Par Têtêvi Godwin TÉTÉ ADJALOGO
« En restant à l’écart de la révolution démocratique, l’Afrique se condamnerait elle même à rester à l’écart de la révolution économique, c’est à dire de l’établissement d’une croissance durable (1).
Dans ces deux dimensions inséparables que sont la construction de l’Etat de droit et la restructuration économique, les Africains et les amis de l’Afrique devront se montrer plus exigeants dans la décennie à venir.
L’assainissement financier, la lutte contre l’a corruption à tous les niveaux, la rénovation économique, la construction d’Etats de droit, ne dépendent pas de l’aide extérieure et a fortiori de notre responsabilité de partenaire. Notre aide peut accompagner ces réformes, elle ne peut les réaliser ».
Jacques Pelletier (2)
En refaisant la généalogie des idées de nation, de nationalisme &internationalisme, de patriotisme, H. Lefebvre nous invite à faire émerger dialectiquement le concept de nation en tenant compte de sa force instituant qu’est le patriotisme (affirmation d’une identité, d’une différence) mais en refusant ses formes instituées le nationalisme qui entraînent l’exclusion des « autres » (3).
INTRODUCTION
Qu’est ce que la démocratie ? Que devons nous entendre par démocratie internationale à propos de démocratisation en Afrique ? Y a t il un rapport entre démocratie et développement ? Pourquoi parler d’unité africaine des peuples et non de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) ?
La démocratisation (ou la démocratie tout court) et l’unité africaine des peuples entretiennent elles entre elles quelques relations ? La démocratie internationale et la démocratie en Afrique sont elles nécessaires l’une à l’autre ? Voilà les interrogations qui seront les nôtres dans le présent exposé et auxquelles nous essaierons de répondre brièvement. Pour ce faire, nous proposons d’abord de définir ces concepts, puis nous effleurerons les relations dialectiques entre elles, le texte ci après se voulant une simple introduction à un débat.
1 DEFINITIONS DES CONCEPTS CI DESSUS
l° De la démocratie : Maints illustres esprits se sont efforcés d’élucider la démocratie à laquelle l’ humanité aspire depuis la nuit des temps. De par son étymologie (grecque), le terme signifie règne du peuple, par opposition à tout autre forme de gouvernement de la cité. La démocratie, c’est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple (Abraham Lincoln). Le concept recouvre une réalité vivante, qui s’enrichit, se complexifie et s’ épure au fil des siècles. Aussi pourrait on se référer à bon nombre d’éminents auteurs : Platon, John Locke, Charles de Montesquieu, Jean Jacques Rousseau, Marie Jean Antoine de Condorcet, Karl Marx,Karl Popper, etc. Très récemment, Jean Baechler s’est évertué à actualiser et à traiter la question en un volumineux ouvrage (4).
En tout état de cause, la meilleure définition synthétique de ce concept à ce jour, selon notre opinion, voit la démocratie comme l’avance continue du gouvernement des hommes vers l’administration des choses. C’est le régime où le pouvoir arrête le pouvoir … (Charles de Montesquieu). Autrement dit, la démocratie, qui n’est pas une donnée naturelle, apparaît comme une conquête politico culturelle, comme une quête perpétuelle de la désaliénation économique, sociale, culturelle et politique de l’homme par lui même.
On dit souvent aussi que la démocratie est le règne de la majorité. Oui. Mais il nous faut nous garder d’opprimer les minorités. Et ce, d’autant plus que le « grand nombre » ne saurait signifier automatiquement, mécaniquement, la vérité, comme la vie l’a démontré en plusieurs occasions dans l’histoire.
Cette fine vision humaniste de la démocratie est admise même par le marxisme authentique. Lisons Roy Medvedev à ce sujet: « L’avenir ne justifie pas obligatoirement l’opinion de la majorité. La majorité peut se tromper, la minorité peut avoir raison. Là position de la minorité peut devenir demain majoritaire. Et si l’on respecte le droit de la minorité à conserver et à défendre son point de vue, il est plus facile de modifier une décision erronée et de la remplacer par une décision plus exacte.
« En outre, bien souvent les évènements peuvent prouver que toutes les deux, la majorité comme la minorité, avaient tort et qu’un moyen terme aurait été nécessaire. Mais l’ « unanimité complète », obtenue par la pression, rend impossible la découverte de ce moyen terme.
« Dans de nombreux pays, les communistes ne représentent, même aujourd’hui, qu’une infime minorité. Mais ils luttent pour attirer à eux la majorité. Il est évident que ces communistes exigent de leur gouvernement le respect des droits politiques des minorités auxquelles ils appartiennent eux mêmes. Malheureusement ce même respect pour les minorités politiques n’existe pas dans les pays où les communistes sont parvenus au pouvoir.
