont encore possibles sur la terre de nos aïeux.
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2-L’inspiration mal comprise des Kabila
Faure Gnassingbe était fortement programmé pour succéder à feu Etienne Eyadema. L’exemple de référence est celui des Kabila en Janvier 2001 en RDC. Les FAT se sont inspirées de l’intronisation de Joseph Kabila pour commettre la forfaiture, à charge ensuite aux politiques de constitutionaliser le putsch en y ajoutant l’ habillage légal taillé sur mesure pour le successeur d’Eyadema.
La similitude n’est pas neutre : La République Démocratique du Congo était bel et bien représentée à l’investiture du Président Putschiste : La caution en valait la peine.
La ressemblance s’arrête toutefois là : la stratégie est une pâle copie mal orchestrée.
Les desseins de Joseph Kabila n’ont rien à voir avec les ambitions de mégalomanie affichées par le pouvoir Togolais. Laurent Désiré Kabila était à la tête d’un pays en guerre avec ses voisins. L’armée Togolaise n’a jamais combattu personne si ce n’est ses ennemis internes ou considérés comme tel c’est à dire la population civile qui manifeste à main nue pour réclamer un peu plus de liberté et de démocratie. Les africains ne sont pas mûrs pour la démocratie promise à la Baule par François Mitterrand. Ils sont peut être matures pour supporter 40 ans de dictatures sanglantes..
3-La France aux chevets des bébés dictateurs !
La France, a une responsabilité évidente dans la crise qui secoue le Togo et Jacques Chirac ne peut nier sa responsabilité personnelle à plusieurs égards.
En effet, l’ancienne puissance coloniale du Togo après avoir apporté un soutien sans faille à Eyadema continue de soutenir les bourreaux du régime en place. Les troupes françaises sont bien présentes et pré-positionnées à Lomé !
Comment peut-on imaginer un seul instant avec les moyens militaires dont dispose l’armée française que les frontières aériennes puissent être fermées sans l’aval des militaires français stationnés sur cet aéroport? Si la vie des ressortissants français était menacée, les frontières pourraient-elles rester fermées ? on peut s’en douter.
Mais lorsque l’objectif inavoué était manifestement d’empêcher le retour à l’aéroport de Lomé (contrôlé par les troupes française) de l’avion du Président de l’Assemblée Nationale, Président de la République de fait pour assurer l’intérim, ça coince !
Mr Natchaba, devenu persona non grata et craignant pour sa sécurité, s’est mu depuis dans un silence incompréhensible au Bénin voisin et ne peut plus prétendre assurer l’intérim au terme de l’article 65 de la Constitution.
L’attitude de Jacques Chirac est plus que troublante voir complice en déclarant avoir perdu « un ami personnel » en réaction à la mort d’Eyadema. Ce message a été interprété à Lomé comme un encouragement codé à ses héritiers .
L’aide apportée par le « mystérieux constitutionaliste » qui se réclamait de l’Elysée pour parachever la modification de la loi fondamentale devrait garantir la pérennisation du Coup d’Etat militaire.
L’infantilisation des rapports de la France avec l’Afrique est inacceptable. Les relations étatiques ne sont pas des relations amoureuses. S’il ne peut s’en priver, Jacques Chirac doit mieux choisir ses amis lorsqu’il engage la responsabilité de la France.
On s’inquiètera de ce que pense le nouveau président de l’UMP Nicolas Sarkosy de ce soutien aux dictateurs Africains.
Les propos tenus le 09 février à l’Assemblée Nationale par le ministre de la Coopération pour juger à l’acte le nouveau pouvoir sont une profonde aberration que nous ne commenterons pas.
Le ministre français de la Coopération, Xavier Darcos a en effet «entendu Faure Gnassingbé dire qu’il souhaitait très rapidement organiser des élections libres et démocratiques». «Nous allons vérifier si ces promesses sont tenues ». Nous ne voulons pas de ça Mr Darcos. Nous n’acceptons votre caution à la présidence de fait au Togo.
Le Président de la République Jacques Chirac doit rompre la coopération militaire de la France avec le Togo.
Cette décision sans aucune conséquence pour les populations doit permettre de mettre un terme à l’assistance Militaire (armes, munitions, formation et encadrement) dont bénéficie les putschistes de l’armée togolaise. C’est un minimum !
Une action en justice en France doit être également envisager contre le prétendu constitutionaliste Marcel Debbasch comme ce fut le cas pour le député Didier Julia pour « mise en danger volontaire et délibérée de la vie de nos concitoyens ».
II / La démocratie des Brutes
Au mépris des règles constitutionnelles ,le coup d ‘Etat militaire au Togo surprend les observateurs non avisés à la fois par le contexte dans lequel il se produit (Silence radio sur les obsèques du président défunt ) et par sa brutalité (3 coups d’états en 24h).
1-Putschistes de père en fils :Un précédent gravissime
L’histoire retiendra que le Togo s’est déjà illustré en 1963 par le premier coup d’Etat en Afrique noire avec l’assassinat de Syvanus Olympio père de l’indépendance et de la nation togolaise par Gnassingbe Eyadema.