« L’un des plus éminents théoriciens de la démocratie bourgeoise, Thomas Jefferson, auteur de la Déclaration d’Indépendance des Etats Unis, disait, en son temps, que « le droit de la minorité d’exprimer ses idées représente l’essence même de la démocratie et que le rejet de ce droit amènerait la tyrannie de la majorité ». Cette situation est vraie pour la société bourgeoise comme pour la société socialiste. La doctrine marxiste exige l’expropriation des capitalistes, mais elle ne demande pas qu’ils soient privés de leurs droits politiques. Réclamant le transfert du pouvoir des mains de la bourgeoisie aux mains du prolétariat, le marxisme ne prétend pas, pour autant, priver la bourgeoisie de la liberté de s’exprimer (5). »
Par ailleurs, le contenu du concept de démocratie ne se limite pas à la politique stricto sensu: « un homme, un vote »; il tend de plus à englober toutes les dimensions de la vie de l’homme social. En effet, La notion de démocratie était liée jadis à l’idée de l’Etat, au caractère du pouvoir et à la manière dont étaient prises des décisions politiques essentielles. Aujourd’hui, ce concept s’est étendu et enrichi. Pour nous la démocratie est inséparable de tous les aspects de la vie de la société contemporaine, de l’activité créatrice des hommes, de l’organisation des loisirs, de l’art et de la littérature, aussi bien que de l’activité scientifique et à plus forte raison de l’activité sociale et politique. Et cependant, c’est à l’étalon de quelques droits fondamentaux du citoyen qu’on peut encore aujourd’hui mesurer le degré de démocratisation d’une société.
« Et notre référence n’est pas seulement la Déclaration universelle des Droits de l’Homme adoptée par l’ONU le 10 décembre 1948, mais plutôt les deux pactes signés en décembre 1966 par l’ Assemblée générale de l’ONU: « Sur les droits économiques, sociaux et culturels… » et « sur les droits civiques et politiques ». Le fait que des délégués des pays socialistes et capitalistes aient travaillé ensemble à l’élaboration de ces textes est en soi assez significatif. Ce travail long et difficile a demandé plus de vingt ans (6).
En bref, la démocratie vraie doit être la plus directe possible. Elle doit permettre aux masses laborieuses, et à l’homme tout court, de se prendre eux mêmes le plus directement possible en charge.
Ainsi définie, la démocratie est une valeur sui generis ; elle n’est l’apanage d’ aucune nation ou d’aucun peuple : elle ressortit plutôt à 1’universitalité ; elle dérive, en bonne logique, des Droits (universels) de l’homme et des peuples; elle n’est assujettie à nul niveau de « produit national brut » (PNB) ; elle conduit au pluralisme politique et débouche sur le multipartisme. Et, contrairement à l’un des préjugés les plus coriaces de l’Occident, les sociétés africaines précoloniales apparaissent, considérées globalement, beaucoup plus démocratiques à bien des égards que celles des Etats post et néocoloniaux de notre Continent. Oui, les études universitaires foisonnent aujourd’hui qui attestent éloquemment l’existence de contre pouvoirs dans lesdites sociétés précoloniales. Contre pouvoirs assurant aux peuples un minimum de libertés socio politiques. La « palabre » sous l’arbre de la place centrale du village africain n’est autre chose que la démocratie n’ayant rien à envier à celle de l’agora !
La démocratie, c’est à dire la substitùtion de l’administration des choses au gouvernement des hommes, voilà ce à quoi les peuples africains aspirent ardemment de nos jours, comme un voyageur assoiffé aspire à l’eau dans un désert. Les masses africaines et leurs élites véridiques aspirent à la démocratie, indispensable en elle même, et à leur développement économique, social et politique auto référentiel. Lequel développement Mme Marie Louise Diop Maes (7) définit à juste titre non pas à la manière de M. Jacques Pelletier, mais « comme le processus de perfectionnement et d’enrichissement d’une culture, d’une civilisation, dans tous les domaines : domaine matériel et technique, domaine sanitaire, domaine social, domaine politique, administratif, organisationnel, domaine moral, domaines littéraire, intellectuel, scientifique, domaine artistique, domaine sportif » (8).
Alors donc, le développement ne saurait s’identifier à une simple « croissance » matérielle et matérialiste; il ne saurait se restreindre à la seule réalisation de travaux de prestige en béton, en acier et /ou en verre. Le développement, tel que nous l’entendons, c’est l’épanouissement intégral de la société et de la personne humaine, dans toutes leurs dimensions matérielles et immatérielles. Le développement doit garantir la dignité de l’ Homme…. au sens générique de ce terme.
Mais comment s’y prendre ? Quel doit être le contenu de la démocratisation sur le Continent ? Telle est la dramatique problématique de l’heure
2° De la démocratisation en Afrique : Du lendemain de la Seconde Guerre mondiale à nos « indépendances », nous autres intellectuels africains, presque nous tous, influencés, à des degrés divers, par la praxis stalinienne, nous croyions très sincèrement et fermement que le « parti unique » était une nécessité, un creuset central où devait venir se fondre la mosaïque de nos groupes ethniques séparés par le colonialisme, majoritairement par des barrières artificielles, comme chacun le sait. Aujourd’hui encore, qui plus est, il ne semble point absurde d’imaginer, théoriquement du moins, que l’idée de « parti unique » eût pu réussir, à la stricte condition que l’essence démocratique qu’elle présupposait fût respectée. A la stricte condition que les dispositifs statutaires à mettre en place, afin d’empêcher tout individu de s’autoproclamer autocrate, dictateur, aussi brillant fût il, fussent mis en place. Mais le néocolonisateur, lui, a favorisé l’avènement de despotes obscurs aux rênes des affaires publiques chez nous.
Alors, très vite, le « parti unique » s’est mué en un « homme seul » ; il est très vite devenu un véritable carcan pour les masses populaires et les cadres humanistes. Le « parti unique » s’est rapidement métamorphosé, dévoyé en dictature autocratique. Celle ci, la dialectique de la nature aidant, suscite des complots, des putschs, des coups d’Etat plus ou moins sanglants…
Car le « Père de la Nation », qui, dans la majeure partie des cas, n’était même
pas là au moment où le peuple se battait pour son indépendance (! ), qui a assassiné… pour s’emparer de la magistrature suprême, s’est incrusté, inamovible comme un dieu païen sur un trône… A l’instar de Belzébuth, il a bâillonné et terrorisé le peuple et les élites les plus valables. L’ autocratie dans nos pays s’appuie sur le parti unique corrompu et corrupteur. Un parti unique dont les « membres » se voient condamnés à ne répéter, en choeur, que l’unique voix du seul « timonier ».
Erigée au rang d’institution gouvernementale et budgétisée, la délation est devenue le service le plus attractif, le plus rémunérateur. Il en a résulté une terreur généralisée et annihilante: tout le monde a peur de tout le monde ; chacun se méfie de chacun, craint sa propre ombre… Il s’en est suivi une société close pour paraphraser Karl Popper et Norbert Wiener.
Une société incapable de s’envoler vers une quelconque évolution progressiste. « La nocivité foncière du système de parti unique ne peut donc plus, après plus de vingt ans d’expérience, être dissimulée (9). »
Le pouvoir néocolonial a instauré un discours idyllique sur l »‘union nationale » ; dans la réalité, il pratique une politique machiavélique flagrante de division du peuple.
Pas de droit de l’homme, pas de droit des peuples, pas de démocratie, pas de pluralisme politique. Même là où des « élections » ont eu lieu, elles ressortissent, en fin de compte, comme des mascarades, comme des simagrées. Car, « lorsqu’on observe attentivement la vie politique en Afrique, il y a lieu de constater que l’idée de soumettre le pouvoir au contrôle des élus est quasi inexistante. De même que là où « par la grâce de Dieu », cette possibilité est envisagée, les hommes à élire sont déjà sélectionnés d’une façon discrétionnaire par le pouvoir. La crainte d’ouvrir le pâturage à des brebis galeuses est toujours omniprésente.
« Le système représentatif, là où il existe, n’est qu’un instrument de propagande destiné aux pays occidentaux qui, de temps à autre, exigent du bout des lèvres la « démocratisation de la vie politique » afin de monnayer leur soutien aux régimes amis en difficulté. A quelques exceptions près, les candidats aux consultations sont désignés par le parti unique, et la candidature unique est la règle électorale (10). »
Comme si, dans les pays sous développés, la liberté politique et la démocratie ne représentaient pas aussi l’arme décisive pour résoudre les problèmes économiques et sociaux (11). » Il convient donc de démocratiser les sociétés africaines.
Comment y arriver ? Question lancinante, hamlétienne ! En tout cas, c’est à chaque peuple du Continent qu’il incombe d’analyser concrètement sa situation concrète, d’en tracer les voies les plus idoines qui correspondent à sa spécificité de notre problématique globale, d’en dégager les moyens les plus adéquats qui doivent le conduire à l’alternative requise.
Quoi qu’il en soit, la démocratisation en Afrique ne saurait être que pragmatique, bien que basée sur des principes théoriques tout à fait justes et clairs. En voici, à notre avis, les trois plus fondamentaux. Primo, elle doit s’inspirer de l’anthropologie, de l’histoire, des us et des coutumes traditionnels respectifs encore valides des communautés en cause. Secundo, elle doit associer très étroitement les masses populaires à l’oeuvre entreprise. Tertio, elle doit se fonder sur trois socles cardinaux : l’) le dialogue ; 2′) le dialogue ; 3′) le dialogue. Car, « toute entreprise, toute collectivité, tout gouvernement, qui s’obstine à recourir à la publicité ou à la seule information, au lieu de dialoguer avec son opinion, s’expose à n’être plus qu’un simple ordonnateur ».
« Dommage que ce soit pour son enterrement! (12) » Oui. Dialogue intra telle communauté donnée. Dialogue inter-telle et telle communautés. Dialogue au sein des cadres intellectuels et techniques. Dialogue entre ces derniers et les masses populaires. Dialogue global à tous les niveaux et dans tous les domaines de la vie politique, économique, sociale, et culturelle de nos peuples et de nos pays.