La communauté internationale découvre également la brutalité et les méthodes expéditives utilisées par son fils pour imposer la dictature héréditaire au Togo.
C’est un précédent gravissime dans l’histoire des nations modernes.
Etre président de père en fils n’est pas le vrai souci(cf w Bush). Ce qui est en cause c’est que le monde découvre qu’on peut être Putschistes de père en fils et imposer à un peuple une dynastie de présidents à vie sans limitation de pouvoir (la nouvelle constitution ne prévoit pas de limitation de mandat) Présidence qui peut d’ailleurs être alternée par un autre membre de la famille pourvu qu’on le décide en conseil de famille avec la caution des cousins de l’armée.
Le Togo n’est la propriété de personne encore moins des Gnassingbé et la terre de nos aïeux appartient à tous les togolais qui veulent et doivent librement choisir leur dirigeants.
L’entourage immédiat du nouveau putschiste laisse entendre qu’il n’a pas choisi de devenir Président. Pourquoi diable a t-il accepté ? Par quel mystère du saint esprit ne veut –il plus partir ?
Comment peut-on expliquer les modifications et tripatouillages de la loi fondamentale et du code électoral notamment sur les conditions d’éligibilité taillées sur mesure pour empêcher les adversaires de briguer le mandat présidentiel et préparer sa succession à Eyadema ?
On peut citer entre autre l’age de la candidature ramené à 35 ans au lieu de 45,
pas de limitation de mandat (prélude à la présidence à vie), critère de résidence (Gilcrhist Olympio, incompatibilité du mandat de député avec la profession exercée (Yawovi Agboyibor) etc.
Toutes ces manœuvres ont été orchestrées par Eyadema en prélude à la mascarade électorale à venir. La vie en a décidé autrement !
2-Du balbutiement à l’enlisement du pouvoir insolent
De l’état de plaisanterie de mauvais goût à la stupeur générale, les Togolais et la communauté internationale découvrent le vrai visage du Putschiste.
En somme il n’a rien de différent par rapport aux autres putschistes : justification du coup d’état par la nécessité de préserver l’unité nationale, élections semi- transparentes pour les scrutins secondaires et certainement pas présidentielles( avant 2008), dialogue avec l’opposition choisie , enrichissement rapide assuré pour les siens !
Ce qui est nouveau, c’est la succession incroyable d’erreurs commises, une compile de gamelles, de bourdes et de gaffes qui prouvent que tout en étant préparé le pouvoir perd le nord et la stratégie adoptée relève plus de la stupidité que de l’intelligence que l’on voudrait nous faire croire.
Sur le plan Interne :
La stratégie est simple. Il fallait faire vite et prendre tout le monde de court. Faure Gnassigné pensait que la mise en scène orchestrée par le Premier Ministre pour annoncer, d’une voix faussement émue, la disparition du chef de l’Etat, allait provoquer une réelle compassion au sein de la population. L’état de grâce observé par la tradition de deuil dans nos coutumes n’a pas eu lieu et le désaveu est cinglant !
Dans la succession des évènements, la précipitation a pris le pas sur la vitesse.
Les faucons du régime se mordent déjà les doigts de ne pas avoir réunit l’assemblée nationale pour modifier les textes avant de passer à la télévision le message pathétique de leur allégeance et regrettent sa diffusion à la télévision.
Le terme « confié le pouvoir » prononcé (spontanément) avec zèle par le chef d’état major de l’armée lui vaudrait bien quelques ennuis. On aurait préféré que l’armée exprime simplement sa compassion à la famille éplorée suite à la disparition brutale du chef de l’Etat. La tranquillité apparente de la population a été assimilée, à tort, à de l’indifférence face au coup d’Etat. :C’est le calme annonciateur d’un Tsunami politique pour les jours et semaines à venir !
Le retrait du Président déchu de l’Assemblée Nationale, craignant à juste titre pour sa vie et qui préfère se réfugier au Bénin, est un casse tête pour le pouvoir.
De fait, Faure Gnassingbé cumule les fonctions de Putschiste Président de la République et de l’Assemblée Nationale (une charge dont il veut bien se débarrasser maintenant que le ver est entré dans le fruit).
Sur le plan international
On estime dans l’entourage du pouvoir avoir été piégé par la France qui avait donné l’impression de cautionner le coup de force avant de changer progressivement d’avis vu la tournure des évènements.
Le mépris affiché par la junte putschiste à l’endroit de la communauté internationale est une épreuve de force et se révèle suicidaire. Gnassingbé Eyadema savait au moins comment s’y prendre avec la communauté internationale. Il avait deux visages !
Un regard tourné vers l’étranger (la France en particulier) avec une agitation diplomatique dans la sous région Ouest africaine et se faisait passer pour un faiseur de Paix (en encourageant les jeunes putschistes) sous le regard bienveillant de la France.