Et c’est ici que se situe la mission sacrée d’éclaireurs… qui échoit aux intellectuels africains, mission sur laquelle on ne saurait jamais trop insister.
Mais si la démocratie constitue une condition nécessaire, un cadre indispensable, elle ne suffit pas à faire éclore le développement sur notre Continent. La raison ? Le seuil critique exigé par l’essor socio économique, en termes de superficie, de nombre de population, de sources de matières premières, de marché, de capacité de recherche scientifique et technologique, etc, n’existe pas dans l’énorme majorité de nos micro Etats postcoloniaux. Il importe dès lors de repenser et de réaménager notre espace géopolitique, géoéconomique et géoculturel. Et ce, d’autant plus que, sous nos yeux, le monde entier se remodèle en grands ensembles, que la « vieille » Europe elle même se restructure, « de l’Atlantique à l’Oural » (Charles de Gaulle), dans « sa maison commune » (Mikhaïl Gorbatchev). Il importe dès lors que l’idéal du panafricanisme se réalise enfin. Mais que veut dire au juste cette notion ?
3° Du panafricanisme, de l’unité africaine des peuples et du fédéralisme en Afrique. 11 va de soi, qu’il ne s’agira ici que d’un succinct rappel historique, et de la manière dont la question se pose de nos jours.
Au lendemain de l' »Emancipation » (1834) aux « Antilles britanniques »,(1848)aux « Antilles françaises », (1865) aux Etats Unis d’Amérique, au Brésil en 1888 (! ), les conditions économiques, politiques et sociales des ex esclaves s’aggravèrent. Au vrai, les ex maîtres n’entendaient point accepter leurs ex esclaves comme des êtres humains à part entière.
D’où le combat épique des Afro Américains pour arracher leur place sous le soleil, pour arracher leur dignité d’homme. Combat qui se poursuit encore sous nos yeux !… Combat qui, en cours de route, aura engendré le panafricanisme. Oui, la traite négrière et l’esclavage transatlantiques, l’atomisation territoriale impérialiste et l’occupation coloniale de l’Afrique, portaient en eux le mouvement panafricaniste « comme la nuée porte la pluie » (Jean Jaurès). Oui, le panafricanisme en Amérique plonge ses racines dans les toutes premières révoltes instinctives des esclaves noirs ; il commence à se rationaliser et à se structurer à l’aube du XVIIe siècle. Oui, le panafricanisme est le boomerang à retardement des temps de la traite négrière et de l’esclavage, de l’impérialo colonialisme, du néo colonialisme…
En vue de prévenir toute insurrection des esclaves noirs, les négriers européens séparaient systématiquement l’épouse de son mari, l’enfant de ses parents, le frère de ses frères et soeurs… Mais il se trouve que le Négro Africain, de par ses traits morphologiques, (pigmentation de la peau, texture des cheveux), se distingue nettement de toutes les autres races (13) humaines. Ainsi donc, mélangés ou pas, les esclaves nègres se reconnaissaient tous comme des Africains, sans distinction ethnique ni des coins d’origine. Le panafricanisme naquit alors le jour où, sur un voilier négrier ou dans un entrepôt, le premier Spartacus noir exhorta ses congénères de malheur à se révolter… Nous sommes ici au début de ce qu’on pourrait appeler le panafricanisme instinctif, originel, inarticulé, flou. Il ira du commencement de la traite du « bois d’ébène » jusqu’à 1787 environ.
Imanuel Geiss désigne par le vocable « proto panafricanisme », la période du mouvement situé entre 1787 (année de la Convention de Philadelphie fondatrice de la Fédération des Etats Unis d’Amérique) et 1900 (année de la Conférence Panafricaine réunie à Londres par Henry Silvester Williams) (14).
Le même auteur fait aller le panafricanisme à proprement parler, c’est à dire celui parvenu à maturité, de 1900 à 1945 (date du Cinquième Congrès Panafricain Manchester) : simple commodité conventionnelle d’historien. A vrai dire, le mouvement s’est poursuivi jusqu’aujourd’hui.
Mais arrêtons nous un instant pour tenter une présentation du panafricanisme. A la lumière de nos réalités géopolitiques et géostratégiques concrètes de l’heure et de demain car, comme tout concept des sciences humaines, celui de panafricanisme doit évoluer, s’adapter, épouser sa contemporanéité et la dynamique… qu’elle couve en elle.
Dans cet ordre d’idées, le Panafricanisme peut être vu comme le mouvement politico culturel, dans le sens le plus large du terme, qui s’efforce de traduire dans la réalité les aspirations communes et l’indispensable Unité des peuples africains et de leurs descendants à travers le monde. Le panafricanisme est la pensée (ou la doctrine) fédéraliste des peuples du Continent africain et d’ascendance africaine. Il tend vers le rassemblement et la solidarité politique, économique, culturelle, de ces peuples. Le Panafricanisme repose sur les trois notions fondamentales suivantes : (i) Fierté du passé historique de l’Afrique, (ii) Unité africaine des peuples, (iii) Rédemption de l’Afrique.
Le Panafricanisme est « la doctrine par excellence de la décolonisation » (I. Geiss) de notre Continent ; il est le patriotisme et la solidarité embrassant l’ensemble de l’Afrique et de ses descendants hors du Continent. A long terme, le Panafricanisme vise la fédération de l’Afrique, la constitution des ETATS UNIS D’AFRIQUE. Pour la création de notre propre et autoréférentielle modernité.
Mais dira t on, qui est africain ? A l’heure actuelle, l’épistémologie et les mathématiques nous invitent à renoncer à la définition hautement théorique d’une chose. Elles nous incitent plutôt à explorer concrètement toute chose. Car toute définition intellectualiste, de par la structure intime de l’esprit humain, s’avère nécessairement incapable d’épouser la totalité du contenu réel mouvant de cette chose… La définition intellectualiste appauvrit donc la réalité qu’elle prétend cerner de près. « Faut il s’en étonner, s’il est vrai que pour formuler le concept d’une réalité, il faut déjà la dépasser lucidement, en l’intégrant dans une totalité plus vaste ? car définir c’est limiter, établir des rapports, surmonter l’isolement de la chose étudiée et la situer dans l’universel (15). » Mais, cela, Sisyphe lui même parvient rarement à le réaliser d’exhaustive et tout à fait acceptable manière. A cet égard, un passionnant débat se déroule depuis début 1989 dans les cercles panafricanistes de Londres, de Paris, de Lagos (Nigéria), et de Harare (Zimbabwe), à notre connaissance. Débat visant une reformulation la plus satisfaisante possible qu’appelle notre brûlante problématique.
En attendant que se dégage un consensus suffisamment acceptable, nous suggérons donc de nous en tenir à une approche pragmatique, transcendant la couleur de la peau, au cas par cas, de la notion d’Africain. Nous basant sur des critères géographique, culturel et géostratégique… à très long terme.
Dans la vie courante, grosso modo, on considère les vocables « panafricanisme », « unité africaine des peuples » et « fédéralisme africain » (ou en Afrique) comme de facto synonymes. A la vérité, il existe des nuances notionnelles entre ces mots. C’est ainsi que le « panafricanisme » exprime un mouvement et sa doctrine, un idéal de rassemblement et de solidarité des peuples d’origine africaine de par le monde. L’ « unité africaine des peuples » (ou des masses), elle, montre du doigt le but poursuivi par le « panafricanisme » : le réaménagement géopolitique des peuples du Continent africain, articulé avec leur diaspora, par une solidarité institutionnalisée agissante, efficace… Cette unité des peuples se démarque radicalement de l’OUA qui n’est qu’un syndicat inter étatique impuissant à relever les défis réels qui nous interpellent depuis trente ans déjà. Quant au « fédéralisme africain » (ou en Afrique), nous l’appréhendons comme le moyen, ou l’instrument, ou encore le mécanisme politique, juridique et administratif, par le biais duquel nous devrions matérialiser le « Panafricanisme » et l’ « Unité africaine des Peuples ».
4° De la démocratie internationale: L’Afrique a entamé une révolution libératrice dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cette révolution avait pour but la rupture du cordon ombilical… qui enchaînait le continent à l’impérialo colonialisme.
Elle se situait dans le contexte de la lutte libératrice de tout le monde qu’on nomme aujourd’hui « tiers monde ». Mais, tandis que l’Inde, la Chine, le Viet Nâm, l’Algérie, etc., ont réussi à mener ce combat à son terme, l’Afrique noire, elle, surtout en ses régions dites francophones, n’a pas achevé sa révolution. Or, après trois à quatre siècles de « traite du bois d’ébène » et d’esclavage, après un siècle de colonisation’, il apparaît clairement maintenant que l’Afrique noire avait besoin d’un « choc salutaire »… qui l’eût lavée de toutes les souillures et humiliations, qui lui permît de recouvrer sa place de créatrice à part entière dans le concert des nations. Certes « cela » n’eût pas, à lui seul, suffi à tout régler. Mais « cela » était indispensable… Or, nous nous sommes laissés embarquer dans un système politique, économique, culturel et militaire d’asservissement beaucoup plus subtil et plus pernicieux que le colonialisme. Nous nous sommes laissés embobiner dans le néo colonialisme, renforçant le cordon ombilical de maître à esclave, assurant la domination de l’Autre… Ici gît la racine première, la cause fondamentale du mal qui ronge l’Afrique noire depuis les années 1960.