L’autre visage, réservé à ses concitoyens, est celui du tyran protecteur des siens, qui accepte volontiers d’être craint en foulant au pied les droits de l’homme.
Le nouveau pouvoir auto-proclamé a réussit l’exploit de se mettre à dos la population togolaise et la communauté internationale.
3-Faure Gnassingbé ne tiendra pas et doit quitter le Pouvoir !
L’expérience du Togo est un cas d’école qui ne doit pas faire recette.
Pour les Togolais, c’est leur avenir qui est définitivement confisqué et hypothéqué par un clan et pour rien au monde ils n’accepteront ce coup d ‘état. l’union sacrée est de mise au sein de l’opposition. La révolte se profile à l’horizon dans toutes les couches et le raz le bol s’exprimera avec une ampleur inégalée.
Pour le RPT, la dernière carte a été jouée dans l’allocution télévisée de Faure Gnassingbé dans son message de Putschiste à la nation. Les députés réalisent qu’après avoir prolongé le mandat personnel du Président autoproclamé jusqu’en 2008, celui ci vient de mettre un terme au leur : Ils sont en sursis pour 2 mois maximum.
Les députés ne se font plus d’illusions depuis l’annonce de dissolution de l’assemblée nationale (toujours pas faite).Ceux qui rêvaient d’exécuter leur mandat comme celui taillé sur mesure pour le Président putschiste en sont pour leur frais.
Le soutien indéfectible n’est plus de rigueur et le retour à la vie normale s’annonce terrible pour un grand nombre.
Au sein des forces armées le soutien inconditionnel et l’unité de façade n’est plus.
.Eyadema était plus craint que respecté dans l’armée. Il est mort (ils commencent à le réaliser) et Faure Gnassingbé n’est pas militaire (il n’inspire aucune crainte aux jeunes officiers de l’armée) . Les généraux apparatchiks des FAT ont tout à craindre de ces jeunes officiers sur l’évolution de la situation au regard de la condamnation unanime du Coup d’Etat. Le retour de bâton peut être terrible.
Sur le plan International, le tollé unanime provoqué par le putsch du 05 févier2005 au Togo est sans commune mesure avec les réactions habituelles de la communauté internationale parce que les faits sont graves !
Passé l’étape de l’émotion liée à la disparition d’un de leur pair, les chefs d’états africains réalisent que son successeur de fils instaure la dynastie des présidents putschistes héréditaires.
Le contexte du Togo est en plus particulier. Depuis 15 ans les sanctions internationales subies par la population en raison de l’entêtement du pouvoir ont rendu la souffrance intenable pour 5 millions de Togolais traumatisés par 42 ans de dictature sanglante.
La déstabilisation du Togo marquera l’embrasement définitif de la sous région Ouest africaine. C’est la raison pour laquelle les messages de condamnation et de fermeté sont unanimes avec des sanctions à la clé. (politiques et personnelles pour les dignitaires du régime).
Les chefs d’états de la Cedeao réunis le Mercredi 09 février à Niamey parmi lesquels tous les voisins limitrophes du Togo ( la précisons est de taille) dénoncent le Coup d’Etat militaire et refusent de reconnaître le pouvoir du Président Putschiste autoproclamé et réclament le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Togo.
Cette position de fermeté est reprise par l’ensemble des pays et des organisations internationales qui ont aujourd’hui décidé d’arrêter une position commune sur la qualification de « Coup d’Etat militaire au Togo » . Les conséquences seront terribles pour le pouvoir en place.
Que restera t-il de ce cet épisode macabre de tentation de dictature héréditaire au Togo ?
Au fond Faure Gnassingbé cherche à gagner du temps. Les deux mois de deuil national décrété avec interdiction de manifester sont destinés à asseoir le pouvoir du nouveau régime. C’est raté ! Peut –il en être autrement d’ailleurs ? Quel est le sens de la trêve politique décrété par le ministre de l’intérieur alors même le RPT ne s’est pas privé après le décès du Président de la République à poser ces actes anticonstitutionnels avec la complicité de l’armée :3 coups d’état en 24h ? c’est un record.
L’heure est grave et les jours à venir seront décisifs pour l’avenir du Togo.
La seule solution possible pour ne pas perdre la face est d’accepter le retour à la légalité constitutionnelle que tout le monde réclame.
Le ministre de la Communication, Pitang Tchalla nous fait penser au Ministre de la communication de Sadam Hussein aux derniers jours de la fin de son règne. Au nom des siens, il refuse l’idée même qu’il s’agit d’un coup d’Etat militaire au Togo. Allez ! Avec un peu d’ effort vous allez finir par l’admettre.
Faure Gnassingbe peut bien déclarer : Je n’ai pas pris le pouvoir. C’est l’armée qui me l’a confié. J’ai décidé de le rendre au peuple Togolais ! Allez avec un peu de mauvaise fois vous devez y arriver !
Au Togo un véritable Tsunami politique se profile à l’horizon: Libérez le pouvoir !
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