La néocolonisation de l’Afrique consiste à placer, à la tête des micro Etats post coloniaux, des dictateurs autocrates qui, pour la plupart, n’avaient même pas participé à la lutte émancipatrice de nos peuples ; qui étaient des « employés » dans des « corps expéditionnaires » au Viet Nâm et/ ou en Algérie (!) au moment de cette lutte. Des hommes qui, ayant assassiné pour accéder au pouvoir, n’ont aucune assise populaire, aucune légitimité. Des hommes qui, de ce fait, se trouvent aisément manipulables par leurs suppôts étrangers sans lesquels ils sauteraient rapidement en éclats. Comme des bulles de savon… Des « roitelets » adossés à des armadas prétoriennes et pléthoriques, à des oppositions ethniques sciemment suscitées, au régionalisme savamment entretenu.
Au nom de la « raison d’Etat » qui n’est autre chose que l’égoïsme d’Etat incompatible avec une civilisation et un humanisme véritables, certaines puissances européennes ont stationné des troupes sophistiquées chez nous, prêtes à accourir, le cas échéant, au profit des autocrates, contre nos peuples. Prêtes à sauvegarder des intérêts économiques, culturels et géostratégiques inavoués.
Au moindre frémissement des populations africaines, ces puissances apportent leur soutien financier, diplomatique et militaire aux tenants des monocraties sur le Continent, y compris aux plus bouffonnes d’entre elles. Nos peuples s’en trouvent terrorisés, bâillonnés.
Intrinsèquement, l’économie du néocolonialisme n’a aucune différence à revendiquer par rapport à celle du « pacte colonial » : elle est demeurée une économie de traite, régie par l’échange inégal. Intrinsèquement, il s’agit d’une économie extravertie, incontrôlable de l’intérieur, donc impuissante à garantir un bien être matériel et immatériel minimal des masses laborieuses. A une telle situation de base s’ajoutent la corruption institutionnalisée, la gabegie et l’incurie notoire des nouvelles classes militaro politico affairistes qui, systématiquement, pillent les ressources publiques de nos pays. Pour des comptes bancaires personnels en Suisse et ailleurs. L’inadéquation des espaces géopolitiques des micro Etats postcoloniaux d’Afrique est aveuglante. Il convient dès lors de repenser l’espace géopolitique global du Continent, de le transformer en un lieu géoéconomique et géoculturel idoine, transcendant les frontières héritées de la Conférence de Berlin (fin 1884 début 1885). Pour un développement auto référentiel harmonieux des peuples africains.
Du fait de leur formation néocoloniale, exogène et extravertie, nos intellectuels, dans leur majorité, ne constituent pas une entité intimement intégrée à leurs sociétés. Ils forment une excroissance flanquée sur le corps de ces sociétés. Ils sont socio psychologiquement coupés de leurs masses populaires, qu’ils s’avèrent ainsi incapables de drainer, comme un train, à l’instar d’une locomotive, vers le nécessaire renouveau.
Aussi nous autres Africains comprenons nous la « démocratie internationale » comme l’antidote de tout cet état de choses. Nous tenons la « démocratie internationale » pour l’extension de la démocratie telle que définie ci avant, à l’ensemble de notre planète. Dans ce système planétaire inédit, la praxis classique de la « politique étrangère » rompt avec la « raison d’Etat » et la « Realpolitik » : ces deux vieux démons machiavéliques qui ne veulent rien dire d’autre que l’égocentrisme et l’égoïsme de « grande puissance ». Charles de Gaulle ne déclarerait plus: « Un Etat n’a pas d’amis, il n’a que des intérêts ». Ladite praxis cède le pas à une vision de « la Terre comme le bien commun de l’Humanité »; elle cède la voie à l’accomplissement, enfin véritable, de la devise des révolutionnaires de 1789 « Liberté, Egalité, Fraternité » appliquée enfin au monde entier. La « démocratie internationale », c’est la démocratie pour toutes les nations et nationalités, pour tous les peuples, pour tous les hommes, pour chaque être humain.
Y a t il quelques relations dialectiques entre ces concepts ainsi définis ? Oui, comme nous allons le montrer tout de suite.
Il RELATIONS DIALECTIQUES ENTRE CES CONCEPTS
5° Entre la démocratie et le développement: Nul ne nie le soutien mutuel de la démocratie et du développement au sens plein du terme. Mais nul ne prône plus la thèse qui attribuait, il y a très peu de temps encore, l’absence de démocratie en Afrique au bas niveau du développement économique sur ce Continent. Car la preuve est aujourd’hui évidente que le non développement découle précisément, en droit fil, du manque de démocratie.
En effet, dans une dialectique considérée, à un lieu et à un moment donnés, l’un des deux pôles peut s’octroyer la prépondérance par rapport à l’autre. Et vice versa. Oui, une dialectique est un couple stable en perpétuelle instabilité. En l’occurrence, en Afrique à l’heure actuelle, dans le couple développement/démocratie, c’est bel et bien cette dernière qui occupe la position clé. C’est elle qui commande le décollage socio économique, culturel et politique (16).
Quoi qu’il en soit la démocratie s’avère une valeur universelle per se, que tout humaniste qui se respecte se doit de cultiver, pour elle même, indépendamment de toute considération d’ordre économique. Etant entendu que le reste… vient par surcroît.
6° Entre démocratisation et panafricanisme: La démocratisation (en Afrique) peut elle favoriser la réalisation concrète de l’idéal panafricaniste ou, en d’autres mots, de l’unité réelle des peuples panafricains de par le monde ? Et ce, dans les meilleurs délais possibles ?
Aux yeux de l’auteur de cet exposé ci qui milite pour cet idéal depuis sa tendre adolescence, la réponse positive à cette interrogation ne souffre pas l’ombre d’un doute. Mieux, cette affirmation lui est devenue, à l’heure actuelle, un quasi truisme.
Par exemple, la Sénégambie a fait long feu ; elle vient de mourir. Que dis je ? Elle était mort née. En effet, ce fut à la faveur d’une tentative de coup d’Etat en Gambie que des troupes sénégalaises furent larguées sur Banjul. Le peuple gambien n’était nullement préparé, convaincu. Pas plus d’ailleurs que son homologue sénégalais. Celui là se sentit agressé, tandis que celui ci ne se vit pas concerné outre mesure. Il eût fallu un long travail de conscientisation et de conviction à la base, dans les deux Etats à fédérer. Il eût fallu, avant la création de la Sénégambie par décret du sommet, amener, progressivement, les deux peuples en cause à recouvrer leurs fraternité et solidarité africaines altérées par trois siècles de colonisations différentes. Il eût fallu laisser au temps le temps imparti par le réel. La réunification des peuples africains ne devrait pas se faire par le bout du fusil et de la baïonnette ; elle devrait se faire par une laborieuse besogne de conviction. La réunification des peuples africains se devrait de passer par la démocratisation, par la démocratie tout court.
A la vérité, le panafricanisme apparaît infiniment plus aisé à réaliser par des humanistes démocrates que par des tenants du « despotisme obscur » néocolonial, agrippés à leur pouvoir autocratique jalousement entretenu. Aux dépens des masses populaires.
A son tour, le panafricanisme nous aiderait à asseoir la démocratie. Plus étendu serait leur espace géographique opérationnel…. plus grandes seraient les chances des panafricanistes de démocratiser le Continent. Car alors, ce ne serait plus le seul menu peuple de tel ou tel micro Etat postcolonial, mais bel et bien d’innombrables masses laborieuses qui s’imposeraient à tel ou tel tyranneau, qui lui diraient, le cas échéant, « ça suffit ! « .
A titre indicatif, disons que si l’expérience politico économique de Thomas Sankara … avait été menée simultanément et conjointement… par plus d’un Etat dans la région ouest africaine, elle n’eût peut être pas connu le sort qui fut le sien. Oui, peut être pas !…
Voilà pourquoi, entre nous Africains, ici en Europe, nous devons cultiver et la démocratie et le panafricanisme. Comme l’enseigne le proverbe chinois, nous nous devons de marcher sur nos deux jambes à la fois. Nous devons trouver un LIEN opératoire entre nos diverses organisations. Car, si leur multiplicité constitue, en elle même, une richesse, celle ci se transformerait en pauvreté si lesdites organisations continuaient à vivre dans des ghettos étanches. Comme nous n’avons de cesse de le répéter, tout en conservant leurs sensibilités respectives, nos structures associatives devraient se consulter, se concerter, travailler la main dans la main de façon systématique, depuis la conception jusqu’à la réalisation et l’évaluation de leurs activités. Conjuguant ainsi toujours nos maigres moyens. De la sorte, et de la sorte seulement, notre impact politique et notre crédibilité internationale se trouveraient accrus. Gagnant ainsi, d’abord par nos propres forces, en impact et en crédibilité, nous gagnerions ensuite en sympathie et en soutien… de l’extérieur.
Le 18 septembre de chaque année date anniversaire de la venue de Kwame Nkrumah au monde devrait servir d’occasion de nous rappeler notre voeu le plus cher : la traduction de l’idéal panafricaniste dans la vie.
7° Entre développement et panafricanisme : Comme déjà dit, l’inadéquation géopolitique, géoéconomique et géoculturelle des espaces physiques, démographiques et en termes de ressources naturelles de nos Etats post et néocoloniaux, crève les yeux. Il nous faut donc les réaménager, pour l’épanouissement de nos peuples.
A cet égard, citons le Manifeste de la Convention démocratique des peuples africains (CDPA Togo) datée du ler avril 1989 : « Les cadres de la vie politique africaine sont issus de la conquête coloniale. Plus d’un quart de siècle d’indépendance après, ils sont maintenus dans leur irrationalité. Les particularismes micro nationalistes y sont activement cultivés, et s’y renforcent sans cesse aux dépens des tendances unitaires des années soixante.
« Peu de temps après sa création, l’OUA est devenue un organisme de contrepoint, plus destiné à préserver la balkanisation du continent qu’à réaliser l’unité de l’Afrique. Les chefs d’Etat africains, dans leur grande majorité, s’y rendent comme pour y suivre un rituel, et tiennent des discours sur l’Unité africaine pour éviter de faire face aux véritables problèmes des Etats Unis d’Afrique.
« Il est devenu encore plus évident aujourd’hui que continuer de s’enfermer dans ces cadres géopolitiques hérités, et d’y développer ces micro nationalismes aussi anachroniques que concurrentiels, c’est continuer de tourner le dos au progrès, et condamner les peuples africains à la dépendance économique, politique et culturelle.
« Pas seulement parce que cette structure géopolitique est un produit de la colonisation, et donc inappropriée comme cadre de formation d’Etats Nations véritables. Mais surtout parce que, dans ce monde contemporain si caractéristique par ses enjeux et ses rapports de force, l’Afrique ne peut jamais progresser en restant une somme hétéroclite d’entités étatiques sans viabilité et facilement manipulables de l’extérieur.
« Une des implications de cette balkanisation est tragiquement évidente. Toutes les fois qu’un Etat africain tente isolément d’échapper à cette logique des rapports de dépendance en s’efforçant d’opérer des choix différents, il est impitoyablement étouffé. Directement ou par l’entremise des Etats voisins.
« Il faut tirer de cette situation géopolitique un triple enseignement:
1) Il est illusoire d’envisager une politique d’indépendance nationale et de dignité dans le cadre des limites étroites de ces entités étatiques nées de la balkanisation.
2) En conséquence, la question nationale n’est encore nullement résolue sur le continent.
3) En conséquence également, l’approche politique des problèmes actuels des Etats respectifs et les formes de lutte visant à redresser la situation de l’Afrique nécessitent un dépassement des cloisonnements hérités du passé colonial.
« Construire une Afrique qui soit d’abord elle même, qui se définisse comme une entité géopolitique et culturelle spécifique, qui se dégage de la dépendance externe et se construise une place respectable dans le concert des nations, qui parvienne à édifier une économie prospère à partir de ses immenses ressources naturelles et humaines, voilà l’ambition qu’impose le XXIème siècle aux peuples africains. Elle n’est pas utopique. Mais elle est en contradiction formelle avec le maintien du cadre géopolitique colonial. Elle passe absolument par la réhabilitation de la tradition panafricaine. Hors de cette voie, l’Afrique est condamnée à être le continent des autocraties rétrogrades » (17).
Ainsi donc, la démocratie, le panafricanisme et le développement se doivent de se donner les mains si nous voulons sauver notre continent.
8° Entre la démocratie, le panafricanisme et le développement d’une part, et la démocratie internationale de l’autre. La démocratie et le développement entretiennent des rapports complices. Lequel développement ne saurait voir le jour en Afrique sans l’unité des peuples de ce continent. Or, la démocratisation aujourd’hui chez nous apparaît, dans une certaine mesure, sûrement tributaire de la démocratie internationale. En contrepartie, le trio : démocratie, unité africaine des peuples, et développement de l’Afrique, contribuera sans doute au but premier qu’Emmanuel Kant assignait au fédéralisme mondial: la Paix mondiale durable.
Dès lors, il devient bien clair que tous ces concepts ci dessus s’impliquent, se sous tendent, s’épousent réciproquement dans une intime complicité dialectique. Autrement dit, le développement des peuples africains serait grandement favorisé s’il rencontrait une solidarité réelle des peuples des puissances occidentales. Cette solidarité populaire obligerait, en effet, les dirigeants de ces puissances à faire pression sur les responsables actuels des Etats post coloniaux d’Afrique. Et seule cette solidarité réelle qui, tournant le dos à la « raison d’Etat » et à la « Realpolitik », conjuguée avec le combat propre des peuples africains sur le terrain, fera un jour de l’Europe et de l’Afrique des partenaires égaux en droit, se respectant mutuellement. Des partenaires qui pourront de la sorte et enfin valablement, sans anicroches…, contribuer ensemble à l’avènement de la Fédération Mondiale à laquelle ont toujours aspiré tous les vrais humanistes.
CONCLUSION
Les évènements qui se déroulent ces jours ci en Afrique, sous nos yeux, suggèrent que les peuples de ce Continent ont repris, de nouveau, leur lutte libératrice multiséculaire pour leur désaliénation politique, économique et culturelle. Nous autres, leurs filles et fils intellectuels, nous osons espérer qu’ils iront, cette fois ci, jusqu’au terme de cette lutte. Nous osons aussi compter sur l’appui sincère, agissant et surtout efficace des fédéralistes européens et autres. Car si, comme le disait Pierre Teilhard de Chardin, l’Humanité est en train de se totaliser, il nous incombe défaire en sorte qu’elle se totalise pour la totalité des êtres humains et non pour une poignée de trafiquants sans scrupules.
Pavie, le 19 mai 1990
(*) Le Colloque, organisé par le Movimento Federalista Europeo et la World Association for World Fédération, en collaboration avec la Faculté de Sciences Politiques de l’Université de Milan, la Région Lombardie et la Commission de la CEE, a eu lieu le 18 Mai 1990.
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par Tel: 00(33)0663131601
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